*Récemment, une polémique éclata sur un réseau social à propos d’une brave personne qui perdit son combat contre le cancer après avoir été médiatisée lors de son long cheminement vers une sérénité qui suscita une grande admiration.
Le jour de son décès, certains médias trouvèrent l’occasion de mentionner qu’au cours de sa vie, cette personne avait été danseuse dans les bars, comme si cela avait pu changer quelque chose au parcours courageux de cette femme.
Et si justement, ces êtres de l’underground, hommes ou femmes, clients ou péripatéticiennes, étaient justement bien plus capables d’amour que ces gens qui se disent « ordinaires ». Cette anecdote me rappela un poème, humoristique que j’ai tricoté dans mon imaginaire, il y a quelques années de cela, un de ces jours où j’avais envie de crier à tout le monde que… l’amour n’a ni frontière, ni préjugés, ni classe sociale. Il traverse les océans comme le vent, et ramène à lui toutes les brumes teintées de coeurs sincères, quels qu’ils soient.
Putes et vocabulaire marin
* À vous de trouver la signification des mots marins soulignés.
Ses pas glissaient lentement sur le macadam
Dans ce quartier d’Amsterdam,
Là où le vent de sa jeunesse,
Lui avait fait connaître, autrefois,
Plusieurs paires de fesses,
Au grand plaisir de son cacatois.
Mais c’était une autre époque,
Un temps loufoque,
Un temps ou les amerloques, chasseurs de phoques,
Passaient les vitrines des putes,
Prêtes à toutes les culbutes,
En autant que le client ne les rebute.
Maintenant vieux capitaine,
Sa bedaine,
Cachait son mât de misaine,
Même que ce mât, digne d’une châtelaine,
Aujourd’hui avait plutôt l’air d’un appât
Pour une sœur Franciscaine
Trente ans plus tard
Elle était toujours là, dans sa vitrine,
Le visage bourré de fard
Et encore, cette généreuse poitrine.
C’était celle qu’il aurait pu aimer,
Il était celui qui l’avait désarmée
Pourtant, les putes d’Amsterdam
Ne s’amourachent pas du premier quidam
Elles les laissent mouiller leurs ancres
Mais s’assurent qu’elles chassent.
Pas question d’aimer un cancre
Avant qu’il ne l’enffourchasse
Mais lui, elle ne l’avait pas oublié
Devant sa prestance
Elle avait même tenté de l’humilier,
Et lui, d’une bienveillance
Avait rétorqué sans ambivalence
Madame, vous ressemblez à mon voilier
Et quand il lui montra son beaupré
Elle lui dit, il a plutôt l’air d’un mât d’artimon
C’est le plus petit sur un bateau, à ce que je sache
Non désarçonné et en toute beauté
Il glissa son ancre dans le limon
Tout en riant sous sa moustache.
Madame, l’artimon est essentiel
Dur au travail, il est à la poupe
Et avant de vous expédier au ciel
Il peut vous ramoner la croupe
Dans toutes tempêtes démentielles
Croyez-moi, vous n’y perdrez pas votre étoupe.
D’ailleurs, « poop » chez les anglais
Veut dire merde, nous n’en sommes pas loin
Et si l’artimon se déréglais
Nous serions rendus chez les Malouins
Incapables d’accostage
Avec la guerre, en héritage.
Permettez donc, madame
Que de votre voile de dentelle
Je sauve ce qu’il reste de mon âme
Avant que cet artimon, ne détèle
Ceci serait infâme
Et indigne d’une caravelle
Elle avait ri, elle avait ri, elle avait ri
Tellement qu’elle n’avait jamais oublié
Ce marin dont elle s’était éprise
Premier homme qu’elle avait supplié
Jusqu’à ce que la brise
L’emporte sur son voilier
Eh oui, elle était toujours là
En vitrine, comme du chocolat
Maintenant plus charnue, elle lui sourit
Et de joie, son cœur éclata
Alors que l’autre, s’emballât
Sur cette rue, où vraiment personne ne vit.
Il entra, elle ferma les rideaux
Leur bastingage était fripé
Leurs yeux, pleins d’eau
Ensemble, ils burent un café
Et cette fois de dés non pipés
S’offrirent le plus beau des cadeaux
Il pleut sur Amsterdam
Un bateau glisse sur l’eau
L’artimon bien planté en poupe
À bord, il y a une dame
Qui dans ses mains, tient un roseau
Et lui, capitaine, lui embrasse la croupe.
Georges Gaudet
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