Petite errance
sur un sujet bien madelinot.
Voilà que le syndrome de la
page blanche m’envahit, chose qui m’arrive rarement. En vérité, ce n’est pas
que j’ai rien à écrire, bien au contraire. Tant de choses importantes se
passent dans le monde, tant de choses se passent chez-nous. En décortiquer
l’intérêt demeure un exercice qu’une grippe passagère rend un peu plus pénible.
Tourisme
Bravo pour les Îles. On dit
que les Îles de la Madeleine ont connu une fréquentation touristique voisinant
les 60,000 visiteurs. Une question se pose alors. Avons-nous les moyens en
infrastructures et en espace pour accommoder encore plus de visiteurs, ou
sommes-nous à la croisée de l’effet contraire qui pourrait d’un coup, détruire
une industrie si importante ? Depuis que je travaille auprès de cette
clientèle, un mot circule comme un leitmotiv auprès de tous. « L’ACCUEIL proverbial des Madelinots. » Il
me semble qu’au-delà de toutes les attractions que peut procurer un
environnement merveilleux, l’accueil qu’on y reçoit prime sur toutes les
perceptions qu’un paysage puisse procurer au nouvel arrivant. J’imagine alors
qu’il faudra bien faire attention à cet aspect essentiel, si on ne veut pas
vivre un affaissement de l’attrait vers ces Îles qui sont exceptionnelles,
faut-il le souligner.
La beauté des gens qui habitent un lieu y sont pour beaucoup dans l’attrait dudit lieu.
D’autre part, le tourisme
débridé peut aussi devenir un agent destructeur. Destructeur d’une manière de
vivre, d’une culture unique, d’un environnement exceptionnel. Cette industrie
fragile et exposée à toutes les tendances et concurrences, demande à être gérée
intelligemment et dotée d’une vision à long terme. Avec un si grand nombre de
visiteurs pour une population permanente cinq fois moins nombreuse, la
vigilance s’impose. Toutefois, celle-ci ne doit pas non plus dégénérer en un
refus du visiteur. Les réseaux sociaux sont à la fois de merveilleux véhicules
de propagande et de publicité, mais ils peuvent vite devenir des éléments
destructeurs d’une industrie lorsque monopolisé par des gens mécontents de la
visite. Une saine critique s’impose alors et doit être véhiculée, mais elle ne
doit pas être l’unique véhicule d’information. Affectionner le touriste sur les
réseaux sociaux peut être flatteur. Le dénigrer peut tout aussi bien être
destructeur.
En résumé, les Îles de la
Madeleine ne sont pas si différentes des autres endroits remplis d’attraits de
toute sorte et les Madelinots ne sont pas si différents non plus. « Aux Îles, c’est pas pareil » demeure
exact en plusieurs domaines, mais qui arrive chez l’autre et fout ses pieds sur
le piano, il est certain que l’hôte n’aimera certainement pas et avec raison. À
l’opposé, celui qui répond bêtement au visiteur qui sonne à la porte n’est pas
en de meilleures grâces. Au Québec, dans l’ensemble de la population de cette
province, la tension est palpable. Pour qui vit à l’extérieur de l’archipel,
les signes ne trompent pas. Pour ma part, les comportements routiers sont un
excellent thermomètre de l’état mental de la population, même si cela peut
sembler tiré par les cheveux pour certains analystes professionnels. Comme 80%
de la clientèle touristique nous vient du Québec, le défi madelinot est
d’autant plus clair. Calmer le visiteur, non pas en ne faisant rien, mais en
lui fournissant l’accueil et les outils essentiels pour qu’il oublie pendant le
temps de ses vacances, la partie de sa vie qu’il aime un peu moins. Il s’agit là d’un gros défi, puisque le risque
du contraire peut se produire aussi chez le Madelinot. Il ne faudrait pas que
celui-ci en vienne à haïr celui qui arrive chez-lui pour trouver ce que le
Madelinot connaît déjà depuis longtemps : -un environnement dépaysant et
surtout beau à en couper le souffle… et dont il a l’impression à tort ou à
raison, que cet environnement lui appartient.
En tenant compte de ce flot
de visiteurs qui augmente presque chaque année, c’est toute une commande pour
les années à venir, à n’en point douter.
Georges Gaudet