lundi 19 janvier 2015

Blessé comme un oiseau en plein ciel

Mon frère l’aviateur

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Quelqu’un a dit un jour que les aviateurs et les pilotes n’étaient pas le même genre d’individus. Les pilotes sont des techniciens. Ils conduisent des avions, petits ou gros, simples ou complexes. Les aviateurs eux, aiment passionnément l’art de voler. Peu leur importe sur quoi ils volent, ils ne sont bien qu’en plein ciel. Du tableau de bord à l’écran cathodique plein d’instruments complexes au tableau archaïque où trop souvent le coup de pied est nécessaire pour qu’une aiguille tremblotante donne une valeur juste, ils sont les rois du ciel. Mon frère était de ceux-là.

Le 14 juillet 2008, trahi par un moteur à l’esprit explosif, il fut blessé au point de ne plus jamais pouvoir voler. Le 14 janvier 2015, épuisé de se battre contre un cancer, il ferma l’oeil unique qui lui restait pour s’envoler à nouveau vers un monde qu’on dit meilleur. Les aviateurs à qui l’on coupe les ailes ne peuvent plus vivre heureux par la suite. Le regard tourné vers les nuages, ils n’ont de cesse que de regarder vers la brume de leurs souvenirs et prier qu’un ange quelconque vienne les prendre à bord de son aéroplane de lumière.

Aujourd’hui, le 19 janvier 2015, j’ai porté en terre mon frère, l’aviateur.

Cher Donald, mon frère.

Quand tu m’as laissé le privilège de fermer pour toujours le seul œil qui te restait, j’ai imaginé que tu voyais enfin la lumière, la vraie lumière. Elle te permettra certainement de veiller sur tes deux enfants, Jean-François et Sébastien, puis sur tes petits enfants, Noa et Mila. Je crois du fond du cœur que quand une personne prétend en toutes occasions que Jésus est son « grand chum », cette personne ne peut se tromper. J’imagine papa et maman t’attendant à l’aéroport du paradis et puis quant à Jésus, disons qu’il vient d’acquérir dans son escadrille des anges, un sacré bon pilote.

Adieu mon frère.

Je t’aime.

lundi 12 janvier 2015

Si Dieu existe, il ne tue pas pour un dessin

…dixit: Andreu 0301

georgesgaudet49@hotmail.com

 

Le jour où les mitraillettes sont devenues des gommes à effacer…des vies

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Ti-Pit Labarbotte est le personnage d’une de mes premières bandes dessinées publiées au tout début de l’existence du journal LE RADAR. Monsieur Hubert, alors propriétaire du journal, ne comprenait pas toujours la nécessité de s’exprimer par la caricature et il a fini par en refuser la publication, n’y voyant aucun intérêt particulier. Pourtant, jeune collaborateur bénévole au cœur de ce beau journal naissant, j’y voyais là un moyen d’expression qui passait au-delà de l’écriture et qui était capable d’aller chercher par le rire et la dérision, l’attention particulière de lecteurs potentiels. Aujourd’hui, le graphiste et caricaturiste Hugo Miousse joue admirablement bien de cet art de l’exagération et il serait dommage que cela s’arrête un jour à cause d’une censure atteignant directement la liberté d’expression, le pilier majeur de toute notre démocratie et la valeur fondamentale de notre État de droit. Peut-être faudrait-il rappeler avec ardeur et diplomatie la véritable définition de la caricature telle que le dictionnaire la définit : « Un dessin satirique qui procède notamment par la déformation et l’exagération de certains aspects significatifs. C’est une description satirique qui accentue certains traits comiques ou déplaisants, parfois une représentation grossière et infidèle d’une réalité. » En somme, il s’agit d’un art qui prend toute sa valeur dans l’intelligence cachée du message qu’il porte. En ce sens, il devient un message non écrit plus puissant que la plume, invulnérable de par son ridicule apparent et terriblement dangereux pour celui ou celle qui l’ont imaginé.

 

Je précise d’abord que je n’ai jamais été un grand admirateur de « Charlie Hebdo » bien qu’occasionnellement, il m’est arrivé de rire intérieurement de leur effronterie, dois-je le préciser, intelligente. Mal à l’aise quand ils critiquaient « ma religion », je regardais ailleurs ce qu’ils faisaient de celles des autres et de la politique pour finalement accepter leur satire souvent grossière et irrévérencieuse. En analysant certaines de leurs créations, je voyais cette équipe comme des gamins s’amusant de la réaction des grands menteurs de ce monde et au final, criant leur indignation devant la bêtise humaine, jamais moins bête que leurs traits de crayons. Ces créateurs croyaient en leur cause, ce qui n’est malheureusement pas le cas de la plupart de nos hommes politiques et nos hommes d’Église aujourd’hui. Ils faisaient flèche de tout bois, autant des catholiques que de la curie romaine, de la judaïcité, de la politique, que du monde musulman. Pour ces caricaturistes, autant chroniqueurs au trait de crayon plus parlant que des pages de textes, toute la misère humaine émanait du pouvoir politique corrompu, de l’injustice sociale et du pouvoir religieux qui a engendré tant de guerres et de massacres. Pour ces caricaturistes, la solution à l’injustice passait par l’athéisme et un pouvoir étatique complètement détaché de toutes croyances religieuses. Bien sûr, jouer dans cette arène, c’est affronter le lion avec un crayon et du papier. Il était à prévoir que le sang allait couler, mais ce serait à mon avis injuste de se dire qu’ils devaient se taire et qu’ils n’ont eu que ce qu’ils méritaient. À cette conclusion, je préfère rendre hommage à leur courage extraordinaire, à cette bravoure sans nom, si rare aujourd’hui. Qui d’entre-nous, y compris moi-même, avons aujourd’hui ce courage de risquer notre vie pour nos convictions? Notre confort, nos petites fêtes, notre société d’abondance nous tiennent bien au chaud dans notre silence devant tous les malheurs de plus des deux tiers de l’humanité.

Le diable est à nos portes

J’ai, moi aussi grandi dans un milieu où la religion était ce qu’il y avait de plus sacré et le sacré, on ne touche pas. Heureusement,  j’ai eu par la suite la chance de vivre dans la grande période charnière où tout remettre en question était devenu possible. Pour moi et bien d’autres de ma génération, j’ai gardé les belles valeurs morales de la chrétienté, mais j’ai aussi découvert les tares, les mensonges et les tromperies, masquées par des chefs religieux jaloux de leur pouvoir exercé sur ceux qui n’osaient pas questionner leur autorité. C’est ce qui arrive au monde musulman d’aujourd’hui. Ils sont des millions, prisonniers d’une idéologie proclamée par certains de leurs guides dont le seul but est de se servir d’une interprétation tordue de leur prophète afin de mieux assouvir leurs sujets. La politique étant par endroits impuissante, quoi de mieux que la religion et l’autoproclamation d’être un messager divin pour conquérir le monde. Hitler a commencé ainsi. Il était le sauveur du peuple allemand.

Notre monde, libre de penser, de voter, de contester et de changer de chefs, est en train de se taire et de s’autocensurer devant la menace terroriste qui gravite dans les rangs d’une religion dont certains ont probablement déshonoré l’âme. Le mot « terroriste » n’est-il pas de la même famille que le mot terreur? Il ne faudrait pas oublier qu’au-delà des quelques centaines de victimes qu’ils ont faites dans le monde dit « libre », ils ont massacré plusieurs millions des leurs dans les pays d’où ils proviennent. Leurs victimes fuient l’horreur et malheureusement, quelques pommes pourries se cachent dans cet exode. Ajoutons à cela nos nombreux paumés ou malheureux frustrés en mal de reconnaissance qui joignent les rangs de ces tueurs de libertés et nous avons le parfait cocktail qui risque de tuer ce que nous avons de plus précieux en occident, le pilier de notre état de droit, notre liberté de parole, notre liberté d’expression, notre liberté de choix, notre démocratie, notre liberté tout court.

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En conclusion, je me permets de citer un texte de Marielle Anne Martinet tiré d’un réseau internet et qui résume essentiellement ma pensée.

Depuis quand se taire, se mettre à genoux fait partie de nos valeurs? Aujourd'hui, c'est pour une caricature qui ne fait pas notre affaire qu'il faudrait se taire. Et demain, ce sera pourquoi? Pour un vêtement qui ne convient pas? Pour une fille qui veut aller à l'Université?

Georges Gaudet