Je ne sais quoi en
penser
Est-ce
bien ainsi, je n’en sais franchement rien. J’imagine ne pas être le seul à
avoir eu ce sentiment étrange d’être passé par une chaîne de montage automobile
hautement informatisée et puis une fois bien ciré et rassuré, être poussé sur le stationnement aux portes de la sortie
d’usine.
Chronologie d’une
inspection mécanique
Il
est 7 h 15. J’entre sur un immense stationnement de voitures. Gardez le ticket avec vous afin de payer à
l’intérieur. C’était écrit sur le bout de papier craché par la machine. J’entre
donc dans ce qui semble un grand centre d’achat avec des ailes construites en
étoile. Il y a un tableau respectable au centre qui indique des chiffres. Numéro 142.
Je comprends que je dois prendre un numéro, mais où? Je demande poliment à la
dame derrière un guichet aux vitres blindées où il faut aller pour se procurer
un numéro. Là bas, juste en arrière qu’elle
répond avec un air de « comment ça,
vous ne savez pas ni où ni comment vous procurer un numéro? » Un gros
bouton rouge est à plat sur une table et sans autres indications, j’appuie
dessus. Ah, je suis le numéro 166, voilà qui est rassurant. Devant moi, un
autre grand écran indique des numéros. Il affiche 153-3. Comme il y a 5
guichets vitrés juste en dessous du numéro affiché, j’en déduis qu’on sert la
clientèle sous le troisième guichet. Alors, j’attends et en profite pour sortir
un petit roman afin de tuer le temps.
Il s’agit de Les grandes marées de
Jacques Poulin. Comme j’arrive juste à la phrase « le paradis sur terre ne dure jamais longtemps, le 166-3
scintille sur l’écran. Je sors mon meilleur sourire pour la dame derrière la
verrière tout en lui disant que je ne connais pas très bien le centre d'achats en question. Elle me rend un sourire et me demande
si j’ai la carte de l’établissement. Non,
je ne l’ai pas.- Bin monsieur, il vous faut LA CARTE, sinon pas de service ici.
Alors, je vais vous en faire une. OK d’abord!
Une
fois la précieuse carte en main et « la
soleil » bien imprimée sur une grande feuille en au moins 5 copies carbone,
je reçois les indications suivantes : Prenez l’aile ici à votre droite,
puis présentez ce formulaire à la dame devant la porte C. Alors, je me rends
dans l’aile indiquée et je présente le formulaire à la dame devant la porte C.
Elle me remercie, fait un demi-tour et dépose le formulaire dans la boîte jaune
collée sur la porte. Elle se retourne vers moi, me sourit et m’invite à m’asseoir
en attente. Une demie heure plus tard, j’entends mon nom crié dans un micro
quelque part. Je me présente donc à la porte C et comme par magie elle s’ouvre.
On me déshabille, me branche de partout et me retourne dans une autre salle
d’attente. Une quinzaine de minutes plus tard, une personne m’interpelle.
J’entre dans une salle ou je suis accueilli par un spécialiste asiatique, sans
doute compétent, mais qui me parle comme un commandant militaire. Pour peu, je
me serais cru en Corée du Nord. Les questions d’usage fusent comme des boulets
de canon et devant une hésitation, j’ai presque droit à une réprimande.
Heureusement, l’assistante qui m’avait précédemment branché de partout gardait
un sourire rassurant. C’est d’ailleurs elle qui a tout fait le travail technique.
Boutons ici, pitons là, graphique marquant bien les données, vitesse du tapis
roulant, pente ascendante puis ralenti une minute avant l’arrêt complet. Je me
sentais comme une Honda en inspection avant sa sortie d’usine. Pendant ce
temps-là, le spécialiste entretenait une conversation qui semblait bien
rigolote avec une personne à l’autre bout du fil téléphonique. Enfin,
l’assistante dépose le graphique sur son bureau. Il le lit à voix haute devant
moi et en même temps devant une machine enregistreuse. Tout est négatif monsieur. Bonne journée. Ce fut presque sortie côté
jardin, tant j’ai dû ramasser mon linge en vitesse, car une autre voiture,
pardon, une autre personne attendait derrière la porte.
Payer pour sortir
Réflexions sur la
route du retour
Certains
me diront que je suis chanceux. Au moins, j’ai pu subir un examen. C’est vrai,
mais il faut aussi souligner qu’il s’était ajouté un mois auparavant une
attente de 45 minutes, les pieds gelés dans la « slutch » devant une
clinique privée sans rendez-vous et deux visites à un CLSC pour prises de sang
annulées, car sans raison extraordinaire, pas d’électricité lors de ces deux journées-là.
Une troisième visite fut alors établie en plus d’un questionnaire de 4 pages
dans le but de trouver un médecin de famille, chose impossible qui me fut dite
par la préposée ayant reçu, sans le lire, mon questionnaire dûment complété.
Questions
Q : Si mon chien avait
besoin de suivi cardiaque, aurais-je dû réaliser un tel parcours afin d’obtenir
les services d’un vétérinaire?
R : Non.
Q : Quand je vais chez
Walmart, Super C, IGA ou tout autre magasin ou centre d’achats, est-ce que je
paie pour le stationnement?
R : Non.
Q : Alors, pourquoi je
paie quand je dois me rendre à l’hôpital ou à un CLSC… mais assez
paradoxalement pas à une clinique privée?
Voici
une réponse personnelle. Parce que les citoyens sont en position inférieure de
chantage. Certains voudront peut-être amener l’argument que j’achète quand je
vais dans un centre d’achat et que les proprios me font payer le stationnement
par le biais de ce qu’ils me vendent… et ils auraient raison. Cependant, il ne
faudrait pas oublier que quand je vais dans un centre d’achat, c’est sur une
base libre et volontaire, alors que la visite en centre hospitalier, ce n’est
jamais le cas. Et surtout, ne me dites pas que je ne paie pas pour les services
médicaux. L’argument ne tient pas. Collectivement, il semblerait que nous avons
payé jusque 400 M.$ de trop aux médecins spécialistes pour les services qui
nous sont vendus. Nous aurions, selon
les dernières nouvelles, permis à ces gens au savoir acquis à même un gros
pourcentage de nos taxes et impôts, un équilibre salarial avec les autres
provinces, même si ici, dans nos établissements d’enseignement, les frais de
scolarité sont moindres qu’ailleurs et les coûts immobiliers tout aussi
inférieurs que dans le reste de ce pays. Alors, ne me dites pas que les soins
reçus par qui que ce soit en cette province sont « gratos », loin de
là. Alors, pourquoi payer pour un stationnement si ce n’est que la clientèle
n’a pas le choix, contrairement à tous les stationnements des Walmarts et IGA
de ce monde? Dans mon livre à moi, cela s’appelle du chantage économique ou de
la mauvaise gestion, mais là je m’arrête, car la prochaine fois, les résultats
ne seront pas nécessairement négatifs sur le tapis roulant… et je devrai me
payer de nombreux stationnements pour me faire soigner.
Bonne
semaine à toutes et à tous.
GG