dimanche 30 juin 2013

Un nouveau né en littérature

Une invitation

Terminal1Lundi le 8 juillet, lors d’un 5 à 7 au nouveau Terminal croisières sur le quai de Cap-aux-Meules, Dominique Damien et moi-même invitons toute la population des Îles au lancement de notre roman «UN CADAVRE DANS LE CHALUT» publié aux Éditions AZÉLIE.

Nouvelle couverture (titre) mars 2013* Alors que le calme règne depuis longtemps aux Îles-de-la-Madeleine, Charles Dubreuil, pêcheur professionnel, remonte dans sa drague à pétoncles quelque chose qui ressemble à un corps. La chef de police, Alice Grandmaison, est appelée au quai de Havre-Aubert afin de déterminer s’il y a matière à enquête. Quelle ne fut pas sa surprise de voir déjà sur les lieux, le journaliste Robert Jomphe en pleine discussion avec le capitaine du bateau!

Ces deux personnages qui se haïssent autant qu’ils se supportent se lancent dans une enquête parallèle afin de résoudre cette affaire.

Plusieurs questions se posent. Comment une personne s’est-elle retrouvée dans une drague à pétoncles? D’où venait-elle? Quel pourrait être le mobile de ce meurtre? Et surtout, pourquoi aux Îles-de-la-Madeleine?

Ce roman policier tiendra en haleine les lectrices et lecteurs tout au long de ses pages. Plein de découvertes, d’enquêtes, de révélations et de rebondissements, les auteurs ont créé une histoire fictive que les amoureux de romans d’aventures apprécieront avec délices, le tout campé dans le décor unique des Îles de la Madeleine.

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Les auteurs: Dominique Damien et Georges Gaudet

Logo des Éditions AzélieLogo des Éditions Azélie

L’aboutissement d’un rêve

Je devrais dire, l’aboutissement de deux rêves, puisqu’il s’agit à la fois du lancement d’une entreprise qu’on appelle une maison d’édition et le lancement d’un premier roman issu de cette même maison d’édition.

Cela faisait deux années qu’on y travaillait ma compagne et moi. D'abord, rédiger un manuscrit où l’action se passe aux Îles et bien sûr, choisir le sujet d’abord et ensuite, le contenu. À cela, nous y avons ajouté quelques difficultés supplémentaires. Nous avons écrit un roman policier, ce qui implique une intrigue, puis un mobile criminel, un processus d’enquête et finalement une conclusion. Si je dis nous, c’est parce qu’en plus des difficultés inhérentes à la rédaction d’un manuscrit, nous avons choisi de le rédiger ensemble, c'est-à-dire ordinateur contre ordinateur, dans chacun notre personnage respectif et sans objectif précis sauf les grandes lignes d’une idée maîtresse. C’est ainsi que pendant deux années, nous avons plongé dans l’univers de personnages complètement différents de nos vies réelles et que nous avons réalisé ce que nous appelons un roman à quatre mains. Parfois ensemble ou séparément, nos deux personnages principaux se sont rencontrés, parfois affrontés et même querellés sur le parcours difficile des relations humaines et des obligations professionnelles. Quant à l’action toujours présente dans cet univers totalement fictif, nous l’avons souhaitée constamment omniprésente, captivante et surtout intéressante. Maintenir le rythme d’une rédaction solitaire est déjà tout un défi, imaginez celui d’en faire autant à deux cerveaux et quatre mains. Enfin, le jour est arrivé où un manuscrit de plusieurs centaines de pages est devenu je dirais presque, notre bébé. Aujourd’hui, il est devenu un roman policier de 308 pages portant le titre de «UN CADAVRE DANS LE CHALUT ».

Le deuxième rêve

Tout aussi important que le premier, c’était celui de fonder notre propre entreprise d’édition. Oh rien de grandiose, mais une maison d’édition qui allait nous ressembler, c'est-à-dire à visage humain et sans prétention. Mis à part l’idée qu’on est jamais si bien servi que par soi-même, notre réalisme nous a forcés à travailler très fort sur les orientations générales de cette nouvelle maison d’édition, ceci mit à part toutes les obligations comptables et d’assimilation de logiciels d’édition que cela pouvait impliquer. Enfin, cette maison d’édition s’appelle maintenant «LES ÉDITIONS AZÉLIE». Pourquoi Azélie? –parce qu’il s’agit d’une femme qui a réellement vécue il y a cinq générations de ça, ici aux Îles de la Madeleine. Il s’agit d’une arrière-arrière grand-mère maternelle, qui comme beaucoup de femmes de son époque, aurait mérité un sort bien différent que celui que la société de son temps lui a fait. En relevant son nom, nous souhaitons du même coup que son âme féminine et douce transpire dans nos objectifs de jeune entreprise tout autant qu’auprès des imprimeurs avec lesquels nous devrons négocier après chaque manuscrit. Avec les mois, peut-être les années, nous souhaitons pouvoir partager nos expériences acquises et aider des jeunes de tout âge à réaliser leurs rêves d’écriture, que ce soit en petits tirages ou dans des perspectives en accord avec l’évolution d’un monde littéraire actuellement en grande mutation.

Quand des auteurs écrivent un roman policier, ils doivent camper leurs personnages dans des lieux bien choisis. Comme nous souhaitions que l’action se déroule aux Îles de la Madeleine, nous avons identifiés des endroits publics incontournables et cela nous a attiré par la suite, sans que nous les ayons sollicités à l’avance, une généreuse participation de bienfaiteurs que nous tenons à remercier chaleureusement. En voici les noms: Le Barbocheux, CTMA, Les fleurs d’Emmanuelle, GEMINI, Gestions P.Chevarie Inc. (Tim Hortons – Subway – A&W), l’hebdomadaire LE RADAR et CFIM qui, avec confiance, nous ont permis de réaliser ce rêve de publication.

Au plaisir de vous rencontrer toutes et tous, lectrices et lecteurs, le 8 juillet prochain au Terminal Croisières.

GG et DD

dimanche 23 juin 2013

Une histoire de bateaux

L’été est maintenant là, même si parfois dame nature nous fait douter que ce soit vrai. Quoi qu'il en soit, j’ai décidé cette semaine de partager avec vous quelques histoires de bateaux, le tout agrémenté de photos.
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Photo: Georges Gaudet

Les promeneurs sur le quai de Cap-aux-Meules l’auront certainement remarqué. Ce beau trois-mâts était amarré au quai des pétroliers au cours de la semaine passée. Il s’agissait du Rara Avis, un dériveur, oui, oui, un dériveur avec quilles amovibles, entièrement construit en acier, maintenant propriété en France de l’AJD (l’Aumônerie de la Jeunesse Délinquante), un organisme dont le fondateur est le Père Jésuite, Michel Jaouen.
Le Rara Avis est un voilier trois mâts en acier, d’une longueur de 38 m (125 pieds) construit en 1957 comme yacht personnel et donné à l’AJD en 1974. Il fut entièrement rénové entre 1999 et 2002. Manœuvré par un équipage permanent de 9 personnes, il peut prendre à son bord en plus de l’équipage régulier, 28 personnes qu’on appelle stagiaires et non passagers, car ces derniers font partie de la bonne marche du navire. Le Rara est le dernier ajout majeur de la flotte de l’AJD, cet organisme qui compte huit autres bateaux, tous donnés à cette institution. Il faut cependant noter que ces dons sont habituellement des unités plus petites et nécessitant des réparations majeures, mais toutefois réalisables. Dans les faits, toute la flottille de l’AJD va de la baleinière jusqu’aux deux porte-étendards, soit le Bel Espoir et le Rara Avis.
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Photo: Georges Gaudet

Le drapeau breton flotte fièrement au-dessus du drapeau français, signe évident de la fierté bretonne qui se manifeste jusqu’en haut des mâts de ce beau navire.

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Photo: Georges Gaudet

La garde-robe de voiles est plutôt impressionnante. Ici, uniquement à l’avant, un foc bômé, un génois et une trinquette.
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Photo: Georges Gaudet

Malgré sa coque métallique, le Rara Avis est tout de boiseries à partir de son pont supérieur et tout l’intérieur des cabines. J’ai eu le privilège de visiter ce bateau et pour qui aime plonger dans l’histoire de la navigation à voile, l’atmosphère y est comme dans un film, mais en mieux. L’odeur du bois, du vernis, des cordages, de la cantine, même celle de la présence humaine y sont toutes omniprésentes. Cela sent la vie maritime à plein nez et non pas le grand luxe de ces hôtels flottants avec balcons et vue sur la mer à quelque 10 étages de haut et plus encore. Ici, le luxe est la camaraderie et son ingrédient majeur s’appelle aventure et défi.
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Le Rara Avis (Photo: Site internet: www.belespoir.com)

 Bel Espoir

Le Bel Espoir (Photo: Site internet: www.belespoir.com) 

Le Bel Espoir tout comme le Rara Avis est aussi un trois-mâts qui a passé plusieurs séjours aux Îles au cours des dernières années. Il est d’ailleurs le premier navire majeur de la flotte du Père Jaouen. Entièrement construit en bois, il prit naissance dans un chantier du Danemark en 1944 dans le but d’en faire un transporteur de bétail. Donné à l’AJD en 1968, il fit l’objet d’une complète restauration en 1993. Sensiblement de la même grandeur que le Rara Avis, soit 38,5 m, il s’agit toutefois d’un voilier à quille profonde qui tout comme son confrère des mers, navigue avec un équipage permanent de 9 membres et 27 stagiaires.
Mais qui est le Père Michel Jaouen
Il est né à Ouessant en 1920 et a grandi à Kerlouan dans le Finistère. Fils de médecin, il entre chez les Jésuites à 19 ans et pendant la guerre, il tente de fuir en Angleterre par la mer, mais n’y parvient pas à cause d’une panne de moteur. Ordonné prêtre en 1951, il devient aumônier à Fresnes et plus tard, construit le Foyer des Épinettes à Paris, pour accueillir ceux qui sortent de prison. Convaincu que c’est avec le mélange des gens que l’intégration sociale devient possible, son cheminement l’amène à créer l’AJD, l’Aumônerie de la jeunesse délinquante. Cela l’amène à naviguer sur le Bel Espoir avec ceux qui sortent de prison et des délinquants enrôlés en équipage. Là bas, sur l’océan, tous doivent être solidaires, car autrement, c’est la possibilité de finir sa vie dans la flotte. Détestant les ghettos et les vases clos, ce jésuite ouvre les horizons à une quantité de gens qui ont formé des couples, des familles et appris un métier qui les fait vivre.
Aujourd’hui, point besoin de sortir de prison pour naviguer sur les bateaux du Père Jaouen. Une lettre de motivation est ce qu’il y a de plus important et un déboursé pour le genre de croisière souhaité suffisent quand il reste de la place à bord. L’œuvre de Jaouen demeure, mais elle est ouverte à tous, comme l’a toujours souhaité son fondateur. «Le mélange, le mélange, j’te dirais qu’il n’y a que ça qui marche » dit ce jésuite qui a fêté ses 60 ans de prêtrise et aimerait compter les couples qui se sont formés à son bord, mais n’y parvient toujours pas. On le dit de stature d’athlète et d’apparence de prince ou de clochard, dépendamment du moment. Et qui paraît qu’il n’a aucun besoin de micro pour se faire entendre, même en pleine tempête.
Au-delà de l’image d’un personnage plus grand que nature, l’école du Père Jaouen forme des jeunes à différentes disciplines qui n’ont rien de cours faciles. En voici quelques exemples. Mécanique marine, matériaux composites, menuiserie et agencement, charpente, soudure, chaudronnerie, électricité, voilerie de même que formation maritime OCQM, mécanicien 750 Kwa, brevet capitaine 200 voile, certificat d’initiation nautique et certificat d’initiation pêche. Décidément, si toutes les communautés maritimes avaient un Père Jaouen dans leur «bord de côtes», les quais seraient probablement trop petits pour accueillir toute la flotte maritime madelinienne et probablement la québécoise incluse.
Une autre mise en chantier
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Photo: Dominique Damien

Tout comme une véritable mise en chantier. Le carénage commence.
Celle-là, elle tient plus de la passion pour le modélisme maritime que de la formation en mer. Les Îles de la Madeleine sont pour qui y habite depuis la naissance, un peu comme un navire ancré au large de la grande terre. Est-ce pour cela que les bateaux font partie de l’univers de la plupart d’entre nous? Probablement! Toujours est-il qu’une grande opération de carénage fut entreprise dans mon domicile afin de remettre en beauté deux jolies goélettes de 6 pieds de long chacune et qui, je le souhaite, feront les délices des amateurs de voile et d’histoire de la navigation autour des Îles au cours des derniers siècles. Ces deux maquettes, bâties par mon père à l’âge de 79 et 82 ans, seront désormais pour une période indéterminée, exposées dans le grand hall du terminal croisières situé dans l’ancien hangar sur le quai de Cap-aux-Meules. Il s’agit d’une réplique de mémoire de la « Sarah Pauline » construite en 1924 à Tancook, NE et enregistrée à Canso dans la même province. Cette goélette mesurait 60 pieds et déplaçait 37 tonneaux. Propriété de Percy Atkinson, elle coula entre les Îles et Souris en 1934 sans qu’il y ait perte de vie, alors qu’elle venait des Îles avec une livraison de marchandises destinées à Souris.
L’autre maquette est la « Grace L MacKinnon » construite à Ingonish Ferry, toujours en NE, enregistrée à Sydney, dans la même province. Elle fut la propriété de mon père de 1948 à 1952 alors qu’avec ses frères, il fit la pêche, mais surtout du cabotage entre les Îles et les maritimes, transportant du bois, du vieux fer, des pommes de terre et tout ce qui était nécessaire au commerce sur les Îles à cette époque. Cette goélette mesurait 56 pieds et déplaçait 29 tonneaux.
Témoins d’une autre époque comme bien d’autres goélettes qui furent plus célèbres dans le transport des marchandises entre les Îles et les maritimes, ce fut pour l’auteur de cette chronique, comme un plongeon dans le passé alors qu’il entreprit de refaire la mise à niveau de ces deux rappels d’un passé pas si lointain que les générations actuelles devraient connaître.

GG




















samedi 15 juin 2013

À mon père en cette Fête des Pères.

Bonne fête papa

En cette fête des Pères, je veux te rendre hommage pour tout ce que tu as été pour moi tout au long de ma vie.

D’abord, je tiens à le rappeler à tous les lecteurs de ce blogue. Comme beaucoup d’enfants qui ont eu le privilège d’avoir connu un bon père, tu as été mon héros tout au long de mon enfance, mon guide et mon protecteur, même après que j’eus quitté le nid familial.

Montage cadre MM papamédailles 1

Vétéran de guerre, marin de la marine marchande, j’ai été fier d’aller chercher ces médailles que tu avais tant méritées.

sur MacKinnonPapa-toileLes bateaux étaient ton univers et presque jusqu’à ton dernier souffle, tu as bâti des goélettes, des navires que tu trouvais beaux et presque invincibles si mené par de bons marins. La goélette que tu as eue aura été la plus belle partie de ta vie de capitaine, malgré les énormes difficultés financières qu’elle t’aura apportées.

Premier voilierTu m’as appris la passion de la voile avec ce premier voilier, bâti à partir d’un vieux bateau hors-bord sur lequel tu avais ajouté une quille longue, un gouvernail artisanal, un mât pris d’un arbre dans le bois de la montagne, des haubans faits de corde à linge et des voiles faites de sacs de farine que maman avait patiemment cousus.

doris et moiTu m’as enseigné la connaissance des qualités marines du doris, ce concept d’embarcation si simple et si efficace en mer.

papa & g 3  papa & g 10Tu n’as jamais cessé de naviguer dans ta tête, même à un âge où tu ne le pouvais plus physiquement.

papa 1S’il existe un paradis quelque part en cet univers, je sais que tu y es. Les bateaux y sont beaux, racés, les voiles sont blanches, les étraves sont fines, le vent se fait complice et un merveilleux et beau capitaine en tient la barre. Et ce capitaine, c’est toi, mon père, mon héros.

Bonne fête papa. Je t’aime.

dimanche 9 juin 2013

Les Éditions Azélie

Logo original

Notre logo, création: Georges Gaudet

C’est le nom de notre toute nouvelle maison d’édition.
Le monde de l’écriture et particulièrement celui de la publication d’œuvres littéraires, qu’elles soient populaires ou spécialisées, est en pleine mutation. Des livres numériques, des entreprises virtuelles de marketing, des librairies et bibliothèques accessibles à tous, poussent comme autant de jardins colorés et différents dans un monde nouveau de créateurs, de lecteurs et de diffuseurs. Il fut un temps où la possibilité d’être publié pour un auteur ne dépendait pas uniquement de son talent. Cette possibilité d’être publié dépendait surtout des contacts entretenus avec certains éditeurs connus ou plus encore, du niveau de popularité médiatique capable d’assurer une rentabilité parfois éphémère, mais assurée et immédiate. Heureusement, ce temps est révolu. Voilà pourquoi, Dominique et moi avons fondé tout récemment notre propre maison d’édition. Nous croyons sincèrement que pour tous les bons auteurs, le temps est venu où la perspective de publier ne sera plus un rêve, mais une possible réalité en devenir. C’est avec cette conviction que nous publierons tout prochainement un premier roman écrit à quatre mains, en coauteurs, sous le titre « Un cadavre dans le chalut » et sous le nom de notre toute nouvelle maison d’édition, Les Éditions Azélie.
Une vision d’avenir
Dominique a déjà trois romans policiers publiés en d’autres maisons d’édition et trois manuscrits en dormance qui n’attendent qu’un petit peaufinage avant publication. Quant à moi, l’auteur de ce blogue, j’ai en attente la réédition d’une nouvelle publiée en 2002 en plus d’une carrière professionnelle comme journaliste et chroniqueur. Va pour les présentations, là n’est pas le but de cet écrit. Au cours des mois, peut-être des années à venir, nous avons la ferme intention de publier d’autres titres, mais pas nécessairement d’un seul style. Qui plus est, nous offrirons notre expertise et notre expérience à d’autres auteurs potentiels qui voudront bien faire équipe avec nous afin de publier dans ce qui deviendra, nous l’espérons, les collections des Éditions Azélie.
Qui était Azélie?
Azélie, que tous appelaient Zélia, était une toute jeune fille d’à peine 16 ans qui habitait Havre-aux-Maisons, il y a de cela presque deux siècles. Un jour, alors que je voulus en savoir plus long sur la raison pourquoi ma grand-mère maternelle fermait toutes les portes et fenêtres de sa maison chaque fois qu’elle entendait le mot « Américains », je me rendis chez le meilleur conteur connu de notre village. Quelle ne fut pas ma surprise quand il me montra une collection originale de tous les registres paroissiaux et une collection des procès-verbaux des commissaires d’école de cette époque. PC160010Il faut préciser ici que du temps d’Azélie, les goélettes américaines faisaient la pluie et le beau temps autour des Îles de la Madeleine, bénéficiant d’une permission de pêche partout dans le golfe Saint-Laurent de par le traité de Versailles signé en France en 1783. Évidemment, dans la réalité de tous les jours, quand plus d’une centaine de goélettes ancraient dans la baie de Plaisance chaque printemps pour y acheter hareng et victuailles des pêcheurs côtiers et marchands de la place, cela donnait lieu à certaines libations portant à conséquences graves. Disons qu’en résumé, le dieu Bacchus s’en mettait parfois plein le cerveau de spiritueux.
C’est ainsi que je lus un texte du curé d’alors où il y avait écrit que la pauvre Azélie « s’était fait prendre » derrière les buttes de la Pointe-Basse par un marin de passage.» Point besoin d’être un historien pour comprendre que dans le langage de l’époque, cela voulait dire qu’elle s’était fait violer. Par la suite, la pauvre Azélie mit au monde un garçon, baptisé du nom de Jean et qualifié au registre de baptême de « bâtard ». Évidemment, avec une telle tare du ciel sur la tête, le fils Jean, que tous appelaient « le grand Jean » eût bien de la misère a trouver épouse, même si de l’avis du curé, il était un des plus beaux hommes et des plus forts de la paroisse. C’est d’ailleurs pour l’empêcher de commettre le grave péché d’impureté que ce même curé usa de son influence pour forcer la main des parents d’une amoureuse afin que ces deux jeunes convolent en justes noces. Pour le curé, c’était une histoire close, mais hélas, certainement pas pour la pauvre Azélie. Quand elle mourut, le curé a écrit dans le registre paroissial : « Et pour expier son péché, elle ne se maria point et porta le noir toute sa vie. »
Plus tard, le grand Jean eût des enfants et c’est ainsi que j’appris qu’il était mon arrière-grand-père maternel, le père de ma grand-mère, celle qui fermait toutes les fenêtres de sa maison en répétant tout bas comme une prière : « Mon Dieu, les (Amaritchiens). »
Voilà pourquoi nous avons convenu Dominique et moi d’appeler notre maison d’édition, les Éditions Azélie. En ce simple geste, nous espérons que cette pauvre victime que fut mon arrière-arrière grand-mère repose en paix et qu’elle ait, de façon posthume, toute la reconnaissance et le respect qu’elle aurait dû avoir de son vivant.
Georges Gaudet