mercredi 9 mars 2016

Je t'écris de la Terre

Aujourd’hui, j’ai envie d’écrire et je ne le fais pas expressément pour être lu. De toute façon, j’écris depuis toujours et je le ferais quand même. J’imagine que cela me sert de thérapie et puisque mon blogue et FB sont là, pourquoi pas jeter le tout sur ces mers de maux, pardon, de mots.

Mon frère aurait eu 65 ans aujourd’hui, le 9 mars 2016. Dix-neuf mois nous séparaient en âge et tout au long de notre vie, ce fut comme si nous avions été jumeaux. Les premiers souvenirs qui me viennent de lui ne sont pas nécessairement heureux. Nous sommes en 1953, un soir de fin septembre je crois puisque la nuit est tombée et que mes parents nous préparent à aller au lit. Le temps est doux car la porte d’entrée donnant sur la rue Saint-André à Pictou en Nouvelle-Écosse, demeure ouverte alors que le moustiquaire monté sur cadre et ressorts est fermé. Je vois mon frère de dos, en couche, debout sur ses petites jambes, le visage collé au moustiquaire. Soudain, mon père bondit devant la porte et accroche mon frère par la taille et se projette hors du cadre en tenant son enfant dans ses bras. Alors, une grosse pierre perfore le grillage et roule sur le plancher. Ma mère terrorisée est dans la cuisine et moi je fige sur place non loin de la scène. Dehors, des voix et des rires se font entendre. Je me souviens très bien de ce qu’on criait «Go home you Fk…….n» frenchies, F frog, french pea soup»»»

Notre contact avec l’adversité a commencé alors que nous étions très jeunes. Plus tard, ce fut l’école aux Îles de la Madeleine. Avec un père pêcheur puis garde-pêche, rien ne fut facile même si de très bonnes amitiés et souvenirs dépassent en nombre les moins bons. Un jour, vers l’âge de 11 ans, suite à une bagarre où nous nous étions défendus dos à dos afin de protéger nos arrières, nous nous sommes mutuellement prêté un serment d’honneur. Peut-être ne devrais-je pas écrire ceci, mais à quoi bon cacher ce fait. Les mécontents n’auront qu’à cesser de lire. Donc, avec un couteau de poche, nous nous sommes mutuellement fait une légère entaille jusqu’au sang sur le bras et avons collé nos bras l’un sur l’autre afin d’y sceller notre promesse. Une promesse qui disait à peu près ceci : « Si un jour, tout au long de notre vie, quelqu’un tue volontairement l’un de nous, le survivant tuera le tueur. » Dans les valeurs d’aujourd’hui, cela peut paraître assez « hot », mais il faut se rappeler que nous étions dans les années cinquante et en cette époque, souvent les harceleurs étaient mieux vus que les harcelés. Alors, la question se pose. Si un évènement du genre était arrivé, aurais-je tenu promesse ? – Franchement, je n’en sais rien. Mes valeurs catholiques et de pardon auraient peut-être suffi à tolérer la douleur, mais en toute franchise, je n’en sais rien et c’est bien ainsi.


Mon frère partageait la même passion que moi. L’aviation fut pour nous deux non seulement un rêve, mais une obsession et dans la mi vingtaine, il est devenu pilote d’avion et en a fait une carrière. L’aviation était sa passion, sa maîtresse, son amour. La mer et les bateaux, sa consolation, car un jour, l’aviation l’a trahi. L’explosion d’un moteur avec des épinettes à 300 pieds sous les fesses et une montagne de pierre devant lui auront fait perdre l’usage d’un œil, 70% de l’ossature faciale, un dos amoché et un violent choc post traumatique, même si sa maîtrise de l’appareil en de pareilles circonstances lui aura permis de sauver les 6 passagers qu’il transportait vers un lac de pêche. C’était le 14 juillet 2008. On n’oublie jamais une pareille date. Six années et demie plus tard, le 14 janvier 2015, je fermais ses yeux pour une dernière fois et posais un drap blanc par dessus son visage. Un foutu cancer venait de m’arracher mon frère unique. Nous n’étions qu’une famille de quatre et je suis le seul qui demeure.

Je ne sais si autre chose existe de l’autre côté de la mort ou si Dieu existe vraiment. J’ai toujours questionné ce Dieu et du dehors et du dedans, mais je n’ai jamais eu de vraies réponses. S’il est une invention de l’homme devant l’absurdité de la vie, nous sommes bien fichus. S’il existe vraiment, j’avoue le trouver bien cruel parfois et pour toutes sortes de raisons. On a qu’à constater ce qui se passe dans le monde présentement. Même la nature dans sa toute beauté est d’une cruauté sans merci. À partir du chat qui écrase de ses dents le cerveau de la souris après s’en être amusé jusqu’à épuisement et jusqu’aux hommes qui se décapitent mutuellement au nom d’un Dieu qu’ils n’ont jamais ni vu ni entendu, il y a de quoi se poser de sérieuses questions sur notre existence dans cet univers.

Nous étions deux frères bien différents malgré nos grandes ressemblances. Lui, solitaire et joueur dans les bois alors que moi, je cherchais l’amitié des autres et les aventures enfantines en chaloupe à l’intérieur du havre de Havre-Aubert. Combien de fois j’ai senti son besoin de mon approbation devant ses choix et combien de fois je lui ai dit mon admiration devant le métier qu’il pratiquait. Combien de fois je fus en désaccord avec ses choix de vie et combien de fois je fus rabroué avec raison. Il avait sa vie, j’avais la mienne, mais une chose était limpide entre nous deux. Nous nous aimions d’un amour fraternel d’une solidité à toute épreuve et cela était un mur de forteresse qui dominait tout le reste.


Ce matin j’étais dans ma bulle et c’est Facebook qui m’a sorti de ma torpeur. Ma compagne s’en est aperçue et j’ai pleuré sur son épaule. Cela m’a fait du bien, tout comme ce que je viens d’écrire. Ce matin, je l’aurais appelé et lui aurait souhaité BONNE FÊTE mon frère et bienvenue dans le monde….des retraités, si cela existe vraiment. Alors, j’aime à croire qu’il est juste derrière mon épaule en ce moment, même si je ne le vois pas, et qu’il sourit en lisant ce que je viens d’écrire.  

lundi 7 mars 2016

Nouveau défi

Un défi parmi tant d'autres. 
C'est une invitation à toutes et à tous dans le cas ou vous seriez dans les parages des locaux du Mouvement Social Madelinot le 20 mars prochain à 14h. ...et c'est gratuit...sauf pour ce que vous voudrez boire au bar. Je vous invite à 44 minutes de documentaire et un temps indéterminé de jasette selon le bon vouloir des personnes présentes. J'aurai aussi des DVD sur place au cas où certains en voudraient. (Pas cher: 20$/ch et ce n'est pas obligatoire pour personne.) Venez voir comment un tas de circonstances et de hasards (on dit que le hasard n'existe pas dans certains milieux et c'est peut-être vrai) ont fait que des Madelinots ont sauvé 27 marins de ce qui semblait au départ une tragédie certaine. 

Merci de partager.