lundi 27 juillet 2015

Qui es-tu, toi ce voyageur du fleuve?

Réflexions sur les houles d’un fleuve

Par Georges Gaudet

DSCN0594Naviguer sur le fleuve Saint-Laurent demeurera toujours un geste qui laisse des traces. Chaque voyage est unique, accoutré de couleurs différentes, peuplé de rencontres aux mille visages, aux mille sentiments, aux chansons joyeuses ou tristes, aux histoires racontées comme aux récits incérés dans le souvenir de centaines de vies.

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Qui es-tu, toi ce voyageur du fleuve? — un illustre inconnu? — où peut-être quelqu’un connu de tous qui se cache derrière ces lunettes de soleil, derrière cet accoutrement bizarre ou cette apparente solitude sur le pont arrière du navire?

Que te dit le fleuve? – quel est son langage? – te console-t-il d’une peine d’amour? – t’amène-t-il une paix intérieure? – te bouleverse-t-il par son impétuosité, son caractère imprévisible, sa beauté surprenante ou peut-être… sa fragilité?

À bord de cette grande calèche flottante filant sur ses eaux, es-tu comme ce touriste qui contemple les tours des châteaux? – où comme celui qui veut apprendre, celui qui veut côtoyer les riverains, les découvrir, partager avec eux l’amour de leur grande rivière, connaître leurs amours, leurs secrets, leurs petits et grands bonheurs tout comme leurs petites ou grandes misères?

Ce fleuve que tu prétends aimer; serais-tu prêt à le défendre? – à l’envelopper plutôt qu’à le développer? – à l’envelopper de respect tout en le laissant libre de ses dérives, de ses sauts de marées, de ses humeurs parfois tumultueuses, de ses grands calmes sous la pluie, de ses souvenirs de naufrages malheureux comme de ses belles histoires écrites au fil de ses eaux?

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Es-tu prêt à partager cet amour fragile entre ses vagues et les hommes, un peu comme un vieux couple? – un couple qui se chicane, se tourne le dos et qui parfois se séparent? – et que quoi qu’il arrive, finissent toujours par comprendre, enfin, que l’un ne peut pas vivre sans l’autre?

Les bélugas, les baleines, le capelan qui roule, ne sont que les témoins de millions de vies qui méritent considération autant que les centaines de ces voyageurs du temps, qui à chaque coup de pales d’hélices dans l’eau, se découvrent apparenté à des marins, des enfants de nulle part, des héritiers de courageux navigateurs ou d’immigrants en quête d’espoir. Leurs histoires sont inscrites à jamais dans le sillage de cette étrave qui fend le Saint-Laurent, à bord de ce navire de croisière, à bord de cette grande chaloupe qui transporte au pays de la découverte et du rêve, tous ceux et celles qui veulent bien rêver.

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Un passager me l’a dit un jour : « Merci de nous faire rêver » et moi je te dis en retour : « Merci Alain. Ce fut le plus beau compliment jamais reçu. »

lundi 20 juillet 2015

Afin de réhabiliter son nom et son honneur

Elle s’appelait AZÉLIE, quel joli nom.

Croquis Azélie

Si par malheur, le mot « Américain » était prononcé dans la maison, sa grand-mère se mettait à fermer les fenêtres et les portes tout en marmonnant une litanie de mots qui semblaient dire à peu près ceci :«mon d’jieu, mon d’jieu, les Amaritchains. » Intrigué, son petit-fils lui demanda un jour pourquoi elle agissait ainsi chaque fois que ce mot était mentionné dans sa demeure et il eût pour toute réponse : « toi, mêle-toi pas de ça. » Évidemment, ce genre de réponse ne fut jamais satisfaisant et le jour arriva où le hasard mit son petit fils devant des documents qu’il croyait ne jamais avoir le privilège de lire.

C’était par une nuit d’automne et l’historien du village avait décidé de lui accorder une rencontre afin d’élucider le mystère du comportement de sa grand-mère, une femme pourtant saine d’esprit et bien en santé. Entré chez cet homme vers les 20 heures, il en sortit tout chamboulé vers les 4 heures du matin. C’est que cet historien du village avait en sa possession certains registres d’église qui tout en moisissant dans son sous-sol, comportaient un lot historique paroissial qui valait son pesant d’or. Noms de baptême, baptistaires, actes de mariage et décès de presque un siècle et demi figuraient sous la plume de quelques curés d’une époque révolue et qui révélaient la triste histoire de quelques femmes et enfants dont on avait tenté d’oublier l’histoire.

Le côté obscur d’une certaine époque.

OLYMPUS DIGITAL CAMERA  Il s’agit d’une époque d’environ un siècle, du temps des goélettes américaines qui, arrivant majoritairement de Gloucester au Massachusetts, envahissaient les baies des Îles de la Madeleine chaque année entre avril et la fin juillet afin d’y pêcher hareng, morue, maquereau et flétan. Par un vieux traité de Versailles, les Américains avaient eu le privilège de pêcher impunément dans les eaux du golfe Saint-Laurent, ce qui faisait bien l’affaire des pêcheurs côtiers et marchands. En effet, plus de 2000 hommes, chaque année débarquaient sur les côtes des îles pour y marchander poisson, victuailles, équipement maritime et… boisson alcoolisée. Qui dit boisson, contrebande et bagarres en résultant, finissaient souvent par des actes de vandalisme et des raids dans les maisons des villages au grand détriment des femmes et jeunes filles qui habitaient ces demeures. Cette époque, en quelque sorte lucrative, fit cependant de nombreuses victimes féminines alors que le mot viol n’existait pas. En effet, il était de nature connue qu’une femme ayant subi un viol devait « forcément » être responsable de son état. Elle était alors à la fois victime et accusée en même temps. Les traces de cette triste réalité se trouvaient donc dans certains registres paroissiaux où les mots : « s’est fait prendre » étaient accolés à une suite de noms d’enfants baptisés et suivis du mot « bâtard » entre parenthèses. Plus surprenant était le nombre de ces enfants et parmi eux, l’historien du village pointa dans une liste passablement longue, le nom de JEAN suivi de ladite annotation « bâtard », né de dame AZÉLIE (Zélia) et de père inconnu. C’est là que le jeune homme comprit le malaise de sa grand-mère, puisque cette dernière était la fille de Jean et la petite fille d’Azélie. Il s’agissait donc de son arrière arrière-grand-mère et c’est avec une grande tristesse qu’il découvrit peut-être le pourquoi des origines de ses nombreuses taches de rousseurs sur sa peau, particulièrement lorsqu’il était enfant.

Azélie, ce nom commençant par la première lettre de l’alphabet avait été transformé en Zélia, ce nom commençant par la dernière lettre de l’alphabet. Peut-être n’y avait-il aucune raison à cette transformation sinon que l’habitude de modifier les noms des personnes par facilité de langage, mais il faut reconnaitre ce curieux hasard. Ajoutant le poids de l’accusation sur la pauvre Azélie, le curé de l’époque avait annoté l’acte de décès de cette brave femme du commentaire suivant : « … et pour expier son péché, elle ne se maria point et porta le noir toute sa vie. »

Bouleversé et choqué d’une telle découverte, le jeune homme rentra chez lui avec une seule idée en tête. Un jour, il allait trouver l’occasion de réhabiliter le nom et l’honneur de son arrière arrière-grand-mère. C’est ainsi que plus de 30 années plus tard, lui et sa compagne, eurent l’idée de fonder une humble maison d’édition qu’ils baptisèrent du joli nom de « Les éditions Azélie ».

Logo des Éditions Azélie

Capitaine 1  À la semaine prochaine.

lundi 13 juillet 2015

Un avenir qui se dessine peu à peu.

 

Notre maison d’édition s’enrichit d’une nouvelle réalisation.

Page couverture

Cette semaine, nous avons remis avec plaisir 100 exemplaires d’une recherche généalogique familiale de 110 pages à monsieur Jean-Louis Verdier. Depuis le printemps, nous avons collaboré avec cet enseignant à la retraite afin qu’il finalise un vieux rêve, soit celui de mettre en bouquin l’histoire de ses ancêtres et leur descendance jusqu’à aujourd’hui. Fruit d’une recherche sérieuse initiée par l’auteur depuis nombre d’années, monsieur Verdier a maintenant le bonheur de partager avec les nombreux membres de sa famille, le laborieux parcours de ses ancêtres « Verdier » depuis la France jusqu’aux Îles de la Madeleine.

La collection privée comme celle de monsieur Verdier fait aussi partie de notre travail et c’est avec une approche respectueuse des besoins de chaque auteur, que nous entendons aider selon notre disponibilité, qui que ce soit qui souhaite publier soit un roman, une histoire véridique ou tout autre genre littéraire. Bien sûr, avant de nous engager dans une collaboration visant tous les travaux d’édition, et ce, jusqu’à l’impression d’une œuvre littéraire, il est préférable pour les auteurs de nous consulter « gratuitement » au préalable afin de respecter certains standards d’écriture, ce qui facilitera le travail de tout et chacun.

Les bouquins de notre maison d’édition

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Un cadavre dans le chalut – Finissants 92; rencontre ultime – Un cri dans la dune — Grand-maman est malade, elle a le cancer sont présentement en vente à la pharmacie JEAN COUTU de Cap-aux-Meules et aussi en vente directe sur le CTMA VACANCIER tout au long de l’été.

Une invitation à toutes et à tous.

En plus de la possibilité de vous procurer un ou plusieurs de ces écrits aux deux endroits indiqués, vous pouvez communiquer directement avec nous via une des trois adresses courriels suivantes : leseditionsazelie@gmail.com georgesgaudet49@hotmail.com et/ou dominique.damien58@gmail.com  Il nous fera plaisir de vous expédier par la poste l’exemplaire souhaité et dûment dédicacé selon vos spécifications, (frais postaux ajoutés.)

Le 8 juillet 2013, ma compagne (Dominique Damien) et moi lancions sur le marché notre premier livre écrit en commun « Un cadavre dans le chalut – presque 700 exemplaires vendus à ce jour. » Du même coup, nous mettions aussi sur pied notre maison d’édition enregistrée sous le nom de

« Les Éditions Azélie ».

Pas question de nous arrêter là

Le livre numérique devenant de plus en plus d’actualité, il est de notre intention au cours de la prochaine année, de rééditer certains bouquins oubliés et d’en publier au moins un nouveau sous nos plumes respectives, soit en version papier ou en version numérique, le tout directement sur internet.

Ce blogue, de même que celui de Dominique www.sousuneloupe.blogspot.ca demeurent pour nous nos principaux outils de communications pour l’instant, mais nous souhaitons ardemment améliorer notre réseau internet d’ici les 12 prochains mois, particulièrement à compter d’octobre ou novembre prochain. D’ici là, il nous reste à remercier chaleureusement toutes les lectrices et lecteurs, toutes les écrivaines et écrivains qui ont fait appel à nous pour les aider à cheminer dans la réalisation de leur projet personnel.

Encore une fois et toujours : « Merci de nous lire. »

* Le choix du nom « AZÉLIE » pour désigner notre maison d’édition ne fut pas le fruit du hasard. Il relève d’une histoire bien particulière que je tenterai de vous résumer la semaine prochaine.

Capitaine 1 GG

lundi 6 juillet 2015

Des larmes dans le sillage d’une croisière

CPT
* Une des choses fascinantes qu’apporte un séjour en croisière sur un navire demeure la rencontre des gens. Les paysages, la mer, les couleurs, les nouvelles perspectives et points de vues demeurent l’attraction principale sur les feuillets publicitaires, mais la chose la plus inattendue demeure encore la rencontre avec des gens. Certains peuvent être carrément désagréables, mais la plupart sont d’un intérêt surprenant. La promiscuité obligée à bord d’un navire, la mer et les paysages marins font souvent tomber les barrières entre les humains. Alors, se révèle l’âme véritable de certaines personnes et souvent de la manière la plus inattendue.

Pas vrai que les hommes ne pleurent pas
Nous sommes assis, ma compagne et moi, en face de lui. Les divans le long du couloir non loin de la cafétéria prêtent à la lecture, à l’admiration du paysage marin à travers les longues fenêtres ou tout simplement, au sommeil pour ceux qui ont passé une nuit un peu mouvementée.
Il lève les yeux de sa page de mots mystère et porte le regard sur nous. Un dialogue s’amorce alors qu’il est le premier à parler.
Je pesais 148 livres et depuis la mort de ma femme, il y a six mois de cela, j’ai descendu à 108 livres.
Il est vrai qu’il est plus que maigre. Dans les faits, il flotte dans un costume trop grand pour lui, une chemise bien propre mais flottant autour de ses bras et un collet et cravate qui semblent flotter autour de son cou. Il tremble un peu et l’on sent qu’il vit une grande solitude. Il commence par nous parler de son voyage aux Îles et surtout de l’ami formidable qui l’a accueilli. C’est un Madelinot qu’il a rencontré sur la grande terre et ils se sont liés d’amitié à travers un mouvement social que je devine et qu’il refuse de nommer. Sans le vouloir, nous apprenons vite qu’il est veuf depuis six mois, qu’il a d’abord été enseignant puis travailleur dans un chantier maritime et ensuite, travailleur dans la construction commerciale. Il a une maison avec 4 chambres en haut et une en bas, mais il ne veut pas louer, même s’il est totalement seul dans la vie. Son épouse a toujours travaillé comme préposée dans le domaine hospitalier. En juin, ils auraient fêté leur 40e anniversaire de mariage et puis là s’arrête le flot de paroles. Une gêne s’installe, il sort un mouchoir et sous ses lunettes, les larmes coulent abondamment. Il s’excuse alors que nous voudrions tellement le consoler. Je me lève et lui pose la main sur l’épaule. Je ne peux que lui exprimer toute notre sympathie et les larmes continuent de couler sur ses maigres joues. À travers les larmes quelques paroles flottent comme des indices douloureux.
- Ma femme venait à peine de prendre sa retraite. On se disait que c’était le temps de nous amuser un peu, mais cette maudite leucémie est venue la chercher comme ça, elle qui n’était jamais allée à l’hôpital. Je la posais ici, sur mon épaule et elle souffrait beaucoup. Elle ne méritait pas ça…et c’était tout ce que je pouvais faire.
Les larmes finirent par sécher et je me suis assis près de lui. Rien à dire, rien à faire en de pareilles rencontres. J’avais envie de pleurer avec lui, mais les sanglots se bloquaient dans ma gorge. Je serrai ses frêles épaules et lui tendit la main. C’est ainsi que nous nous sommes quittés alors qu’il nous dit tout spontanément :
- Merci, cela m’a fait du bien.
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Et qui a dit que les hommes ne pleuraient pas?


 
Petit à côté :
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* Cette semaine eût lieu la passation de la propriété du journal local LE RADAR, l’hebdomadaire pour lequel j’ai travaillé et/ou collaboré en tant que journaliste, rédacteur en chef et chroniqueur pendant plus de 16 années. Ainsi, lors d’une rencontre entre les employés, l’ancien propriétaire fondateur, monsieur Achille Hubert et le nouveau patron du journal, monsieur Hugo Miousse, (graphiste depuis plus de 18 années à ce même journal), l’ensemble des gens présents à cette rencontre d’adieux eut droit à une description animalesque plutôt amusante. J’avoue que la description qu’on a faite de ma personne m’a plutôt plu. GEORGES (Pigeon voyageur). Il est curieux, chercheur et de nature très agréable. Il manie la plume comme celle de ses ailes afin de parcourir le monde et le faire découvrir aux autres… Merci Lucille (directrice des ressources humaines) pour ces gentilles paroles. Maintenant à la retraite, j’emporte avec moi ces belles paroles comme autant de souvenirs agréables.
 
Bonne semaine à toutes et à tous.
GG