dimanche 31 mai 2020

L’amour à l’envers

Je sais, ce n’est pas très populaire de parler de ce sujet en ces temps de folie à travers le monde. Ce matin je me suis réveillé les dents serrées, la mâchoire barrée. Mauvais signe!...et non ce n’est pas le covid. Je suis habitué à cette réaction de mon corps depuis des années. Cela m’arrive chaque fois que je me retiens d’écrire à propos de quelque chose qui me fait mal psychologiquement et que je refuse de coucher sur papier dans l’immédiat. Ce matin, ce fut la chanson de Gabriel et Évangéline qui m’a soulevé les paupières via mon réveil «googoulé» sur des chansons françaises. Je croyais sortir d’un cauchemar oublié mais hélas, pour me retrouver dans un autre bien réel celui-là. 

Est-ce que la chanson terminée sur le pardon d’Évangéline envers ce monde qui lui avait refusé l’amour de son Gabriel parce que ce sort lui avait «accordé» le bonheur triste ou le «privilège» de tenir l’homme de sa vie mourant dans ses bras m’a interpelé plus qu’à l’habitude? -Étais-ce que la suite de cette chanson fut suivie par le score actuel des victimes de cette merde de virus annoncé comme s’il s’agissait des résultats d’une partie de hockey a fait que je me suis senti si morose? Je n’en ai pas la réponse, mais j’ai pensé à toutes ces mains mourantes qu’on a laissé seules, sans être tenues par des mains amoureuses et vivantes, ce lien essentiel en rite de passage vers l’autre côté du miroir de la vie. J’ai pensé au privilège douloureux mais essentiel que j’ai eu de tenir dans mes bras ma mère et par la suite mon frère, plus jeune que moi, passant de l’autre côté de la vie. J’ai pensé à mon père en plein coma et à qui j’ai pu parler comme s’il m’entendait tout en lui tenant la main d’une part et en caressant son front de ma main libre. Comme il est triste aujourd’hui de savoir qu’on a refusé ce privilège à des familles, des enfants dont les parents étaient mourants au nom de leur soi-disant propre sécurité. À Tout le monde en parle, la spécialiste des épidémies, la Dre Johanne Liu a dit : «Quand j’étais en Afrique de l’Ouest…on s’est fait tout pardonner par la population. La chose qu’on ne nous a pas pardonnée, c’est d’avoir laissé mourir les gens tout seuls». 

NON ÇA NE VA PAS BIEN
Quelque chose cloche dans ce système et je me demande encore si les positions adoptées par ceux qui nous dirigent se rendent vraiment compte du désastre à venir de leurs décisions, à moins qu’ils aient fait l’équation suivante : «Combien de morts à cause du virus versus combien de morts à cause du confinement et des restrictions à plus long terme?»et qui sont ceux qui les conseillent ! J’ai 70 ans, je ne prends aucun médicament et selon mon médecin de famille, en bonne santé. «Tu es un toff»…ce sont ses paroles. Pourtant, tout autant que mes consœurs et confrères du même âge et/ou plus avancé, on nous a dit : On vous aime tellement qu’on tient à vous protéger. Pour ce faire, on va vous enfermer, vous interdire de sortir, vous suivre à la trace si vous y êtes obligés, car vous êtes les plus vulnérables de la société. Plus que cela, les couples véritablement amoureux, disons-le, qui couchent ensemble et qui n’ont pas la même adresse civique doivent être séparés sous peine d’une amende de plus de 1500.$/chacun. Disons qu’un pareil montant pour des gens riches ne signifie pas la même chose que pour un couple pas mal plus pauvre. Et moi qui croyait bien naïvement que l’amour, ça ne s’achetait pas! …mais s’ils ont la même adresse, disons qu’ils peuvent dormir ensemble sans aucun problème. C’est comme interdire aussi aux plus jeunes de ne surtout pas tomber amoureux en ces temps-ci, à moins de s’aimer à six pieds de distance. Un «french»par internet n’a certainement pas la même saveur que le vrai de vrai, mais peut-être que les autorités ne le savent pas ! Dit autrement, c’est comme si on avait dit aux 70 ans et plus, on vous aime tellement qu’on vous met en prison pour vous protéger. N’est-ce pas ce qu’on fait au criminels? On les prive de leur liberté la plus élémentaire et on leur permet « la roulotte d’amour » sous conditions et pour un temps déterminé ! 

Il y a malheureusement une autre lecture que l’on peut faire de tous ces évènements. Nos gouvernants ont eu tellement « la chienne» que les plus âgés prennent toute la place de leurs lits d’hôpitaux à cause de leur supposée vulnérabilité, indépendamment de leur état de santé individuelle, qu’ils ont «emprisonné» tout le monde en fonction d’un foutu chiffre. Un des effets pervers de cette décision fut que les «vieux de 70 ans et plus»furent identifiés comme les propagateurs du virus et non l’inverse. Le mur à mur est plus facile à appliquer quand on ne sait pas quoi faire d’autre, pas vrai ? Et voilà que l’aide arrive. Le scandale des CHSLD de par son ampleur déjà connue depuis des décennies, vient d’éliminer dans une tristesse et un scandale absolu, une très grande partie des plus vulnérables de la société. Comme par hasard, maintenant que « la courbe est aplatie» ou commence à « s’aplatir», c’est l’économie qui devient la priorité. Ouf!...on a eu chaud et dépêchons-nous maintenant d’oublier ce mal qui continue de ronger nos sociétés occidentales, c’est-à-dire l’abandon des personnes âgées dès qu’elles ne sont plus « rentables » pour le système, même qu’elles sont une bonne source d’exploitation pour le secteur privé. C’est bien connu que jusqu’à 10,000.$/mois pour être soigné au privé, c’est toute une mine d’or qui ne risque pas de s’épuiser de sitôt, covid ou pas et comme si tous les vieux étaient tous riches.

Bon, mes mâchoires commencent à se relâcher. J’ai écrit ce que j’avais en travers du cœur. On parle de « dé confinement » un peu comme si on nous annonçait une sortie de prison, mais le tout assorti d’une menace d’y retourner au moindre faux pas et pour toute la population. Je ne suis pas un partisan du complot mondial, mais comme le dit la maxime : «L’occasion fait le Larron» et il ne faudrait pas que cette question de complot mondial soit balayée sous le tapis ou ridiculisée sans avoir le droit de poser la question. En effet, avec tout ce qui s’est passé depuis décembre à l’échelle mondiale, quelle merveilleuse occasion pour les grandes fortunes bancaires de ce monde de profiter de l’occasion pour analyser le comportement des différentes sociétés face à leurs habitudes de consommation, face à leur privation de liberté, face à leur comportement de délinquance ou pas, en somme face à leur «docilité». Le mot a d’ailleurs été prononcé à propos des Québécois dans une certaine conférence. Déjà qu’on nous dit du bout des lèvres que notre monde ne sera plus jamais comme avant et qu’il faudra s’habituer à la distanciation permanente et à tous ces contrôles plus ou moins contraignants. Oui je veux bien d’un monde qui changera à jamais, mais surtout d’un monde moins pollué, moins manipulé et surtout plus humain et non l’inverse. Je le répète, j’ai 70 ans et j’ai toujours respecté le port du masque, le lavage fréquent des mains et la distanciation sociale en plus de toutes les autres exceptions qu’on nous a imposées, mais aujourd’hui, vous savez quoi ? S’ils étaient vivants aujourd’hui, je dirais FUCK LE COVID et ses prisons invisibles. J’irais voir mon père et je l’embrasserais sur les deux joues tout comme je le faisais quelques années avant qu’il parte pour l’autre monde tout en lui répétant «je t’aime papa». Je prendrais ma mère dans mes bras et je me laisserais pleurer sur son épaule jusqu’à ne plus avoir de larmes et puis je serrerais mon frère tellement fort dans mes bras qu’il serait obligé de me dire : «Tu me serres trop fort, j’étouffe.»…Et si eux, ils avaient échappé à l’enfer qu’on nous propose actuellement en ce «bas monde» ? La question se pose !

Georges Gaudet