samedi 25 avril 2020

J’ai vu le diable

Essai écrit et publié en 2002
Plusieurs m’ont demandé où j’avais pris ma source d’inspiration pour écrire l’essai UN CRI DANS LA DUNE publié en 2002. Bien sûr, l’inspiration ne vient pas que d’un seul endroit, mais je peux quand même partager avec les lectrices et lecteurs quelques moments d’éveils bien particuliers.

Au début des années 2000, précisément en juillet, je débarquais pour la première fois à Las-Vegas en pleine canicule. Le lendemain de mon arrivée, vers 8hr le matin, tout juste avant que le thermomètre atteigne les 39ºC, (102ºF), je marchais sur la rue Fremont. Déjà, dans cette ville qui ne dort jamais, le bruit des machines à sous emplissait l’atmosphère de l’endroit et même à cette heure, une quantité impressionnante de personnes, cartes insérées dans les machines, pressaient frénétiquement les boutons de ces appareils tout en espérant y découvrir le gros lot, sous-entendu…le bonheur. 

C’est là que je crois avoir vu le diable pour la première fois. Pas un être avec des cornes, une fourche à foin à la main et une queue en pointe de flèche, oh que non!...mais une machine infernale, portrait d’une société en déclin, porteuse de faux rêves, gobeuse d’économies de vies entières, le tout bien programmé pour donner l’impression que le bonheur est au bout de ces millions de «blings blings», un peu comme si l’argent obtenu par une infime minorité de personnes, pouvait être accessible à tous. En somme, un immense mensonge m’est apparu en pleine face. Las-Vegas n’est pas exceptionnelle. Cette ville peut être belle et surtout l’État du Nevada dans lequel elle se trouve, comporte son lot de beautés qu’il vaut la peine de voir. Aujourd’hui, ce diable, il est partout, dans les moindres recoins du monde, de la Côte d’Azur à Rio, de Johannesburg  à Vancouver en passant par Montréal et presque toutes les petites communautés de notre planète Terre. 

Il faut ajouter qu’entre 1976 jusqu’en 1979, trois années d’études en communications avec option publicité m’avaient déjà formé à une certaine observation de notre société. Sous le titre pompeux d’une création publicitaire «informative», j’y avais vite découvert la manipulation des masses, la création de l’illusion d’un besoin essentiel qui ne l’est pas vraiment et pire, le comment propager un mensonge à répétition pour qu’il nous semble être une «vérité». Bien sûr, on ne nous enseignait pas ça comme tel, mais pour qui savait s’arrêter pour penser un tant soit peu, cette réalité se révélait d’elle-même.

Le Mont Charleston à environ 100 km de Las-Vegas.
Ainsi, après avoir dépensé 21.$ en deux années dans les casinos (oui-oui…21.$ seulement), mais probablement plus de 400.$ en déjeuners riches en graisse de bacon dans les restos de ces casinos, je me suis permis une escapade de ski de printemps au mont Charleston à environ 100 km de Las-Vegas. Comprenez-moi bien, je ne suis pas contre le plaisir, loin de là. Le plaisir, la joie et le bonheur sont cousins cousines d’une vie heureuse, mais je ne crois pas que ce soit à n’importe quel prix. Pour les croyants, Jésus n’a-t-il pas fêté au noces de Canaan avec du vin, même qu’ils en auraient manqué. C’est donc après avoir quitté la ville au bas de la vallée par déjà 20ºC (68ºF) en cette fin de février que je me suis permis de dévaler une superbe pente de ski, torse nu, la peau comme une fesse de bébé, tout en profitant d’un soleil volontaire se reflétant dans la neige déjà granuleuse. Et puis, c’est du haut du monte-pente que je vis Las-Vegas dans sa réalité. L’air était pur en haut du mont Charleston, les sapins, les pins et les épinettes étaient en santé et la neige recouvrait encore la presque majorité des sommets avoisinants. Hélas, tout en bas, dans la vallée, un nuage d’une couleur indéfinissable, allant du gris sombre au jaune fade en passant par une traînée presque rouge masquait les beautés de cette ville. La pollution m’apparut dans toute son horreur, même s’il n’était qu’en début d’après-midi. C’est alors que je compris vers où s’en allait tout notre monde. Las-Vegas n’était qu’un infime portrait de toute la terre. Une machine infernale régissant par la publicité, la propagande, une illusion de bonheur tout en offrant du travail à une masse critique pour que celle-ci, gobeuse de ce qu’on veut bien lui montrer, soit prête à travailler jours et nuits afin de se payer, en un court laps de temps, une illusion de bonheur des millions de fois jamais atteint. 

Plus tard, en fin de journée, je revins chez ma compagne d’alors et je décidai de me construire une petite remorque avec laquelle je revins chez-moi en début de mai, tout en la tirant derrière ma petite voiture de 4 cylindres à travers tous les États-Unis, soit un parcours de plus de 5000 km. Je voulais à la fois vérifier ma théorie observée sur l’état du monde, tout en profitant des beaux coins de ce pays et en y observant plus que jamais ses habitants. Je me souviens de cette journée ou un matin, assoupi dans ma petite voiture sur un stationnement de centre d’achat, j’ai vu cette foule pressée, entrant au travail comme autant d’esclaves afin de nourrir la machine qui allait fournir à d’autres, des besoins parfois essentiels, mais trop souvent des jouets inutiles, créateurs de bonheurs inexistants. Cette scène était tellement surréaliste que je me suis demandé si j’étais vivant ou simplement mort et invisible à tous ces gens immensément pressés et au regard vers le sol et non vers le ciel déjà gorgé de soleil. De plus, je me prouvais à moi-même que l’on pouvait voyager et voir le monde à peu de frais et dans une grande simplicité. 

Un petit repos quelque part au Tenessee dans une halte routière.
Pendant plus d’une dizaine de jours, j’ai dormi dans mon petit campeur de 7 pieds par 4 pieds et 4 pieds de hauteur, construit en contreplaqué et arrêtant dans les «truck stops» et autres facilités du genre en plus d’un arrêt bien accueilli dans une famille de la ville d’Indianapolis, capitale de l’État de l’Indiana. Quelques jours plus tard, j’arrêtai à Longueuil au Québec pour y prendre livraison des 500 copies de mon essai UN CRI DANS LA DUNE. Le moment où j’ouvris les caisses de livres, je me mis à pleurer. Cela faisait depuis 1976, soit plus de 20 ans que j’observais ce monde avec la conviction qu’il allait tout croche et qu’on ne pouvait continuer ainsi. Ne sachant que faire pour exprimer ce désir de partager cette observation, j’avais décidé de la crier à travers les feuilles de ce livre, UN CRI DANS LA DUNE. 

Je ne suis pas nécessairement un partisan de la théorie du complot, car je crois que parmi les êtres de ce monde, il y en a des bons dans tous les domaines et de tous les partis politiques. Cependant, je ne peux ignorer cette vision qui s’impose lentement à l’humanité entière. De tous les temps, que ce soit à partir de l’homme des cavernes en passant par les systèmes féodaux et jusqu’à nous, de guerres en guerres, de tyrans en systèmes dits démocratiques, la cupidité des hommes à toujours brillé par sa présence. Aujourd’hui, contrairement aux époques passées où la valeur monétaire représentait un bien concret, nous en sommes arrivés, grâce à la puissance informatique et à la carte plastique, à un système monétaire artificiel qui ne veut rien dire du tout. La banque mondiale n’appartient qu’à des groupes privés et elle prête à nos gouvernants de l’argent virtuel inexistant avec intérêts, soit de l’argent symbolique de rien et que nous citoyens présents et futurs, devront rembourser tout aussi virtuellement, par notre travail, sinon sous peine de mourir ou de devenir misérables. En somme, rien n’a changé depuis la nuit des temps. Il nous aura fallu un tout petit et invisible ennemi affreux, un «covid» pour nous faire réaliser dans quel enfer l’humanité risque d’être plongée et ceci avec l’appui d’une majorité manipulée par les peurs de toutes sortes, et ce qui est pire, avec des résultats macabres réels, source de doubles peurs. Une humanité qui ne vit que par la peur et une croissance obligée, sera bien un jour, obligée de ralentir. Sinon, d’autres «covids» de toutes autres natures rendront à la terre, notre unique vaisseau spatial, toute la place et le respect qui lui est dû. Déjà que d’avoir classé les gens de 70 ans et plus, sans considération de leur état de santé et de dangerosité, demeurera un précédent d’âgisme qui risque de n’être que le début d’une volonté de sélection qu’on prétendra justifiée et naturelle, alors que le but final sera de maximiser la rentabilité des nations, toujours au service d’une productivité essentielle pour…un système anonyme au service de quelques-uns. Si vous lisez mon petit essai de 2002, vous verrez vite que mon CRI DANS LA DUNE, c’est un peu tout ça, à travers 70 années d’existence.

*Si vous avez lu jusqu’ici, cela me permet de vous informer que dans les jours à venir, je vais tenter de formater cet essai en version PDF afin de l’offrir gratuitement aux gens qui souhaiterais en obtenir une copie numérique. À bientôt peut-être. 
Georges Gaudet       

    

jeudi 23 avril 2020

Jeudi le 23 avril …suite et fin de l’histoire de UN CRI DANS LA DUNE.

ÉPILOGUE

Tancrède était  mort, mais l’amour avait  gagné, c’était là l’essentiel. Comme pour  tracer un chemin  vers le grand rendez-vous  de toutes les créations, un  trou se fit soudainement dans les  nuages. Une lumière ardente envahit  le portique de la grotte et se  posa sur le visage de Tancrède.  Antoine, éberlué,  resta là un moment avant  d’aller avertir «les autorités». Tant de choses s’étaient passées aujourd’hui qu’il ne savait  plus trop  comment composer avec cette situation. Petit à  petit, à mesure que sa raison prit le dessus sur ses émotions, il commença à réaliser que sa vie ne serait plus la même. Quelque chose en lui avait changé et même  s’il ne connaissait pas exactement quoi, il  savait désormais que les paroles de son «téléprofesseur» n’avaient plus le même sens. Une voix intérieure lui  disait que les maîtres de son monde lui avaient menti et  c’était là l’essentiel

L’ÉVEIL

Un souffle bizarre  me caressait sporadiquement la  joue, un rayon de  soleil puissant me  perça les paupières. Couché dans le sable chaud, je réalisai que je m’étais endormi. Le soleil pointait bas sur l’horizon et le vent s’était assoupi.  Il caraissait doucement quelques brindilles de foin de  plage; l’une d’elles s’amusait à me piquer délicatement la joue. Un peu frissonnant, je me levai péniblement, secouai le sable infiltré dans tous mes vêtements, attrapai  mon gilet de cuir et  marchai d’un pas mal assuré jusqu’à  ma voiture stationnée  à  quelques kilomètres  de la plage. J’avais rêvé, je crois... ou était-ce un rêve?


-FIN-

Georges Gaudet

*(…samedi prochain le 25 avril)…je publierai un résumé des principales motivations et inspirations qui m’ont poussé à écrire ce livre. À lire dans «messenger», «facebook» et mon blogue : https://georgesgaudet.blogspot.com  

Prenez soin de vous toutes et tous. GG


English version 

Thursday, April 23rd ... continuation and end of the story of A SCREAM IN THE DUNE.

Epilogue

Albert had died, but love had won.  There was the Essential.  Like tracing a path toward the great meeting of all creations, a hole suddenly appeared in the clouds.  A burning light invaded the gantry of the cave and settled upon Albert’s face.  Tony, flabbergasted, remained there a moment before going to inform “the authorities.” So many things had occurred this day that he did not know exactly how to deal with it all.  Gradually, as reason took over his emotions, Tony realized that his life would never be the same again.  Something had changed, and although he did not know what it was, he already knew that from now on his life was not going to be as his virtual teachers had said. Something strange and extremely powerful was telling him that his own life was going to be what he wanted it to be, and that too, was “essential”.

The Awakening

Something odd was sporadically caressing my cheek and a powerful sunbeam poked through my eyelids.  I realized I had fallen asleep in the hot sand.  The sun was now low on the horizon and the wind had calmed down.  It was gently caressing some brushwood of sand dunes’ hay that seemed to take pleasure in poking my cheeks.  Shivering a little, I stood up painfully, shook out the sand which seemed to have infiltrated all of my clothing, grabbed my leather coat and, on an unsteady step, started to walk toward my car stationed a couple of miles away.  I had dreamed I believe, or was it really just a dream?


-END-

Georges Gaudet


* (… Next Saturday April 25ft)… I will publish a summary of the main motivations and inspirations that led me to write this book. To read in "messenger", "facebook" and my blog: https://georgesgaudet.blogspot.com

Take care of all of you. GG

mardi 21 avril 2020

Mardi le 21 avril …la suite et totalité du chapitre 5 de UN CRI DANS LA DUNE.

LE SECRET

Quand on a découvert  la clef de l'ADN afin de guérir les plus grandes maladies, mais surtout afin de programmer les cerveaux naissants, j'ai béni  les temps  où je suis né. D’une  part, l’espoir était  grand de refaire un monde meilleur, sans maladie et sans infirmité accablant de pauvres victimes. D’autre part, il y avait ceux qui voulaient utiliser la génétique  uniquement  pour créer  l’armée  parfaite, le  soldat parfait,  l’étudiant parfait.  C'est là que  je t'ai  appelé Antoine, alors  que ton père «fédératif», lui, insistait pour  t'appeler ASTER OO9.  Mon cher Antoine, tes  parents biologiques sont  encore vivants aujourd'hui. Il  t’appartiendra  un jour  de  les retrouver  car  ils t’aimaient  beaucoup. Il te faudra alors attendre l’âge de consulter la mémoire universelle stockée dans le DDI (Disque dur international). Tout ce que je peux t’affirmer, c’est que tes parents t’aimaient tant que les autorités fédératives ont senti le besoin de les envoyer quelque part, loin de toi, afin que tes belles qualités puissent être mises au service de leur pouvoir quand tu auras atteint ta maturité. Tes parents  t'ont  été enlevés pour  les  besoins de l'équilibre de  la fédération. Si  on m'a laissé auprès  de toi, c'est parce que ce vieillard,  un peu fou, est inoffensif à ta formation; du moins, c'est ce qu'ils pensent.

Au moment où  l'enfant  allait s’exprimer,  le vieux Tancrède toussa violemment, se plia  en deux, puis se coucha par terre sur le sable  grisâtre. Antoine  tenta  de le  soulever, et  l'appuya sur sa poitrine de  jeune enfant. Adossé à la  paroi ruisselante de la petite caverne, il  pouvait supporter sans  trop de mal, le  corps amaigri de son  grand-père, légèrement  affaissé dans ses bras.  Celui-ci n’avait plus  que la peau  et les  os, un corps vieux  et fini,  meurtri par l’usure du temps, les  épreuves et la maladie. La respiration du vieux Tancrède n'était plus qu'un râle. Il regarda son petit-fils habillé de son scaphandre protecteur et lui murmura d'une voix à peine audible:

- N'oublie  pas, le sable d'or, les étoiles,  le chant des oiseaux, la mer émeraude... 

Antoine le  secoua violemment. De  toute l'énergie de ses  dix ans, il essaya  de tirer son grand-père  hors de  la caverne. Les  forces lui manquèrent et il reprit sa posture première, en caressant doucement le visage de son compagnon. Dans sa tête d'enfant, il ne se reconnaissait plus, de même qu'il  ne savait pourquoi il caressait instinctivement, d'un geste spontané, le visage de son meilleur ami. La seule chose qu’il constatait, c’était ce sentiment de désespoir qui l’enveloppait.

Pour la première  fois  de sa jeune  vie, il  commençait vraiment  à comprendre le sens du mot : «ami» même si cette notion lui semblait quelque peu nébuleuse. Une boule montait dans sa gorge. Il la combattait  de toutes ses forces, mais  plus il la combattait, plus il  perdait du  terrain. Pris d’une  douleur sourde  et impalpable à l'intérieur  de  son scaphandre,  il cria  de tous  ses poumons: GRAND-PÈRE, NE MEURS PAS, NE ME QUITTE PAS. L’équilibre thermostatique de sa  combinaison protectrice ne suffisait  pas à endiguer la révolte de toutes ses cellules corporelles maintenant en ébullition. La sueur envahissait son scaphandre, la buée embrouillait sa visière... et sans savoir l’origine de ces mots, au  moment où une larme  coula sur ses joues, il dit :
- GRAND-PÈRE, JE T’AIME.

Tancrède ouvrit  péniblement les yeux, colla sa  tête sur la poitrine du petit  qui le serrait  tendrement, puis  il ferma les  paupières une dernière  fois, alors que  sur ses  lèvres se dessinait un  drôle de sourire.

*(…à suivre jeudi prochain le 23 avril)…prenez soin de vous toutes et tous. GG

English version 

Tuesday April 21st… all the chapter 5 of A SCREAM IN THE DUNE. 

The Secret

“When they discovered the key of DNA in order to cure most of the world’s greatest diseases, but especially in order to program new born brains, I blessed the time when I was born.  On one hand, hope was high and we again dreamed of making a better world.  A world free of desease and without infirmity overpowering poor victims. Unfortunately, there were those that wanted to use the genetic science only to create a perfect army, a perfect soldier, a perfect student.  It is then that I called you “Tony,” fighting against your federative father who insisted on calling you ASTER 009.  My dear Tony, your biological parents are still alive today.  You have the sacred duty to find them, as soon as you are a little older and able to consult the universe data that was hidden somewhere in the mastermind of the universal IHDM.  All I can tell you is they loved you so much that the Federation had to transfer them somewhere else in order to be able to put you in the service of the present power.  You were taken away from them for the needs of the Federation.  If they have left me near you it is because they thought that the old man I am, even a little insane as they think, would be unoffensive to your education, the education standards of the Federation.  At least that is what they think.”

At the time the child was going to say something, the old Albert coughed violently, bent down and lay on the ground. Tony tried to lift him and pressed him to his young child’s chest.  Leaning against the wall of the small cave, Tony could support, without too much effort, the skinny body of his grandfather, totally collapsed in his small arms.  The old man was almost nothing but skin and bones, a soul captive of a body, worn by challenges, diseases and the length of time.  The breathing of the old man was nothing more than a frail whisper.  He looked at his little boy, equipped with his protective filtersuit and said to him, on a barely audible voice “Do not forget the golden sand, the stars, the songs of the birds, the emerald sea . .  .”  

Tony shook him violently.  With all the energy of his ten years’ he tried to drag his grandfather out of the cave.  When his own strength failed him, he sat back where he was, gently caressing with his glove the face of his friend.  In his child’s mind, he could no longer recognize himself; neither did he know why he felt the need to caress his grandfather’s cheeks.  The only thing he knew was that he was feeling desperate.  

For the first time in his young life, he was starting to understand the true meaning of the word “friend”, although he was not even sure of that.  The only thing he knew was that he couldn’t let his grandfather die like this.  He didn’t want him to die.  He didn’t want him to go away.  He was feeling his throat tightening and a strange emotion was reaching into his mind.  The more he tried to fight it, the stronger it became and, in a kind of panic mixed with abandon, with all the power of his lungs, he cried “Pappy, Pappy, please don’t die, please don’t leave me.”  The thermostatic balance of his protective suit was no longer functioning.  It could not withstand the revolt of all his body’s cells, now at a boiling state.  Sweat was invading his filtersuit, and his visor was almost entirely covered with mist. Without knowing where the words were coming from, at the moment when tears ran down his cheeks, he screamed: “Pappy, I LOVE YOU!”

Painfully, Albert opened his old and tired eyes, rested his head on the chest of the young child who was tenderly holding him, and then, for the last time, he closed his eyelids, while on his lips a beautiful smile suddenly appeared.

* (… To be continued next Thursday April 23rd)… take care of all of you. GG

dimanche 19 avril 2020

Dimanche le 19 avril …la suite et fin du chapitre 4 de UN CRI DANS LA DUNE. 

Antoine écoutait avec intérêt, mais sans émotion. Une part de lui-même lui ordonnait de croire son grand-père, et l'autre plus rationnelle lui  commandait de filtrer  toute cette information. Tout ce  que son grand-père lui racontait, il  le savait déjà, sauf bien sûr les histoires de pardon, de belle  verdure, et de soleil bienfaiteur. De toute façon, ses «téléprofesseurs» l’incitaient à ne  pas croire ces histoires de «p'tits  vieux» nostalgiques.  Pure  fabulation, affirmaient-ils.  Une autre constatation l'inquiétait un peu plus cependant. Son grand-père avait la voix éteinte, le  souffle court en racontant son récit. Sa peau était pâle et couverte  d'éruptions cutanées. Sa  voix tremblait et  chaque phrase était prononcée avec peine.

- Grand-père,viens-en, tu vas mourir ici. Tu n'as pas de scaphandre et tu es gravement malade, dit-il, avec toute  la sagesse acquise durant ses dix années d’existence.

- Non, petit. Pour une fois, je fais appel à ton esprit rationnel. J'ai décidé  de mourir  ici.   Je suis  vieux  et embarrassant  pour  ta génération. Je  coûte cher à la «bulle  collective» comme tu  dis, et après t'avoir raconté ma  version de l'histoire, je souhaite mourir en paix. Crois-moi  petit, c'est  là mon réel désir. Pendant des années,  je  me suis  accroché  à  la vie  en attendant  que tu  sois suffisamment âgé pour comprendre mon récit.  Aujourd’hui, je crois y être parvenu. Mon temps s’achève et il m’incombe de quitter cette planète qui me tient prisonnier. Je te laisse en testament ce douloureux témoignage. J’espère qu’il générera en ta conscience, le sens de la liberté, de la justice, de  l’équilibre entre ces deux  entités et surtout le respect de tout élément vivant sur cette Terre souillée, y incluant les humains.

- Mais je ne veux pas que tu meures grand-père.

- Et pourquoi, dis...?

- Parce que ce ne serait pas ... convenable.

Le vieux Tancrède se   serait bien laissé mourir sur-le-champ, s'il avait  entendu son petit-fils  dire: «... mais parce  que je  t'aime grand-père».  Malheureusement, l'amour, ce sentiment irrationnel, ne faisait plus partie de la banque génétique.

- Dis grand-père, pourquoi n'as tu rien fait quand on détruisait ton univers?

- Oh ! J'ai accompli ce que j'ai pu. Nous n'étions pas nombreux à constater que tout allait se détruire. On nous traitait de rêveurs, de «pelleteux de nuages», d'improductifs, de  gens négatifs. Pourtant, nous étions très  réalistes. Une simple déduction logique, et la vérité nous  sautait au visage. Planifier l'avenir sur plusieurs décennies était  mal considéré par ceux  qui voulaient des profits immédiats. Et  ceux-là, c’étaient  nos gouvernants. Rechercher  un sain  équilibre entre  la liberté des  individus, la  sécurité de la  société et  la  protection  de  l’univers constituait une  abdication envers  les obligations  d’une génération à venir. Cette accusation planait sur ceux osant remettre en question la façon de  faire des dirigeants. Tous se cachaient derrière un  masque  de bonne volonté.  Certains  d’entre eux arrivaient  mal cependant à dissimuler leur volonté de domination et de contrôle. Malheur à celui qui peignait sa maison rose quand toutes  celles du  quartier étaient  grises. Il risquait  l’amende, la perte de son logis ou carrément la prison.

À cela s’ajoutèrent la  venue des premiers ordinateurs et la découverte de l’immense  pouvoir de  stockage d’informations personnelles  au moyen des  banques de données. La  situation et le contexte historique étaient devenus  trop invitants  pour que les assoiffés  de pouvoir fassent preuve de retenue et ne s’accaparent pas  à  eux  seuls, tout cet attirail  aux capacités énormes de contrôle sur le quotidien de chacun d’entre nous.


Tu  sais, les  lobbyistes, le  trafic d'influence,  le tamisage de la vérité et le  coulage d'informations planifiées n'ont  pas pour origine ceux de  ta génération,  mon cher petit. Je  dirais même que tes dirigeants actuels  ont bien appris  la leçon de leurs  aînés. Fait certain, ils n’en sont pas les inventeurs.

- Et toi, comment tu les combattais, ces hommes ... injustes.

Tancrède sourit. Dans son  regard de vieillard, une étincelle jaillit. Il savait qu'il venait de  marquer des points. Le petit Antoine avait dit: «ces hommes... injustes».

- Dis grand-père, comment tu les combattais ?

- En écrivant...

- Et pourquoi en écrivant ?

- Pour pouvoir me regarder dans un miroir, chaque matin au lever du jour et ne pas avoir honte du visage qui s'y reflétait.

- Je ne comprends pas.

- Ne t'en fais pas, tu  comprendras un jour,... peut-être.  Ça a quelque chose à voir avec  le pardon. À un certain âge, chaque personne, homme ou femme,  se regarde dans le miroir et ne se voit plus de la même façon. Certains paniquent, ne pouvant supporter  l’image projetée par le miroir.  D’autres en arrivent même à s’auto détruire, alors  qu’une minorité change complètement sa façon de  vivre, ses  valeurs et ses priorités.  Hélas! la plupart évitent  de se regarder dans la  glace en croyant ainsi se dérober à leur propre vérité.

- Et comment tu as fait pour survivre ?

- Je ne sais trop comment. De grands bouts de ma vie se sont perdus au fond de ma mémoire. Je sais qu'au moment où tous croyaient la fin du  monde arrivée,  je me répétais une  phrase  lue quelque part dans un vieux livre.

- Dans un vieux livre!

- Oh! oui, un vieux livre qui n'existe plus aujourd'hui... à moins que nos dirigeants actuels l'aient caché. Ça s'appelait «La Bible».

- Et quelle était cette phrase ?

- Je ne me souviens plus très bien, mais les mots ressemblaient à ceux-ci: «Même quand le temps sera venu, et qu'il en tombera mille à ta gauche et  dix mille à  ta  droite, regarde  vers le ciel...  et tu  seras épargné».

Antoine était bouche bée. Le vieux Tancrède continua.

- Je me suis répété cette phrase chaque fois que la terreur s'emparait de moi, aux pires moments de ma vie, jusqu'à ce que la peur me quitte. Aujourd'hui, tu vois, je  n'ai plus peur du tout, même pas de la mort. Et c'est parce que je n'ai plus peur de la mort que je vais te révéler mon plus grand secret, un secret que tu dois connaître. Quand tu seras plus vieux et que tu jugeras le temps propice, tu devras te libérer de ce secret, en briser  les chaînes et en répandre le contenu partout où tu pourras.  Peut-être alors, connaîtras-tu le vrai sens du mot: «liberté»

*(…à suivre mardi prochain le 21 avril)…prenez soin de vous toutes et tous. GG

English version 

Sunday April 19th… the continuation and end of chapter 4 of  A SCREAM IN THE DUNE.



Tony listened with interest, but without emotion. A part of his mind was telling him to believe his grandfather, and the other side of his brain, more rational and controlled, was suggesting him to filter all this information.  He thought that all his grandfather was telling him could also be wrong, or worse, simply untrue.  He remembered his virtual teachers had told him not to believe the stories of these poor, old nostalgic people from the past.  Pure fabrication they were saying.  However, another thing worried him a little more .  .  .  his grandfather had an extinct voice and he was breathing painfully while telling him his story.  His grandfather’s skin was pale and covered with eruptions.  His voice trembled and each sentence seemed to be painfully pronounced.

“Pappy, let’s go back to the Bubble.  You will die here.  You do not have a filtersuit and you are seriously sick.”  

“No Tony” replied Albert.  “For once I call upon your rational spirit.  I want to die here.  I am old and embarrassing to your generation.  I am expensive to the Collective Bubble as you say, and since you have let me tell you my version of history, I just wish to die in peace. Believe me grandson, my mind is not digressing, it is just time for me to go.  During all these years, I have clung to life, waiting for the time you became sufficiently old enough to understand what I had to tell you.  I truly believe I reached that point today. My time on Earth is done, and it is time for me to leave this planet my little boy.  I know I am leaving you a painful testimony.  I hope that it will generate in your conscience a path of freedom and justice, a balance between these two entities and, especially, the respect of all that is still alive on this soiled ground, including humans.”

“.  . .  but I do not want you to die grandfather” begged Tony.

“and why .  . .  should I follow your advice, young man?” 

“Because it would not be .  .  . suitable” Tony stoically responded. 

The old Albert would have let himself die at once if he had heard the little boy say “Because I love you Pappy.” Unfortunately love, this irrational feeling as the Federation used to call it, had been stripped from Tony’s genetic bank.  

“Pappy, why did you not do anything when your Universe was getting destroyed?” 

“Oh, I did what I could.  There were not many of us who saw that all was going to be destroyed.  Those of us who were seeing this were treated as dreamers, ‘cloud diggers’, unproductive and negative people as they used to nickname us.  However, what we were seeing was just reality.  A simple logical deduction, almost mathematical, and the truth was there for all who wanted to see.   Planning the future over several decades was badly seen by those who wanted immediate profits.  And those were our rulers.  To seek a healthy balance between the freedom of the individuals, the security of the community and the protection of the universe was seen as an abdication toward the obligations of a generation yet to come.  It was hard to find a more twisted perception.  That was how the power in place treated those of us who dared to question the system.  All hidden behind a mask of goodwill, some of those in the position of power were having a hard time hiding their will of domination, of control over all human kind. Damned was the one who planted a lemon tree in his yard in a district where all the other houses had planted apple trees.  He was immediately risking a fine, the loss of his house, or worse, prison.”

“Adding to that was the arrival of the first computers, and the discovery of the immense capacity of personal information stored in data banks all across the world, a gold mine for those in power. The situation and the historical context were becoming too inviting for those who dreamt of total world power.  A huge monopoly of land, money, human work and displacement and, the possibility of even controlling a human’s mind, was too much of a temptation to resist for those already in control of humanity.”

“You know, the lobbyists, the trading of different personal advantages, the sifting of the truth, the casting of planned information, were not invented by those of your generation my dear grandson.  I would even say that your current leaders learned well their lessons from their elders.  In all cases they were not the inventors of such calamities.”

“.  . .  and you, Pappy, how did you fight them, these unjust men?”

Albert smiled.  From the glance of the old man, sparks spouted out.  He already knew he had just scored some points.  His grandson, Tony, had just said “these unjust men .  .  .”

“So Pappy, are you finally going to tell me how you fought them?”

“By writing” answered a troddened Albert.

“And why by writing?”

“To be able to look at myself in the mirror each morning, and not to be ashamed of the face I see in front of me.”

“I do not understand” said Tony, confused.

“Don’t worry, you will understand one day . .  .  perhaps. That has something to do with forgiveness.”

“At one moment in their lifetime, all humans, men or women, look at themselves in the mirror and see differently what the glass is throwing back at them.  Some panic because they can’t support the image the mirror is returning to them. Others are so scared that they choose the path of self-destruction, while a minority decide to change their life completely.  Those are the ones who become able to change their way of living, their values and their priorities.  Alas! The majority avoid looking in the mirror, preferring to avoid their own truth.”

“And how did you manage to survive?” kept asking a more passionate Tony.

“I don’t really know.  Many things or souvenirs of my life are lost somewhere in the bottom of my memory.  I know that at the time when all believed the end of the world had arrived, I constantly repeated to myself a sentence which I had read somewhere in an old book.”

“In an old book?”

“Oh yes! An old book which no longer exist today . .  .  unless our current leaders have hidden it.  That book was called The Bible.”

“And what was this sentence?”

“Even at that time, I could not remember it in its integrity, but I have always remembered the essence of its meaning. It went something like ‘When the time comes, and thousands fall at your left and ten thousand at your right, look towards the sky .  . .  and you will be saved.’”

Tony was speechless and Albert continued.  

“I repeated this sentence to myself each and every time terror seized me, at the worst moments of my life, until the fear left me.  Today, you see, I am not afraid of anything at all, I am not even afraid of death. Maybe that is why I feel now is the time to reveal to you a great secret.  A secret you must know.  When you get older, and you consider the time favorable, you will have to free yourself from this secret.  To break the chains of it and to spread its contents everywhere you are able to. Perhaps then you will truly understand the true meaning of the word ‘freedom’.”

* (… To be continued next Tuesday April 21st)… take care of all of you. GG

vendredi 17 avril 2020

Vendredi le 17 avril …la suite de UN CRI DANS LA DUNE. (Toujours dans chapitre 4).

Une chose reste  cependant   historique. Après plusieurs tractations et une décision judiciaire, après que les gouvernants eurent dépensé plus de 45 M $ (une somme colossale pour l’époque venant directement des goussets des contribuables et ce, toujours pour le renflouement de la barge), la compagnie coupable n’eut qu’une symbolique tape sur les doigts. En plus, on lui fit cadeau de la récupération de son navire coulé afin qu’elle puisse le remettre à flot pour utilisation future. Même si certains journalistes et quelques écrivains qualifièrent ladite compagnie de «bandit corporatif», la réalité des choses tendait à démontrer à quel point la société dans son ensemble, ne constituait que le portrait d’une situation désolante. Ce n’était que le début d’évènements plus affreux  à venir et tout le monde semblait s’en foutre «carrément». Ainsi les apparences sauvées, le reste n’avait plus d’importance, croyait-on.
À la grande surprise de certains, quelques  associations, supposément protectrices de l’environnement, se firent  les   porte-paroles  du  beau  travail  effectué  par  ladite multinationale.  Bien que la plupart des membres de ces organisations étaient sincères et honnêtes dans leur démarche, une minorité d’entre eux y virent l’occasion idéale d’acquérir un certain pouvoir. En peu de temps, ils se sont retrouvés  à  la tête de  beaucoup d’organismes politiques  et économiques locaux. Ils prirent un contrôle presque total sur toutes les décisions regardant la  liberté des citoyens quant à la protection de  leur environnement,  leur droit à  la liberté  de choisir et les limites  de  cette liberté. Hors de leur groupe «très sélect», personne ne pouvait prétendre avoir une préoccupation écologique tout comme eux. Il fallait être d’accord avec leurs idées, un point c’est tout. Leur jugement demeurait sans nuance. Eux, constituaient les «purs et durs», les autres, une populace à discipliner.   Très vite  vint le  jour  où même pour construire un simple cabanon afin de remiser les outils du jardin, il fallut  que les citoyens demandent  la permission  à ces sbires  de la réglementation, pour obtenir le privilège de se bâtir sur la terre leur appartenant depuis des générations. De plus, des normes très strictes  accompagnaient ce  que certains considéraient  comme un privilège accordé aux habitants et propriétaires de ces terres.

Sous  le prétexte  (relativement  bien financé  par  les taxes  de citoyens)  qu’ils voulaient  désormais bien protéger  les populations présentes et  futures, ces gens prirent  graduellement le contrôle sur toutes les  décisions ayant un effet direct  sur la vie des personnes. La situation devint critique à un point  tel que plus personne n’osait élever la voix s’il différait d’opinion,  de peur d’en subir les conséquences.  Des pères de famille, des mères au foyer gardèrent le silence, car  ils ne voulaient pas diminuer les chances de leurs enfants  d’obtenir du travail en  cette société où justement le travail devenait une denrée rare. La soif de pouvoir de ces gens aura détruit en  une vingtaine d’années, la  belle liberté existant sur ces Îles. En peu de temps, ces fils et filles de l’ombre ont réussi à faire croire  à la majorité des  citoyens qu’ils n’étaient pas assez qualifiés   et trop inconscients eux-mêmes de la problématique environnementale, pour  connaître la limite bénéfique  ou maléfique de leurs gestes quotidiens envers  la nature. Se présentant en seuls défenseurs absolus de la planète, ils prirent vite le contrôle sur l’ensemble des libertés les  plus fondamentales d’une société.  Pendant ce temps, les grandes multinationales continuaient à polluer librement la Terre. On construisait des  voitures plus performantes, plus polluantes,  des usines plus   productives et   encore  plus  polluantes,  surtout   en pays sous-développés; il  fallait bien rentabiliser les opérations. Tournant curieusement  le dos à ces monstres tueurs  de planètes, nos supposés protecteurs consacrèrent toutes leurs énergies à vérifier si le cabanon  du voisin respectait bien la longueur et  la largeur permises  par la loi. Voilà le début  de ton monde mon petit, le début de la grande «Catastrophe».

- Avec  cette longue histoire,  j’ai peut-être  perdu ton attention en cours de route mon cher Antoine!...Dis, tu me suis toujours?

- Ben  oui! grand-père. N'oublie pas que j'ai dix ans et que je suis très intelligent.

-Tancrède continua.

- Malheureusement, la situation aux Îles reflétait le portrait, à plus petite échelle, de  ce qui se  passait ailleurs,  dans le monde.  Petites et grandes guerres surgissaient un peu partout. La surpopulation menaçait  la  planète et  au  même moment,  le  continent asiatique s'engageait  dans  une course   effrénée  à la  productivité  et  au capitalisme sauvage. L'Afrique se mourait de faim et du virus du sida, des  petits pays  d'Europe  se menaient une  guerre  d'une atrocité indescriptible. Les Amériques croulaient  sous les dettes alors qu'une minorité  de gens  devenait  très riche, hyperriche.  La  vente d'armes, le  trafic de contrebande et surtout le contrôle du pouvoir tombèrent dans les mains  d'une minorité. Pendant ce temps, de plus en plus de pauvres grossissaient les rangs des déshérités de la Terre. Le fanatisme religieux fut présenté comme la seule alternative à tous ces problèmes. Non content de contrôler l'argent et les corps, on tentait dans une  ultime soif de pouvoir, de  manipuler les âmes.  Lorsque toutes  les structures en  place  s'écroulèrent comme  un château de cartes, on fit porter le blâme sur les pauvres de toute la planète.

Essoufflé, Tancrède se tut, la bouche légèrement entrouverte, comme s’il désirait encore dire quelque chose, mais les paroles ne sortaient plus.

Antoine restait ébahi.  Tout différait de ce qu'on  lui avait raconté.  Les idées s’entrechoquaient dans sa  tête. Il ne  savait plus  qui croire. Allait-il interrompre la narration de son grand-père sur-le-champ, ou fallait-il le laisser poursuivre son histoire jusqu’au bout.

D'un même  souffle pénible, le vieux Tancrède trouva le courage de continuer sur sa lancée, forçant Antoine à rester silencieux.

- Pendant  ce temps, la pollution, la  vraie celle-là, bien cachée par les grandes  multinationales et  le peuple trop content  de se boucher les  yeux, perpétuait  son oeuvre de  destruction. La  couche d'ozone disparut presque  de moitié, les récoltes  furent anéanties, la famine envahit près de la totalité  du globe, les virus provoquèrent des ravages, les guerres firent le reste.

Les problèmes  disparurent petit à petit  avec la diminution des êtres vivants sur cette Terre. Un peu comme le virus qui meurt avec le corps dont il  a causé la mort.  Les images du passé  qu'on te présente à la «télévirtuelle»  sont tirées de  cette époque,  mon petit. Pour mieux contrôler  ton  esprit, on  ne  te montre  que  le côté  sombre  de l'histoire.  En  effet,  comment  les jeunes   de  votre génération pourraient-ils pardonner   aux  dirigeants d'autrefois   et  à  ceux d’aujourd’hui,  si collectivement, ils connaissaient la vérité?

- Oui mais grand-père, moi je vais savoir désormais! Pourquoi tu me racontes tout cela?

- Pour qu’un jour tu me pardonnes, mon petit.

 - Te pardonner, mais quoi ?

 - Mais parce que je me considère en quelque sorte, comme un des derniers survivants de la  première génération ayant contribué  à créer le monde mensonger dans lequel tu vis  présentement. Évidemment, la notion de pardon constitue encore une  notion floue chez toi. Je me  demande même s'ils n'ont pas effacé ce principe dans l'épuration génétique de ta génération. Ceci justifie pourquoi je veux m'assurer que tu en connaisses l'existence. Le jour où tu auras assimilé mes paroles et que tu les auras comprises, tu découvriras ainsi que le  pardon génère une force libératrice. En  un sens, cette force m’a sauvé la  vie, elle a donné  un sens à ma misérable vieillesse. Cette force te permettra de  rebâtir, avec  tes moyens et  dans l'harmonie avec ton milieu, un monde que tu ne peux imaginer aujourd’hui, un monde juste et beau,  un monde auquel tu auras droit si tu défends tes convictions jusqu’au bout.

Comme la plupart des  humains de ma génération, on oublie encore l’image de la Terre nourricière, de la mer remplie de poissons, du ciel d'un bleu étincelant, des nuits parsemées d'étoiles, des forêts fourmillant d'animaux  et de  plantes médicinales, des  temps de  pleine lune au-dessus  des  grands champs et  sur  les océans, des  vents semblables à des caresses dans  la brume matinale ou  dans les feuillages du printemps, le chant des oiseaux,  le cri des goélands, les aboiements des chiens, le miaulement  des chats. Les êtres de  ma génération ont détruit ces merveilles. L'ultime  châtiment fut  qu'ils moururent presque tous avec le monde  qu’ils ont  démoli. Certains  jours, je me demande  pourquoi j’ai survécu, quelle force m’a  protégé. J’ai ma  petite idée ...,  mais il me faudra  quitter ce monde pour vérifier la justesse de ma théorie. Après tout, peut-être vais-je le savoir bientôt.

*(…à suivre dimanche prochain le 19 avril)…prenez soin de vous toutes et tous. GG

English version 

Friday April 17… the continuation of A SCREAM IN THE DUNE. (Still in chapter 4).

“However, there is something which remains documented and historical.  The company responsible for this catastrophe barely received punishment.  After many transactions and court decisions, although the government spent more than $45 million of the taxpayers’ money to stop the PCB spill, the concerned multi-national company who was responsible for the catastrophe, paid only a small portion of that amount.  Moreover, it had the right to recuperate its boat, still salvageable on a dry dock.  Qualified by some journalists as ‘A Corporate Bum’s Company’, reality showed that what the government, and the society in general, did at that time was merely a slap on the hand for all the mess.  The worse thing was that almost no one cared, which was a sign of the times to come.”

“Some Protective Environmental Associations didn’t really care either.  In fact, they publicly congratulated the authorities and the multi-national company involved for the beautiful work carried out by the aforementioned multi-national company and government representatives.  Later, as if by chance, some of these same people found themselves at the head of almost all the political and economic organizations of the Islands.  Although many of them were probably very honest and sincere in their political advance, the worst of them took almost total control on all decisions concerning the freedom of the citizens, the protection of their environment, their right of freedom to choose and the limits of this same freedom.  Out of their select group, no one could pretend having an ecologist philosophy.  You had to agree with them totally, with all their ideas or projects.  Otherwise, you were just part of a crowd to be disciplined. Very quickly came the day that in order to build even a simple cottage in which to store garden tools, it was mandatory that every citizen request permission from those holders of public administration, in order to have the privilege to build something on land which had belonged to them for many generations.  Also, some very strict standards were accompanying what some regarded as privileges granted to the inhabitants and owners of these parcels of land.” 
“Under the excuse (relatively well-financed by the citizens’ taxes) that they wanted from now on to protect the future of the population, these people gradually took control of all the decisions having a direct effect on the life of the Community.  The situation became critical to such a point that no one dared to raise their voice if they did not agree, out of the fear of having to undergo the consequences of their opinions.  Fathers of families and home working mothers kept silent because they did not want to decrease the chances of their children obtaining work in that society, precisely because work was the only insurance to survive in such a world.  The thirst for power of these people destroyed, in a score of years, the beautiful freedom which had existed on the Islands.  In a very short time, these sons and daughters of the dark, succeeded in making almost all citizens believe they were not qualified enough, and too unconscious themselves of the environmental problems, to know the beneficial or evil limits of their daily gestures toward nature. Presenting themselves as absolute defenders of the Planet, they quickly took control of the most fundamental freedoms of the Community.  During this time, the great multi-national trusts continued to pollute the Earth. More freely than ever, they continued to build bigger vehicles and bigger factories, which created more pollution and, when they were stopped in their Earth massacres, they just built more and more in under-developed countries, making more and more profit at the expense of our poor planet Earth.  People were maintained, and even constricted, in their own country, but money had no boundaries.  So those now very numerous ‘Corporate Bums’ were free to make more and more profit, independent of the consequences of their acts.  Curiously, turning their back on these monster-killers of planets, the presumedly-protective of this one, devoted all their energies to supervise, check and control if the cottage of their neighbor was, in fact, the proper length and width permitted by the laws of the so-called ‘authorities.  It was the beginning of your world my little boy, it was the beginning of the “Great Cataclysm.”  

“With this long story perhaps I lost your attention, somewhere in the course of this essay, my dear Tony.  So, do you still follow me?  .  . .  You are so silent!”

“Oh yes grandfather! Do not forget that I am ten years old and that I am very intelligent.”

So Albert pursued .  .  .  

“Unfortunately, the situation on the Islands was just a smaller scale of what was occurring elsewhere in the World.  There were large and small wars almost everywhere.  Over-population threatened the Planet and, at the same time, the Asian continent engaged itself in an unrestrained race to productivity and wild capitalism.  Africa was dying of hunger and the AIDS virus, while the small countries of Europe were carrying out a war of indescribable atrocity.  The Americas collapsed under debt, whereas a minority of people became very rich, even hyper-rich.  The sale of weapons, the smuggling and, especially the control of power, fell into the hands of a minority.  During this time, the number of poor grew bigger and bigger, multiplying the rows of the disinherited on this Earth.  Religious fanaticism was presented as the only alternative to all these problems.  Not satisfied to handle the money and the bodies, ‘they’ tried, in an ultimate thirst, to handle the souls.  When all the structures in place collapsed like a house of cards, they placed the blame on the poor and unemployed of the Earth.”

Out of breath, Albert suddenly stop talking, his mouth open but voiceless, as if there was something else to say, but no words to express it.

Tony was amazed.  This was not what he had been taught about the old times.  All things were mixed up in his mind.  He no longer knew who or what to believe.  Was he going to stop the narration of his grandfather at once or was it necessary to let him finish his own interpretation of history?  

In the same painful breath, Old Albert continued on his own track, forcing Tony to remain quiet.  

“During this time, pollution, the real one, the one well hidden by the great multi-national trust, helped by some people only too glad to keep their mouths shut, continued its work of destruction. The O-zone layer almost disappeared from half the surface of the Earth, harvests were destroyed, famine invaded almost the totality of the sphere, viruses made devastation, and wars achieved the remainder.”  

“Gradually, the problems disappeared with the reduction of humans, just like the virus which died with the body it contributed to kill.  The images of the past that your Federative tutors present to you through your virtual apparatus are drawn from this time young boy.  To better control your spirit, they only show you the dark side of the history from that time, the only side that relates to the consequences of human stupidity, however, they never show you the actions that led humanity toward that stupidity.  Indeed, how could the young people of your generation forgive the former leaders, and those of today, if they knew all this?  No wonder today’s leaders stay hidden, they are the direct descendants of the ones that so generously contributed to destroying the Universe.”

“Yes! But grandfather, from now on .  .  . since I  know what really happened in the past, I would also like to know why you were so insistent in telling me all of that.  After all, I am just a little boy.  What do you expect from me Pappy?” anxiously questioned Tony.

“I hope and pray that one day you will forgive me my boy” said  Albert. 

“Forgive you, but why?” asked Tony.  

“Because I am, to some extent, one of the last survivors of the first generation who contributed to create the untrue world in which you presently live.  Obviously, the concept of forgiveness is still a fuzzy concept in your mind.  I even wonder if they have not erased that principle in the genetic purification of your generation.  This is why I want to be sure that you know the existence, either naturally or by taught knowledge, that this noble gesture of forgiveness exists.  The day you will have assimilated all that, the day you will totally understand that act of mercy, you will also discover that forgiveness is a force of liberation, a force that belongs to freedom, a force that can only make you grow in wisdom. In a sense this force saved my life. It gave a direction to my poor miserable old soul.  This force will enable you to rebuild, with your means and in harmony with your surroundings, a world of which you do not yet have any idea.  A world that will be beautiful, a world of justice, a world that will belong to you and your generation of fellow citizens.  To achieve that you will have to acquire a very precious treasure. It is called the courage of your convictions.”

“Like the majority of humans of my generation, those in the World in which we now live simply do not want to know that there was once a nourishing Earth, a sea full of fish, a sparkling blue sky, nights where the celestial vault was full of stars, forests filled with animals and medicinal plants.  There were times of full moons on top of large fields and all over the oceans. Times of winds like a caress in the morning fog or in the spring foliage.  There were days where one could hear the songs of the birds, the language of the seagulls, the barking of the dogs, the meowing of the cats.  Those of my generation have destroyed all that pleasure. The ultimate punishment is that almost all of them died with the world they contributed to destroy.  Some days I wonder why I survived.  What force protected me?  And why?  I think I already know the answer, but my own death will be the only thing that will teach me the truth of it all.  After all, deep inside me, I know that issue will come very soon.”

* (… To be continued next Sunday April 19)… take care of all of you. GG