dimanche 28 février 2016

Une décision pas facile


Horizon incertain, défis nouveaux.

 Quand j’ai quitté le rôle de chroniqueur au journal hebdomadaire LE RADAR aux Îles de la Madeleine, précisément le 19 juin 2015, je pensais être facilement capable de couper les ponts avec ce métier pratiqué depuis les 16 années précédentes. La décision était mienne, amicale et réfléchie. J’avais toutefois sous-estimé l’emprise que peut avoir sur l’humain, une habitude. Alors, sans véritablement m’en rendre compte, la routine d’émettre au fil de mon vécu et de mes découvertes, des opinions sur les principaux sujets qui me touchaient et risquaient de toucher mes lecteurs ne s’est jamais démentie. Voilà peut-être ce qui explique la poursuite de l’écriture d’un blogue hebdomadaire, réglé comme une horloge, en plus d’une copie adaptée sur le site officiel des Îles de la Madeleine.

Il faut arrêter   
Il n’y a pas de regrets dans ce constat, mais je réalise aujourd’hui qu’il me faut passer à autre chose. Je ne publierai plus hebdomadairement une chronique sur mon blogue. Il deviendra uniquement une page publicitaire élaborée au fil des activités à venir et toujours selon les nécessités du moment. Aussi se termine ici ma participation volontaire sur le site officiel des Îles de la Madeleine. J’en profite d’ailleurs pour remercier les propriétaires de ce site d’avoir accueilli en leurs pages mes chroniques depuis mon départ du journal Le Radar. Pour moi, ce geste de leur part m’aura permis de fermer la porte avec douceur sur une activité qui fut mon pain et mon beurre en plus d’une grande partie de ma vie pendant plus de 15 ans. Aujourd’hui, m’en allant allègrement vers une 67e année d’existence, je réalise que le meilleur de ma carrière professionnelle fut celui d’exercer le métier de journaliste et chroniqueur. Un métier que j’ai vraiment entrepris à l’âge de 49 ans, bien que j’écris depuis l’âge de 10 ans. Cette manie d’écrire a commencé par un poème sur l’amour que je portais à mes parents.

Un jour, il y a longtemps de cela, ma plus grande amie m’a fait promettre de ne jamais cesser d’écrire. J’ai promis et je tiendrai promesse. Toutefois, l’écriture peut prendre plusieurs formes et il m’en reste beaucoup à découvrir. Tant de choses ont changé depuis les vingt dernières années. Les gens ne lisent plus, du moins plus de la même façon. Je dirais plutôt qu’ils regardent. Ceux qui lisent vraiment sont l’exception. Quant à l’écriture, elle se transforme à la vitesse des médias sociaux. Les barrières tombent, les règles aussi. Il est heureux que le langage se démocratise et malheureusement, il perd aussi de sa civilité. L’opinion est accessible à tous ou presque et je crois sincèrement que c’est une victoire sur l’autoritarisme dément qui mène encore trop de peuples. Toutefois, chaque médaille ayant son revers, cette grande liberté montre aussi un portrait peu flatteur de la méchanceté, la vulgarité et l’animosité d’un trop grand nombre de personnes s’exprimant librement sur la grande toile mondiale. Les mots deviennent des couteaux, le verbe assassin et la phrase manipulatrice. Ce phénomène est maintenant devenu le plus grand bar ouvert de l’histoire de l’humanité, en réunissant autour d’une table grande comme le monde, tous les humains qui ne boivent pas nécessairement la même bière.


 
Un dernier verre      
Alors, je vide mon dernier verre. Il reste trop à faire pour demeurer autour de la table jusqu’au « last call ». Je pourrai toujours y revenir si j’ai soif. En attendant, il reste des conférences à prononcer, des livres à publier même si les gens ne lisent pas, tant de toiles à immortaliser et tant d’aventures à réaliser. Tant de jours de voile, de coups de rames et de pagaies autour des bords de côtes avant qu’elles nous soient interdites, tant de voyages en petite moto, scooter ou bicyclette avant que les gouvernements, les compagnies et les assurances ne les réservent qu’aux mieux nantis, tant de petits bobos à soigner avant que les compagnies pharmaceutiques et les médecins ne réservent leur savoir et leurs services qu’aux plus offrants, tant à continuer d’apprendre avant que des despotes réalisent que le savoir des autres devient une menace pour eux.

Tant à réaliser, avant que la mémoire oublie.   


GG

lundi 22 février 2016

Un samedi de belles rencontres

« What affaire de monde »


Eh oui! Il y avait foule au local du Mouvement Social Madelinot (MSM) en ce dernier week-end.

Il ne fait aucun doute que les Madelinots de souche ou de descendance trouvent toujours plaisir à se rencontrer en ce lieu sis au 3690, rue Wellington à Verdun. Samedi dernier, le 20 février ne faisait pas exception. Sous l’initiative de ce boute-en-train de toute cette communauté éparpillée un peu partout dans la grande métropole et les alentours, Jules Boudreau a encore réussi ce petit tour de passe-passe en réunissant une quantité impressionnante de gens qui se sont ensemble remémoré les meilleurs moments du hockey madelinot « en ville ». Il faut aussi souligner que le personnage est l’énergie créatrice et « investisseur privé » qui a réussi à monter de toutes pièces un véritable petit musée du hockey madelinot en ville, une sorte de temple de la renommée de tous les acteurs de ce monde sportif dont les principales pièces datent de 1967 jusqu’à nos jours. Les curieux peuvent aussi feuilleter un grand nombre d’albums avec photos datant même des années cinquante, époque où quantité d’insulaires demeuraient encore aux Îles et jouaient soit avec les Lions de Havre-aux-Maisons, le Royal de l’Étang du Nord, les As de Cap-aux-Meules, les Phoques de Fatima, l’impérial ou les Madelinots de Havre-Aubert et peut-être que j’en oublie d’autres. D’ailleurs, les Phoques de Verdun, cette équipe essentiellement composée de Madelinots vivant à l’extérieur des Îles est souvent venue disputer amicalement, mais dans une fière compétitivité, la gang de chez Gaspard et autres équipes formées de résidents insulaires.






Dans une armoire bien exposée au regard des visiteurs, de nombreux trophées témoignent à la fois des succès de ces équipes tout autant que du travail de moine exécuté par l’instigateur de ce beau projet, monsieur Jules Boudreau.
 

Question de placoter entre amis, ces rencontres sont aussi une occasion de partager d’autres passions avec les gens. Ici, Léonard Vigneau (à Téleste) se fait un plaisir de montrer sa collection de stylos dont il crée lui‑même de façon personnalisée, soit avec du bois ou tout autre matériel, toute la structure du stylo-bille… et ils sont de véritables petits chefs-d’œuvre artisanaux, ces « crayons ». Et tiens, pourquoi pas son numéro de téléphone : 450-632-5987.



Occasion de rencontrer des amis ou connaissances depuis longtemps partis des Îles, de telles rencontres confirment allègrement que les Madelinots, où qu’ils soient dans le monde, demeurent toujours des Madelinots, soit de cœur, soit de raison.


Présent à la rencontre, le maire et conseiller de l’Arrondissement de Verdun, monsieur Jean-François Parenteau  a déclaré, à la blague, qu’il lui est souvent arrivé de dire à l’actuel maire des Îles, monsieur Jonathan Lapierre, qu’il avait à composer avec plus de Madelinots à Verdun qu’il y en avait aux Îles même. Comme quoi, on peut être Montréalais, Verdunois ou de toute autre localité, mais il demeure indéniable que l’esprit madelinot demeure et témoigne toujours de cette indéniable fierté insulaire. 
GG 

lundi 15 février 2016

Une société digne du 19e siècle

Je suis outré

Il est des jours où j’ai l’impression que notre société n’a pas progressée d’un iota quant à la sauvagerie avec laquelle elle traite ses sujets, même sur le plan collectif. Tout au plus, elle est devenue plus hypocrite et a appris à dorer son image en utilisant la torture psychologique plutôt que la torture physique. Vous allez certainement vous demander où je veux en venir, alors j’y arrive.


Publication des noms des « mauvais » payeurs de taxes

Il y a quelques jours, la municipalité de Blanc-Sablon a publié sur Facebook les noms des mauvais payeurs de taxes de cette communauté. Si ce n’est déjà fait, bientôt les « mauvais » payeurs de taxes Madelinots verront leur nom affiché dans le journal local Le Radar. Voilà donc qui nous ramène à une vieille méthode ancestrale qu’on appelait alors, la punition au pilori. Voici ce qu’une recherche bien anodine nous enseigne sur le sujet.
 En France par la loi du 28 avril 1832.
L'article 22 du Code pénal prévoyait qu'en peine accessoire d'une condamnation aux travaux forcés ou à la réclusion, le condamné soit exposé au regard du peuple pendant une heure sur une place publique, un écriteau informant les passants sur son nom et le crime commis.
Est-il utile ici de souligner qu’il s’agit d’une vieille loi française datant du 28 avril 1832. À cette époque, le condamné était attaché au gibet sur la place publique et les passants avaient tous les droits de l’invectiver de bêtises, rire de lui ou l’insulter (sans toutefois le toucher ou le frapper) tout en le laissant à ses besoins naturels alors qu’il avait la tête et les mains immobilisées.
Aujourd’hui, nous nous flattons d’être plus civilisés. Nous publions les noms des gens supposément fautifs dans les journaux locaux et même maintenant sur le plus grand réseau social de la planète entière. Quel progrès messieurs des municipalités. Pourtant, voici ce que disent les articles 53 et 54 de la loi sur la protection des renseignements personnels.

SECTION I
CARACTÈRE CONFIDENTIEL DES RENSEIGNEMENTS PERSONNELS
53. Les renseignements personnels sont confidentiels sauf dans les cas suivants:
 1° la personne concernée par ces renseignements consent à leur divulgation; si cette personne est mineure, le consentement peut également être donné par le titulaire de l'autorité parentale;
2° ils portent sur un renseignement obtenu par un organisme public dans l'exercice d'une fonction juridictionnelle; ils demeurent cependant confidentiels si l'organisme les a obtenus alors qu'il siégeait à huis-clos ou s'ils sont visés par une ordonnance de non-divulgation, de non-publication ou de non-diffusion.
1982, c. 30, a. 53; 1985, c. 30, a. 3; 1989, c. 54, a. 150; 1990, c. 57, a. 11; 2006, c. 22, a. 29.
54. Dans un document, sont personnels les renseignements qui concernent une personne physique et permettent de l'identifier.

La décence à un nom
Bien sûr, une armée d’avocats pourrait bien s’amuser et s’enrichir en de tels articles de loi, mais ce qu’on oublie dans toute cette affaire, c’est le droit à la dignité du citoyen. Quant à ceux qui clament qu’ils ont toujours été bons payeurs de taxes et qu’il faut punir les mauvais payeurs parce que cela va leur coûter plus cher, je leur suggère gentiment de se calmer le pompon. D’abord, ils ne savent jamais pourquoi un individu n’a pas payé son dû à sa municipalité. Mauvaise gestion personnelle, séparation, oubli, perte d’emploi et surtout en de nombreuses fois, maladie et pauvreté. Alors, messieurs des gorges chaudes, dites-moi si vous êtes immunisés de toutes ces calamités, valables ou non?

La loi
La loi c’est la loi! – pour ce que j’en sais, les lois sont rédigées par des humains et je vous souligne que du temps d’Hitler, tous citoyens qui dénonçaient la présence de Juifs dans son entourage, même si ceux-ci étaient envoyés aux camps de concentration et aux fours crématoires, passaient pour de bons citoyens respectueux de « la loi ». Le grand Mandela n’a-t-il pas dit à peu près ceci : dans un pays où les lois sont injustes, la place des justes est en prison.

La responsabilité des journaux
J’ai lu sur Facebook la semaine dernière le commentaire suivant. Nous n’avons qu’à ne pas acheter le journal. Voilà un excellent signe de notre aveuglement collectif. Bien qu’il ait sa part de responsabilité, le journal est le messager, le véhicule qui porte la honteuse nouvelle et dans le contexte des Îles, il n’est pas riche, n’en déplaise à quiconque, d’autant plus qu’il appartient aujourd’hui à une dizaine de jeunes qui essaient tant bien que mal…eux aussi de payer leurs taxes. Ne pas acheter le journal, c’est tuer le messager. C’est comme celui qui souhaite tuer le docteur qui l’a informé qu’il avait un cancer. Pendant 16 années, j’ai travaillé pour le journal local et je n’ai jamais caché mon malaise lors de la publication de la fameuse liste des mauvais payeurs de taxes. J’aurais pu être de ceux-là et heureusement, la vie m’en a épargné, mais j’avoue n’avoir jamais été d’accord avec ce procédé, même si on me disait que la loi l’y obligeait. Alors, je suis coupable moi aussi, comme vous tous qui gardez le silence ou qui approuvez ce procédé ignoble, digne d’une autre époque.

Aujourd’hui, cela prend un juge pour que la police fouille vos dossiers personnels, bancaires ou autres. Un criminel perd la plupart de ses droits, mais la loi donne l’ordre de protéger sa dignité, même aussi loin qu’en temps de guerre, par le biais de la convention de Genève. Il est alors inconcevable qu’au niveau municipal, une autorité politique et administrative ait le droit d’afficher publiquement le nom des gens qui sont en défaut de paiements envers elle. À mon avis, cette entité politico-juridique viole de façon indécente la vie privée de gens qui ne sont pas tous volontairement des mauvais payeurs. N’oublions pas que même les endettés de cartes de crédit sont mieux protégés à ce chapitre que les payeurs de taxes municipales.

Une solution
Pourtant, la solution serait simple. Les municipalités n’auraient qu’à publier uniquement les numéros de lots, non pas ceux en infraction, mais ceux saisis légalement une fois toutes les autres solutions épuisées. Les intéressés pourraient alors se renseigner aux bureaux mêmes de ladite municipalité afin de se convaincre ou non d’un intérêt d’achat sur lesdits lots en vente. Hélas, cela priverait tous ces voyeurs qui dévorent Facebook ou les journaux locaux afin de savoir qui est dans la merde ou pas. Quelle belle société nous avons !  


 GG

lundi 8 février 2016

Enfin sur la grande toile numérique du monde

*Pas facile d’être travailleur autonome, mais il y a toujours la satisfaction du but atteint quand c’est le cas.

Première réalisation
 


Je l’avais promis aux lectrices et lecteurs avant la période des Fêtes et j’ai tenu promesse. J’ai sorti mes pinceaux afin de réaliser deux tableaux dont le premier pour ma collection personnelle et l’autre pour l’offrir au public. Voici donc le remorqueur « Spanish Mist » à l’œuvre dans la baie de Grande-Entrée. C’est après consultation d’une centaine de photos numériques alors que j’ai eu le privilège en l’hiver 2015 de partager avec l’équipage une journée entière à bord, que j’ai composé cette récente pièce réalisée sur support en toile, médium acrylique, d’une grandeur de 24 x 36 pouces. Bien sûr, elle est à vendre s’il y a preneur. J’espère ainsi donner une idée de mon travail et une prise de commandes limitées demeure possible pour qui souhaiterait un travail similaire.

Autre réalisation



Ayant comme thème général « Des mots, des bateaux et des pinceaux » sur mon blogue personnel (www.georgesgaudet.blogspot.com), j’ai aujourd’hui la satisfaction de vous présenter les deux réalisations sur lesquelles je me suis concentré depuis la mi-décembre. Enfin, dira ma compagne! … et avec raison. Nous avons maintenant en publication numérique chacun de nos romans respectifs et aussi celui que nous avons rédigé en commun « Un cadavre dans le chalut » sur Amazon.ca ou (.fr). Donc, pour les propriétaires de liseuses numériques, tablettes ou portables, nos bouquins sont disponibles. Il suffit d’amorcer la recherche via Amazon dans la section livres numériques (Kindle) en y inscrivant soit notre nom respectif (Georges Gaudet) ou (Dominique Damien) ou les titres de nos bouquins : (Un cri dans la dune)(Finissants 92, rencontre ultime) ou (Un cadavre dans le chalut) et puis pour un prix minime, vous pouvez acquérir par voie numérique nos bouquins. Pour ceux et celles qui souhaiteraient une version papier, précisons qu’il nous reste encore quelques exemplaires de ces livres et il suffit de nous contacter par courriel à : georgesgaudet49@hotmail.com  ou  dominique.damien58@gmail.com 


  

Sur ce, bonne semaine à toutes et à tous. Merci un million de fois de me lire et partager. Je vous souhaite le bonheur à votre porte. À la semaine prochaine.

GG   
   

lundi 1 février 2016

De la fierté à la peine

Rendre l’impossible; possible.
Voilà qui est vrai dans le cas de nos trois sculpteurs madelinots, Adrien Gaudet, Edmond Cyr et André Vigneault, qui année après année, ont toujours porté les couleurs des Îles de la Madeleine et celles de l’Acadie au festival international des sculptures sur glace du Carnaval de Québec. Encore une fois cette année, ils ont fait preuve d’une imagination sans borne en créant de façon éphémère une pièce illustrant ce mollusque bien connu des Îles, le dollar de sable. Ces trois créateurs méritent totalement tous les honneurs et la reconnaissance que les Madlinots leur réserveront.

Porter à la connaissance du grand public l’existence de cette pièce vivante au fond des mers n’a fait qu’ajouter à l’audace de ces bâtisseurs d’œuvres de glace. Aussi, il serait dommage d’oublier que ces artistes ne sont pas que des tailleurs d’œuvres éphémères. Chacun a dans ses bagages un secret de création, soit inconnu ou pas encore connu à sa juste valeur. Il en va ainsi pour le conteur André Vigneault qui trouve toujours dans sa besace de quoi entretenir un auditoire avec ses contes et légendes. Adrien Gaudet construit presque dans le secret de superbes maquettes de navires en plus d’être un artiste peintre qui aime s’ignorer lui-même. Quant à Edmond Cyr, il est aussi tailleur et sculpteur de mots comme en fait foi cet écriteau planté dans la neige sur le site des sculptures carnavalesques. Peut-être trop ignoré par les passants, le texte qui suit n’en valait pas moins la valeur d’une description poétique qui avait tout l’air, elle aussi, d’une sculpture.
Dollar de sable – Dollar de rêve

Tombé de la poche de Neptune
Blanchi par soleil et vent
Sa valeur de bouts de chandelles
Est l’ennemi des bourses et des fortunes.
Chasser ce huard irrationnel
Le long des plages au mois d’août
Fascine petits et grands
Soulève leurs rêves les plus fous
Plus loin que l’horizon
Au-delà de la raison
Au-delà de l’invisible
Rendant l’impossible; possible.

Sirre

De la fierté à la tristesse

Adieu Dorélas

Il fut mon élève pendant les deux années où j’ai enseigné la langue seconde à la polyvalente des Îles. Dorélas était de ceux qu’on n’oublie pas. Impossible en effet de ne pas s’attacher à ce jeune un tantinet hyperactif, toujours joyeux, prompt à la répartie, jamais grossier et comme noyé dans une éternelle rigolade face aux aléas d’une classe d’ados en mal d’action. Il est parfois des gens qui passent comme un éclair dans nos vies et qui laissent une trace indélébile de bonheur, et ce, sans que l’on sache vraiment pourquoi.

Je ne connais rien de sa vraie vie en dehors de ce contact scolaire, mis à part sa présence incontournable dans les cuisines du traversier MADELEINE. Les nombreuses fois où j’ai pris la mer à bord de ce navire de plusieurs centaines de passagers, il ne fut jamais une traversée où nous nous sommes ratés. En bref, j’ai toujours été gratifié soit par une blague, soit une offre spéciale de plat préparé par lui, soit un souvenir partagé du temps ou gamin, il aimait faire rigoler ma classe alors que péniblement, j’essayais de lui tenir la bride un tant soit peu serrée. En peu de mots, son ancien prof d’anglais était fier de sa réussite, même s’il n’a jamais su s’il avait finalement appris quelques rudiments de cette langue seconde. Sur le plan professionnel, il était devenu le cuisinier en second sur le navire et souvent le Chef lors de remplacements. Alors, quand cette semaine j’ai appris sa mort dramatique, je ne sais trop pourquoi, mais il y a des larmes qui ont fait leur chemin sur mes joues. Soudainement, je me suis senti comme un vieux professeur qui venait de perdre tragiquement un des meilleurs élèves de sa classe. J’imagine difficilement la douleur qu’éprouvent présentement toute sa famille et ses proches. Je me permets ici en tout respect de leur offrir mes plus sincères condoléances.

Mon frère décédé disait souvent : nous ne sommes pas des corps habités par des esprits, mais des esprits habillés d’un corps. Vue comme ça, la mort, si cruelle soit-elle, prend le visage d’une délivrance. Dans tous les cas, elle nous console et nous protège d’une certaine absurdité de la vie. Ainsi, je te dis Adieu Dorélas, Adieu mon ami. Puisse ton esprit trouver la paix et le bonheur au sein des étoiles et que Dieu soit ton hôte à la grande table des élus. Amen.  

GG