lundi 27 avril 2015

Dit dans les journaux, nous pouvons maintenant oublier!!!

Par Georges Gaudet

georgesgaudet49@hotmail.com

Nous tournons tous en rond.

Midnight Express

*Ceux qui ont déjà vu le film « Midnight Express » se souviendront certainement de cette scène où tous les prisonniers tournent en cercle dans le même sens autour d’une muraille, alors que le personnage principal décide de tourner en sens contraire, foutant ainsi la pagaille dans la cour des prisonniers. Eh bien, j’ai comme l’impression qu’on en est rendus là en tant que peuple, nous les Québécois.

Des bains au noir à 20. $ dans des CHSLD

Je ne sais si cela se fait aux Îles, mais la nouvelle a eu l’effet d’une bombe au sein du monde politique sur la colline parlementaire à Québec. Les gens de la rue ont eu l’air surpris d’apprendre la nouvelle, moi pas! Ce qui m’a surpris cependant, c’est avec quelle rapidité on est passé sur le manque de moralité et d’éthique de cette pratique pour s’élancer tout de suite vers les enquêtes, promesses de correction de ce genre de pratique…etc. Comme disait l’autre, là où il y a l’homme, il y a de l’hommerie, mais cela n’excuse pas cette pratique pour autant. Qui dit CHSLD dit clientèle fragile, démunie et vulnérable. En un sens, elle se situe au même niveau que l’enfance, l’âge en plus. Alors, faut-il se surprendre que des gens sans scrupules profitent des besoins de cette clientèle pour empocher quelques dollars? – probablement, mais il y a pire que cela. Malheureusement, ce phénomène n’est que la pointe de l’iceberg. Cette pratique n’est que le reflet de l’échec d’un système et la profondeur du malaise qui ronge la société québécoise dans ses bases les plus profondes. L’Église n’étant plus la gardienne de la morale pour diverses raisons historiques et sociales, les enfants de Duplessis et les crimes sexuels dans les orphelinats et pensionnats en étant des exemples frappants; notre société vient de passer à une autre étape dans sa descente aux enfers. L’exemple vient de haut. Il n’est pas une semaine où un nouveau scandale n’éclate et ici, il ne s’agit pas de petites broutilles. Si le marchandage de services essentiels auprès de personnes âgées vulnérables en a scandalisé certains, que dire des accointances révélées au cours des dernières années de certains de nos politiciens? – que dire des révélations des diverses commissions d’enquêtes sur les allégations de corruptions commises à l’endroit des syndicats, des institutions politiques, des puissants ministères gouvernementaux? Que dire de la réaction du public? — Niet. Tout au plus, on trouve le courage d’accuser les journalistes de fouiller un peu trop dans toute cette merde, car personne ne souhaite ou ne veut entendre la vérité. Pourtant, cette réalité est bien là et à la vue de tout le monde.

C’est quoi le Québec?

C’est d’abord un territoire habité par 8 millions de personnes dont une majorité d’origine française, donc différent pour ne pas dire distinct des autres territoires Canadiens. Avec les années, ce peuple « distinct » s’est donné un pacte social ayant l’apparence d’une société plus juste et plus équitable pour la très grande majorité des citoyens. Hélas, en ayant voulu pousser plus loin sa liberté, il s’est heurté aux capitaux économiques et politiques des banques et de la classe dominante du pays dont il fait partie. Quand un peuple est trahi par ceux qui ont prétendu le protéger ou le faire grandir, quand un peuple se fait refuser la liberté d’affirmer son identité, quand un peuple majoritaire sur son territoire, mais terriblement minoritaire sur un continent se fait ramener à l’état de minorité dans les grands pouvoirs décisionnels, quand ce peuple majoritaire sur son territoire se fait traiter en minorité par presque toutes les minorités nouvellement arrivées chez lui, alors il devient moribond. Voilà ce qui arrive au Québec, voilà ce qui crée dans ses rangs, une minorité de morons prêts à tout pour s’emplir les poches avant que le bateau ne coule. Nous sommes devenus un peuple sans idéal, sans direction précise, sans projet de société à long terme. Nous sommes devenus un peuple d’administrés à la petite semaine, bourré de dettes personnelles et collectives, sans grandes ambitions et surtout obsédé par une question fondamentale : comment allons-nous nous en sortir? C’est ainsi que les scandales ne scandalisent plus et que le réflexe de se dire : « si j’étais à leur place, je ferais comme eux » devient la ligne de conduite d’une trop grande minorité, sinon une majorité.

Les résultats

Les résultats sont éloquents. Nos viaducs tombent parce qu’on a triché dans les recettes de ciment, nos routes ont l’air d’un champ de mines parce qu’on a triché dans l’épaisseur et la recette de l’asphalte, nos hôpitaux, nos écoles, nos universités, nos ponts, coûtent 20 % et 30 % plus cher qu’ailleurs parce qu’on a beurré épais sur les contrats alloués. Nos banques ont pignon sur rue dans tous les plus beaux paradis fiscaux de la terre, nos dirigeants syndicaux se sont fait photographier auprès des grands accusés de corruption et de collusion alors que notre premier ministre a déjà posé fièrement auprès de gens accusés de vol ou de fraude à l’échelle internationale. Dans le monde médical, notre lourdeur administrative, notre incapacité d’informatiser les dossiers de tous les patients de la province, même pour un prix trois fois supérieur à ce qui se pratique en d’autres provinces, fait de nous les champions de la dépense. Nous sommes un peuple champion de la désorganisation et extrêmement habile à multiplier les tâches inutiles pour se créer un salaire. Exemple : Au Québec, il y a 100 389 employés non soignants dans le réseau de la santé pour 8 millions d’habitants, alors qu’en Suède, pays hyper socialiste, il y a 36 460 employés non soignants pour 9,4 millions d’habitants. Ça, c’est trois fois moins et pourtant, c’est un modèle de bon fonctionnement là-bas, alors qu’ici….!

Le problème en est un de culture. Nous sommes devenus un peuple qui se dit : « Si nos dirigeants le font, pourquoi pas nous? » Le vieux slogan des radios des années 70 est plus vrai que jamais : « Tout l’monde le fait, fais-le donc » — tant et si bien que personne ne s’offusque de rien, tout le monde ou presque essaie de gagner le gros lot ou de tirer sa pitance en trichant. Les enquêteurs du BS, de l’assurance emploi tout comme ceux de l’impôt sont sur les dents et considèrent à priori que vous êtes coupable avant enquête parce qu’ils ne peuvent imaginer la chose autrement, d’autant plus qu’ils sont récompensés sur rendements fixés à l’avance. Nous sommes devenus une province et sous certains aspects un pays plus croche que deux vilebrequins soudés bout à bouts. Alors, pourquoi s’offusquer que des gens exigent 20. $ sous la table pour laver une personne placée dans un établissement public? Encore une fois, ceci étant dit ne rend pas la chose plus acceptable.

Tout le monde n’est pas d’même

Bien sûr, tout le monde n’est pas comme ça et heureusement d’ailleurs. Il faut voir le personnel des CHSLD dans leur quotidien pour se rendre compte du travail que ces gens accomplissent. Il faut voir le travail de ces bénévoles auprès de diverses associations vouées à contrer les pires maladies qu’on ne souhaite à personne. Il faut voir ces enseignants soudés à leur travail de préparation des jeunes pour un avenir qu’ils souhaitent meilleur que celui qu’on connaît actuellement. Il faut voir ces grands-parents passionnés qui tentent par tous les moyens de transmettre à leurs petits-enfants un minimum de sens des valeurs. Il faut voir tous ces passionnés de la politique qui ont encore le courage d’y croire malgré tout ce que les moyens modernes de communications nous révèlent aujourd’hui sur ce monde autrefois dominé par une élite formée depuis l’enfance. Il faut voir ces journalistes, qui au risque de leur vie, travaillent constamment à témoigner de ce monde pas toujours droit, afin qu’un éveil se fasse quelque part et qu’enfin, un début de paix et de justice règne sur cette planète. Il faut voir tous ces chercheurs scientifiques, qui jour après jour, travaillent et rêvent de la découverte qui va guérir une partie de l’humanité d’un cancer ou d’une maladie rare. Heureusement, il y a ceux et celles-là. Voilà qui permet de garder espoir. Les grandes révolutions ont débuté dans le cœur et la passion d’un seul homme, d’une seule femme, pour faire boule de neige et contribuer à changer un monde qui s’en allait en déroute. Comme le disait un sage : « La paix, tout comme la justice ne sont jamais acquises. Elles se construisent chaque jour.»

Pour les Québécois, il est peut-être grand temps de cesser de tourner toujours dans le même sens, un peu comme ces prisonniers dans le film Midnight Express. Il nous faut trouver celui ou celle qui aura la force et le courage… de tourner dans l’autre sens.

Bonne semaine à toutes et à tous

GG

lundi 20 avril 2015

Permettez que l’on vous parle de nous.

Un peu de promotion personnelle

* Quatre titres font maintenant partie de notre historique de collaborations ou de réalisations.

Page couverture 1 Page couverture 2 Page couverture 3                             Page couverture 4Illustration FD 

Illustrations: Georges Gaudet

Une invitation à toutes et à tous.

Le 3 mai prochain, de 14 h à 16 h, à la Maison amérindienne de Mont-Saint-Hilaire, au 510 Montée des Trente, nous participerons au lancement d’un premier livre témoignage rédigé par une grand-maman s’adressant à ses petits-enfants. Humble et d’une belle écriture, l’auteure Francine Dorval raconte comment elle a vécu l’épreuve d’un cancer et surtout comment elle a présenté cette épreuve auprès de ses petits-enfants. Ce quatrième travail publié sous le nom de notre maison d’édition sera suivi par d’autres projets en cours d’ici les 12 prochains mois à venir, enfin nous l’espérons.

Le 8 juillet 2013, ma compagne (Dominique Damien) et moi lancions notre premier livre écrit en commun « Un cadavre dans le chalut – 600 exemplaires vendus à ce jour. » Du même coup, nous lancions aussi notre petite maison d’édition dûment enregistrée sous le nom de « Les Éditions Azélie ».

Logo des Éditions Azélie 

Conception du logo: Georges Gaudet

Le marché du livre, la difficulté de se faire connaître par les grandes maisons d’édition, les difficultés de contact avec les imprimeurs et librairies sur le continent, les réseaux de distributions aux prix exorbitants et le choix des écrivains presque directement proportionnels à la visibilité déjà faite sur les grands réseaux de télévision L ( Exemple : Passer à Denis Lévesque ou à Tout l’monde en parle,) rendaient la possibilité d’écrire un bouquin par passion de l’écriture, un rêve presque irréalisable.

Voilà qui explique pourquoi nous avons choisi de créer notre propre maison d’édition. Agissant ainsi, nos objectifs étaient nombreux.

1. Apprendre les rouages de l’édition, incluant lecture, multiples révisions et corrections, formats et mise en page, conception d’illustrations, conception de la page couverture, de l’épine et du 4e de couverture, demande de catalogage, attribution d’un numéro ISBN, négociations avec un imprimeur, organisation d’un lancement, envoi d’exemplaires aux deux bibliothèques provinciale et nationale puis distribution selon nos propres objectifs.

2. Ayant réalisé tout cela, nous avons vite appris que nous n’étions pas les seuls écrivains chez qui dormaient de très beaux textes, qu’ils soient pour un public restreint ou pour grand public. C’est ainsi que nous avons décidé en tant qu’auteurs et propriétaires de notre maison d’édition, de partager notre expérience et notre expertise avec d’autres écrivains souhaitant être publiés, soit en distribution restreinte ou se voulant libres d’être responsables de leur distribution. Pour un montant très honnête, nous cheminons avec des écrivains de notre choix qui souhaitent un jour voir « leur bébé » présenté en bonne et due forme à leur public souhaité.

3. Pas question de nous arrêter là. Le livre numérique devenant de plus en plus d’actualité, il est de notre intention au cours de la prochaine année, de rééditer certains bouquins oubliés et d’en publier au moins un nouveau sous nos plumes respectives, soit en version papier ou en version numérique, le tout directement sur internet.

Ce blogue www.georgesgaudet.blogspot.com de même que celui de Dominique www.sousuneloupe.blogspot.ca demeurent pour nous nos principaux outils de communications pour l’instant, mais nous souhaitons ardemment améliorer notre réseau internet d’ici les 12 prochains mois. D’ici là, il nous reste à remercier chaleureusement toutes les lectrices et lecteurs, toutes les écrivaines et écrivains qui ont fait appel à nous pour les aider à cheminer dans la réalisation de leur projet personnel.

Encore une fois et toujours : « Merci de nous lire. » Nous

* Le choix du nom « AZÉLIE » pour nommer notre maison d’édition ne fut pas le fruit du hasard. Il relève d’une histoire bien particulière qui vaut la peine d’être racontée dans un prochain article à venir sur ce blogue. Je vous invite aussi à parcourir le blogue de ma compagne Dominique Damien au www.sousuneloupe.blogspot.ca Vous y découvrirez sans doute une lecture bien agréable et différente de celle-ci.

À la semaine prochaine.

GG

mardi 14 avril 2015

Usurpation d’identité sur les «carrés rouges» de 2012

 

Par Georges Gaudet

georgesgaudet49@hotmail.com

Les fidèles de ce blogue verront bien dans la colonne de droite intitulée « Mon credo » que je fus un sympathisant des carrés rouges de 2012. Les étudiants et plus tard une grande partie de la population descendirent dans la rue pour une cause majeure : la gratuité scolaire et la non-augmentation des frais de scolarité. Je demeure persuadé que le gouvernement de l’époque à agi avec brutalité, bafouant toute liberté d’expression populaire et votant à la va-vite quelques lois qui avaient plutôt pour but de casser les étudiants et surtout masquer ce qui se passait en sourdine, c'est-à-dire ce que la fameuse commission Charbonneau nous a en partie révélé.

Identité

La donne n’est plus la même aujourd’hui. Oui, le peuple est écoeuré, mais il a élu ce gouvernement et ce n’est pas à quelques étudiants en mal de tout casser de se servir de leur lieu d’étude pour faire valoir leur frustration. Il y a sous ce mouvement quelque chose de plus sournois et de plus pernicieux. La violence n’a jamais rien donné ni rien résolu. Toutefois, je suis convaincu que la violence d’aujourd’hui n’est que le résultat malheureux de la conduite déplorable du gouvernement de 2012 et du mépris de celui de 2014. Cependant, c’est aux électeurs de faire valoir leur déception et non pas quelques casseurs masqués qui sont bien heureux de tout détruire dans une université. Pire encore, ils détruisent très bien la réputation nationale de leur lieu d’apprentissage. De quoi se demander qui ils sont et pour qui ils travaillent.

…Extrait d’une chronique à paraître dans un journal local.

À propos des grèves étudiantes

Depuis quelques semaines, un noyau d’étudiants de l’UQAM et du Cegep du Vieux-Montréal fait la une des médias. Saccage des locaux, invasion des classes par des personnages masqués, non-respect de la démocratie estudiantine, enfin, c’est le bordel. Ce n’est pas d’hier que certaines grandes révolutions ont commencé dans le milieu universitaire. Certains de ces conflits furent bénéfiques, d’autres furent des catastrophes. Les exemples ne manquent pas. Il suffit de se rappeler la révolte des étudiants Chinois à Place Tian’anmen en 1989, la révolte des universitaires à Téhéran en 2009, le printemps arabe en Tunisie en 2010 et bien d’autres. Pour la plupart, ces mouvements de masse ayant eu pour origine les universités de ces villes ou pays finirent par se généraliser au sein de l’ensemble de la population. Tous ces mouvements furent le résultat d’une écoeurite aigüe d’une majorité de citoyens envers leurs dirigeants. Malheureusement, ces dirigeants étant détenteurs de moyens puissants de répression, ces mouvements ont fini par mourir de leur belle mort, écrasés par la puissance des armes à la disposition de leurs despotes.

Revenons au Québec

En sommes-nous rendus là au Québec? – la réponse est non, du moins pour l’instant. Les étudiants qui pour la plupart souhaitent défendre une juste cause sont manipulés par deux puissantes instances qui travaillent en sourdine. D'une part, les grands syndicats savent très bien mousser l’esprit de révolte chez certains jeunes passionnés et d’autre part, l’establishment politico/économique de nos gouvernements sait lui aussi très bien exploiter la fibre dominante chez les autres étudiants plus pacifiques. Vouloir réussir une carrière après les études est plus que légitime pour un étudiant. C’est là le but d’une formation adéquate. Être aveugle à tout se qui se passe de tordu dans notre société et de là aller jusqu’à en approuver l’existence pour y trouver sa place au soleil est tout autre chose. Présentement, il semble y avoir un véritable foutoir dans les motifs de la révolte actuelle. Est-ce là le but des tireurs de ficelles qui agissent dans les deux camps? – la question mérite d’être posée et la réponse difficile. Dans ce cas, il risque de n’avoir qu’une catégorie de perdants et ce sera les étudiants. Le risque sera alors grand d’avoir contribué à fabriquer de toutes pièces de futurs soldats professionnels de la révolte avec toutes les conséquences désastreuses qui en découlent. L’exemple des jeunes d’origine québécoise ou canadienne qui s’engagent passionnément dans la cause de l’État islamique n’est que le reflet d’une telle situation. Bien sûr, il y en aura toujours pour dire qu’il ne s’agit que d’une petite minorité de frustrés, mais les chiffres commencent à faire mentir cette affirmation. Quand l’idéal meurt alors qu’on a à peine 20 ans, quand le rêve meurt alors que le diplôme en poche ne vaut plus rien, quand les meilleurs postes sont réservés à une élite indépendante de la compétence, mais héritière d’une bonne famille, alors tout devient possible pour le jeune déçu. La recherche d’un nouvel idéal devient impérative et le choix qui se présente n’est malheureusement pas toujours le bon.

Printemps érable 2012

En 2012, j’ai porté le carré rouge avec fierté et je n’en ai aucun regret. Deux raisons animaient ce choix. 1.— La conviction que l’accès gratuit à des études supérieures pour des jeunes qui en ont la capacité intellectuelle et la volonté d’y arriver pouvait être une garantie d’enrichissement de la société. 2.— Un profond désaccord envers le gouvernement Charest qui plutôt que d’établir un dialogue avec les étudiants, a choisi la répression sauvage par le biais de lois anti-manifestations qui ont jeté de l’huile sur le feu, fait voler en éclat un minimum de liberté démocratique et fait passer les contestataires pour une bande d’enfants gâtés. C’était la tactique du père qui frappe sur ses enfants, sur leur avenir et qui tout en frappant, leur interdit de pleurer. Les résultats ne se firent pas attendre. Les rues de Montréal et Québec se remplirent de marcheurs de toutes catégories, de tous les milieux, hommes femmes, enfants, étudiants, travailleurs et malheureusement, quelques casseurs bien placés dans la foule. Ces casseurs venaient d’où?- mystère et boule de gomme, mais j’avancerais l’hypothèse qu’ils étaient commandités de parts et d’autres par les deux camps opposés, soit le patronat et les syndicats. Rien comme un bon chiard pour foutre le feu à la cabane et accuser tout le monde pour ensuite prendre toute la place au nom de l’ordre et d’une démocratie fort malmenée.

Aujourd’hui

Porterais-je le carré rouge aujourd’hui? – la réponse est non tout court. Cette fois-ci, les raisons de la révolte ne sont pas claires et quand vous voyez des étudiants manifester en cassant tout sur leur passage tout en ne sachant pas pourquoi ils manifestent, là je débarque. En second lieu, les votes à main levée me font horreur dans une société qui se dit démocratique. Pour avoir déjà été étudiant et mêlé à ce genre de conflit il y a bien longtemps de cela, j’en connais les tactiques. Identification des pour et des contre pour mieux cibler une certaine imposition des visions d’un exécutif, quitte à créer de l’intimidation ou dans un moindre cas, un rejet ou une fatigue de l’assistance. En agissant ainsi, les conseils étudiants se tirent dans le pied alors qu’un vote bien mené et définitif donnerait toute la légitimité de leurs choix, quels qu’ils soient. Ceci étant dit, il est clair que deux visons s’opposent. D’une part, celle restreinte au milieu scolaire, à l’acquisition de connaissances et la réussite académique. D’autre part, une conscientisation beaucoup plus globale de ce qui se passe dans notre société et une réaction face à ce que le futur promet si les choses continuent dans le sens où elles se dirigent aujourd’hui. Avant de descendre dans la rue, il faudrait peut-être quand même songer à démêler cet enchevêtrement de sujets et d’objectifs.

Depuis 2012

Depuis 2012, le Québec a connu deux nouveaux gouvernements, une tentative d’assassinat politique qu’on tente par tous les moyens de faire passer pour un fait banal et une période d’austérité imposée de toutes pièces sans jamais avoir été annoncée. Même que le mot « austérité » qui selon le Petit Larousse veut dire : « mortification physique et morale » ne trouve pas sa véritable définition auprès de l’ensemble du peuple, sinon que ce dernier dit constamment par le biais des médias… qu’il souffre. Et comme si ce n’était pas assez, on lui annonce qu’il n’a pas fini de souffrir et que c’est loin d’être terminé. Ajoutons à cela une pénible commission d’enquête publique qui a révélé le vol de milliards de dollars à l’ensemble de la société québécoise sans que les vrais responsables soient au moins punis autant que le petit revendeur de pot sur un coin de rue, et vous avez de quoi faire sauter le clapet d’une population bien tranquille. Quant à cette éventualité, il est peu probable qu’elle arrive à moins d’évènements majeurs qui ne font pas partie de l’échiquier politique d’aujourd’hui. Il ne faut pas oublier que le peuple a élu un gouvernement minoritaire avec les bras liés pendant 18 mois pour ensuite, réélire un gouvernement majoritaire ayant eu comme motus Vivendi la peur d’un référendum et non l’imposition d’une période d’austérité étalée sur quatre années, peut-être plus. Qu’on soit d’accord ou non avec ce gouvernement, il faut reconnaître que c’est la majorité de la population qui l’a élu et s’il est une chose qui m’horripile quand j’entends des gens se lamenter de notre situation politique et économique, l’envie me démange de leur demander pour qui ils ont voté?

Des craintes

Chaque printemps, je voyage un peu dans certaines parties du Québec. D’année en année, j’observe des changements au sein de la population. Il ne suffit que de conduire sur une distance de 1500 km ou de s’assoir dans un restaurant populaire pendant un peu plus d’une heure pour constater à quel point l’humeur d’un peuple change. Autrefois passablement poli et tranquille sauf en de rares exceptions, l’empressement, l’impolitesse, le manque de savoir-vivre, le langage vulgaire, l’irrespect des moindres règles routières et les gestes peu recommandables envers ses semblables sont devenus monnaie courante. Chacun est dans sa bulle et la protège de je ne sais quoi, mais tout ça n’augure rien de bon pour l’avenir. Ce qui était l’exception autrefois est maintenant devenu la règle et il faut rouler sur les routes du Québec en certaines occasions pour se rendre compte à quel point notre peuple est devenu plus que stressé. Il semble s’en aller directement vers la folie et cela m’attriste autant que la peur d’avoir raison dans l’ensemble de ces observations.

Malgré tout, il y a parfois des miracles de bonté et de compassion, même s’ils sont de plus en plus rares. C’est probablement ce qui les rend d’autant plus beaux, riches et pleins d’espoir.

Bonne semaine à toutes et à tous. GG

lundi 6 avril 2015

Les déchets des uns, les trésors des autres.

Par Georges Gaudet

georgesgaudet49@hotmail.com

Assailli par la culpabilité dans une grande ville

(*faits vécus)

 

SDF bien nantis 

Des SDF bien nantis, …mais pour ce qui est des humains ???

Montréal est une grande et belle ville. Comme toutes ces agglomérations où les gens sont entassés les uns sur les autres, les plus riches dans les hauteurs et les plus pauvres dans les bas-fonds, cette ville est capable du meilleur comme du pire. En résumé, cette grande bourgade a toujours eu le don de me foutre un grand malaise en peu de temps, voire même en une seule demi-journée.

Me voilà donc en train de bouffer sur l’heure du midi, bien calé devant un met chinois, en plein cœur de la citée souterraine de la ville fondée par le Sieur de Maisonneuve et Jeanne Mance vers l’an 1642. Du moins, c’est ce qu’on nous en a appris tout en oubliant que les Iroquois et les Hurons se disputaient ce territoire bien avant l’arrivée des « faces blêmes » venant d’Europe. Bon! Revenons à aujourd’hui. La place est pleine de monde et à observer les habits de chacun, il y en a pour toutes les classes de la société. Personnellement, je me suis habillé « chic », car en plus de la journée qui sera passée au lèche-vitrine, la soirée sera consacrée à une pièce de théâtre à laquelle je souhaitais assister depuis quelque temps. Malgré mes revenus habituels qui se situent au ras de la moyenne inférieure, je suis de ces chanceux que les grands malheurs ont passablement épargné jusqu’à ce jour. Alors, il m’arrive parfois de jouer le jeu des apparences et de me payer une apparente aisance, ce qui me permet encore plus d’observer l’univers humain qui m’entoure.

essai 

Il m’arrive parfois de jouer l’inverse aussi. Cela permet de s’imprégner de la réalité des autres.

Je suis donc là, devant mon plateau de carton et un type à l’apparence d’un nettoyeur de cabarets se promène entre les meubles en tenant un sac de plastique qui me semble rempli de déchets de table. À ma grande surprise, il sollicite un jeune couple assis non loin de moi pour que ces derniers veuillent bien vider le contenu de leurs restes dans le sac qu’il leur tend. Comme ils s’exécutent, ils sont gratifiés d’un grand merci, d’un Dieu vous le rendra et je réalise tout à coup que les déchets de table que ce type ramasse, c’est sa nourriture à lui. Malheureusement, mon assiette est déjà vide, même que j’en aurais léché le fond n’eût été du monde autour. Je fouille dans mes poches et je n’ai que quelques gros billets, enfin, des gros billets selon ma propre échelle, c'est-à-dire quelques 20. $ et j’ai honte. Je suis partagé entre l’envie de courir après ce type afin de lui donner un vingt et cette petite voix intérieure qui me dit « reste assis » et ne bouge plus. Des images flottent en ma tête. La parabole biblique de l’homme riche et ses chiens qui mangent les miettes sous sa table alors que le pauvre qui le sollicite n’a rien. Je crois que St-Mathieu connaissait bien la nature humaine. Quelque temps plus tard, un type acquiert un plat bien fourni et il paye sur-le-champ. Légèrement barbu, chemise de bûcheron, il est du type prof d’université ou contestataire professionnel de l’humanité. Il claque alors des doigts et comme par magie, mon bonhomme au sac de plastique surgit de derrière une colonne et s’avance vers lui. C’est là que je viens prêt de tomber en bas de ma chaise. Il donne tout son repas au pauvre type qui en pleure de joie, de courbettes et de remerciements, puis il s’en va comme il est venu. Alors, là j’ai vraiment honte de moi et puis le pauvre type, il s’assoit derrière une colonne et commence à déguster ce repas tout frais. J’en ai les larmes aux yeux et je me trouve lâche. Je n’étais pas encore habitué à ce genre de détresse. Un agent de sécurité surveille du coin de l’œil ce pauvre homme, mais il ne semble pas souhaiter intervenir. Tant mieux pour lui et peut-être aussi pour moi, car j’étais prêt à lui sauter dessus s’il intervenait.

En soirée

SDF

Avec ma compagne, rue Ste-Catherine, non loin de La presse internationale, nous voyons un policier sortir d’un restaurant avec une assiette remplie de saucissons et autres victuailles, puis il s’engouffre dans la voiture demeurant stationnée au coin de la rue. Marchant le long de l’hôtel des gouverneurs, même bien habillés, nous grelotons de froid. C’est alors que nous remarquons un homme couché sur le trottoir. En réalité, à première vue cela semble un amas de vieux linge abandonné sur le ciment froid par un petit -15 °C. Réalisant qu’il y a un être humain sous cet amas de vieux linge, nous ne savons que faire. Je n’ai pas de cellulaire et qui pourrait-on appeler? Dans quel état est cette personne? Les gens tout autour l’enjambent presque ou le contournent. La voiture de police tourne à quelques pieds du malheureux et entre dans le garage chauffé de l’hôtel. Il s’agit du même policier et je remarque que son plat de saucisses est toujours sur le siège avant, à droite. Je fais un effort pour ne pas juger ce policier, car je ne sais pas s’il a vu la scène et comme tout le monde passant, je ne suis pas mieux. Nous ne savons que faire, mais il me vient à l’idée que s’il s’était agi d’un chien blessé au même endroit, quantité de personnes se seraient intéressées au sort de l’animal. On aurait probablement appelé la SPCA ou quoi encore. Le chien aurait peut-être fait la une d’un journal, tout comme ces animalistes qui pleurent sur le supposé mauvais sort des loups-marins dans le golfe, mais là, un homme ou une femme, couchée sur le trottoir par -15 °C, il n’y avait rien à faire. Était-ce une personne violente, agressive, dangereuse? Est-elle morte gelée sur le trottoir en cette même nuit? Nous ne le saurons jamais, mais à ce stade de la survie, il s’agit toujours d’une personne malade, dans tous les sens du mot. Ne sachant que faire, la mort dans l’âme, rageant contre une société ne comptant que sur le bon cœur de bénévoles et pas capable de se payer une escouade spécialisée pour remédier à une pareille détresse, j’ai moi aussi contourné cet être humain et puis je suis allé assister à la pièce de théâtre réservée depuis longtemps. Torturé par ma conscience et bouleversé par un tel étalement de misère humaine, j’ai quand même réussi à rire de bon cœur et à oublier ces évènements pendant la plus grande partie de la pièce de théâtre.

Au sortir du St-Denis, un type à l’allure peu reluisante tendait envers les bienheureux spectateurs éblouis par la performance théâtrale, un vieux verre en carton avec quelques sous dedans. N’y tenant plus, j’ai fouillé dans mes poches et sans regarder la valeur du billet, je l’ai mis dans le gobelet du pauvre type. Oui je sais, je l’ai fait pour soulager ma conscience, mais je l’ai fait aussi pour contribuer un peu à la réparation d’une injustice flagrante, celle qui permet à une société de tolérer que des banques empochent des millions détournés vers des paradis fiscaux avec bannières au soleil. J’aurai toujours de la misère avec une société qui se paie les meilleurs avocats, les meilleurs médecins, les meilleurs spécialistes, pour « dorloter » sa minorité richissime tout en accusant celui qui du fin fond de sa misère, doit bien être l’artisan de son propre malheur. Certains me diront que ces gens font volontairement pitié pour attirer une fausse sympathie et qu’ils gagnent souvent plus que les donneurs eux-mêmes. Certains autres me diront que c’est le choix personnel de ces personnes et que des maisons de charité existent pour eux un peu partout dans la ville. D’autres diront que c’est ainsi et que dans le monde, il faut des gagnants et des perdants. « Bullshit »!

Les pires des criminels, assassins d’enfants ou coupeurs en rondelles de leur prochain, auront quand même leurs trois repas par jour en prison. Ils seront vêtus et placés dans un endroit chaud, protégés qu’ils seront par une convention internationale. On nous dira qu’il en va de la dignité humaine et j’adhère à ce principe. Alors, pourquoi celui qui au plus profond de sa malchance, de son manque de jugement, de ses démons ou de ses erreurs et qui se voit condamné à la rue, n’a même pas droit à un abri, la chaleur, le vêtement et la nourriture? Qu’en pensez-vous, monsieur le maire Coderre? Qu’en pensez-vous, monsieur Couillard? Qu’en pensez-vous, monsieur Harper? Vous me direz peut-être que je ne suis qu’un petit madelinot qui ne supporte pas ce que les Montréalais sont habitués de voir et ne voient plus, puis vous auriez raison. Justement! – j’espère ne jamais devenir aveugle à ce point. Nous chassons le loup-marin chez nous, mais jamais nous ne laisserions un humain couché le long de la rue, sur un trottoir ou près d’un édifice chauffé, sans lui porter secours. Cela ne se fait tout simplement pas, même pour un chien ou un chat. Votre ville est belle, monsieur Coderre, mais elle serait tellement plus belle si vos malheureux n’étaient ni exposés ni cachés, mais bien, aidés. Qu’en pensez-vous, monsieur le maire?

Malgré tout, bonne semaine à vous toutes et tous, lecteurs fidèles.

GG