dimanche 1 juin 2014

Coup de gueule

Je n’aime pas souvent illustrer mes «montées de lait» sur ce blogue, mais il arrive parfois que la chose est incontournable. La semaine prochaine, disons que ça pourrait peut-être aller mieux.

Le temps nouveau?

*« C’est le début d’un temps nouveau, la terre est à l’année zéro, la moitié des gens n’ont pas trente ans, les femmes font l’amour librement, les hommes ne travaillent presque plus, le bonheur est la seule vertu »… chanson de Renée Claude.

Nid de poule volcanique

Nous sommes en 2014, juste en ce milieu de mai. Je roule sur la rue Sherbrooke dans le cœur de ce que l’on pourrait appeler « Montrous-al ». Bien que cela date des années soixante-dix, ce sont les paroles de cette vieille chanson interprétée par Renée Claude qui sortent de la radio alors que je « slalome » entre les nombreux nids de poules qui jalonnent cette importante rue de la « première ville francophone » d’Amérique. Entre les « Second Cup » « Canadian Tire » « Walmart » « Target » et autres « Sunlife » de ce merveilleux monde francophone, je trouve finalement une niche « Chez Cora » tout juste après avoir rebondi dans un trou qui avait plutôt l’air d’un cratère que le nid de la dernière poulette passée.

Une fois bien installé et surtout bien rassasié, voilà que je me mets à réfléchir. Ce n’est pas de ma faute, je suis comme ça, surtout quand il n’y a pas de journaux disponibles aux alentours. Oui, je sais, je suis un dinosaure. Pas de cellulaire, pas de téléphone « intelligent », pas de « i-machins » de n’importe quel genre. Un bon vieux journal papier me suffit… quand il en reste. Après dix minutes d’attente, voilà que le type non loin de ma table se lève et abandonne son quotidien. Je lui demande s’il est en train de l’oublier, mais non, il me le laisse gentiment en me disant : « Ce n’est pas à moi, c’est au restaurant. » — merci mon brave monsieur. Il en reste encore quelques-uns dirait-on, des gens qui s’excusent quand ils prennent toute la place sans faire exprès, qui vous saluent avec le sourire ou qui se tassent gentiment le long du trottoir quand ils voient un vieillard avec mobilité réduite tenter de garder une ligne droite en marchant. Cette pensée me ramène à la chanson de Renée Claude de tout à l’heure. Je fredonne dans ma tête les mots de cette chanson : « C’est le début d’un temps nouveau » bon! – que j’me suis dit. Se pourrait-il qu’on ait manqué le bateau ici? D'abord, on est loin d’un « temps nouveau ». Oui nous sommes dans un temps nouveau en matière d’ordinateurs, de technologies de plus en plus pointues et de voitures plus performantes qu’en les années 70. Mais pour ce qui est du reste, nous sommes plutôt à la fin d’un vieux temps si vous voulez mon avis et un temps qui risque de ne pas renaître, pas plus en « l’année zéro » que d’ici quelques siècles. D’abord, « la moitié des gens n’ont pas trente ans » demeure encore vrai, mais une majorité exponentielle s’approche dangereusement du double, ce qui est peu dire. On disait que dans ce monde imaginaire, ce futur possible des années 70, que « les femmes allaient faire l’amour librement ». Croyez-moi, je n’aurais pas voulu aller dire ça à la très grande quantité de femmes voilées qui arpentaient les boutiques des Galeries Versailles et à juste titre, pas plus qu’à ces nombreuses personnes qui chaque jour, se découvrent porteurs du SIDA et autres maladies graves ou mortelles. On nous avait aussi promis que « les hommes ne travailleraient plus ». Wow! – j’étais drôlement partant à cette époque. J’étais même prêt à travailler comme un damné le nombre d’années qu’il fallait pourvu que j’atteigne la fameuse « liberté 55 » promise. Souffrir un peu pour mieux en profiter après comme me disait mon père. Quand je lui posais la question : « Et si l’après n’arrivait pas, est-ce que cela en vaudrait la peine? » Je n’avais pour toute réponse qu’un hochement de tête suivi d’un détournement de sa personne. Quant au « bonheur qui devait devenir la seule vertu », pensez-vous qu’on y est arrivé aujourd’hui? Il est vrai qu’on n’a jamais eu tant de bouquins qui tentent de nous enseigner la véritable recette du bonheur. Cela va du plongeon en dedans de soi jusqu’aux cimes de l’Himalaya en passant par Rome ou La Mecque et jusqu'à l’achat de ce dernier parfum pour cheveux qui peut vous faire jouir dans votre douche comme vingt petites pilules bleues toutes prises en même temps.

Le bonheur

Vous l’avez trouvé vous, le bonheur?- je n’ai pas envie d’entrer dans le même schéma de tous ces livres qui prétendent en détenir la recette. Tout ce que j’en sais à ce jour, c’est qu’il existe, mais qu’il est parfois éphémère, rarement permanent et qu’il est comme un jardin qu’il faut entretenir et protéger. Certains le trouvent auprès d’une personne qui en partage les racines, d’autres auprès d’une nombreuse famille, quelques-uns dans le silence et l’isolement d’un monastère ou la contemplation d’un univers doté d’une richesse qui ne se laisse pas toujours découvrir facilement. Malheureusement, trop de gens croient le trouver dans un amas de billets verts qu’il faut faire fructifier à outrance, dans l’acquisition d’une belle voiture, une maison unique en son genre, une piscine plus grande que celle du voisin quand ce n’est pas tout simplement par la prise de ces petits sachets de poudre ou dans les vapeurs d’un spiritueux qui n’a rien de spirituel.

Retour chez Cora

Et là, je replonge avec un certain sourire dans le journal du matin, une fois mes œufs brouillés bien dégustés. Heureusement, je peux encore me payer cela et ça, c’est encore une petite parcelle de… bonheur. Et puis je lis à peu près ce qui suit : en juillet 2011, alors que le système de santé québécois manquait pourtant cruellement de ressources, le sénateur conservateur David Angus, qui présidait le conseil d'administration du CUSM, a approuvé un paiement initial de 59 000 $ et une allocation mensuelle de 1700 $ à même les fonds du centre médical pour permettre à Arthur Porter de s'acheter une voiture de luxe Bentley
(Vincent Larouche)

Bentley

Alors là, j’ai cherché une BENTLEY sur internet. J’en ai trouvé une toute neuve pour la modique somme de 360,000. $ - oui, oui, trois cent soixante mille dollars « canadiens ». Un vrai «barganne ».

Cette histoire, pour le Québec, est une vraie honte. Recruter à l'étranger des « spécialistes » pour mieux se faire plumer, ça fait vraiment république bananière de classe mondiale! On n'a pas seulement ouvert la porte du poulailler aux renards, on leur a déroulé le tapis rouge pour les y conduire!
(Vincent Marissal)

Et puis, un peu plus bas si c’est possible, car j’étais rendu au bas de la page et heureusement qu’il ne s’agissait que de papier, j’ai aussi lu :

Sont forts, tout de même, les anciens dirigeants du CUSM. S'ils ont été capables de faire passer un bloc de huit étages pour un ouvrage souterrain, pas étonnant qu'ils aient été aussi capables d'en passer une p'tite vite au gouvernement. Une p'tite vite qui aurait permis au consortium dirigé par SNC-Lavalin d'obtenir ce contrat en aspergeant quelque 22,5 millions de dollars de pots-de-vin. (Vincent Marissal)

Le temps nouveau

Alors, je me suis dit que si c’était vraiment ça « Le temps nouveau » promis, qu’il devait y avoir erreur quelque part, mais hélas, ce n’est pas le cas. Toute ma vie, tout comme la grande majorité de mes pairs, j’ai légalement payé mes impôts et assumé mes responsabilités de citoyen au meilleur de mes connaissances et capacités. Aujourd’hui, au seuil d’une retraite illusoire, je réalise tout comme une très grande majorité de gens, que quelqu’un, quelque part, caché derrière un rideau de brume judiciaire, nous a tous entubés proprement, en douce, sans que la plupart d’entre nous réalisions que plusieurs des nôtres, déguisés en bon p’tits gars du coin, en profitaient pour vider la maison, meubles, vaisselle et garde-manger inclus.

Dans son édition du 24 septembre 2010, le magazine Maclean’s titrait à la une «THE MOST CORRUPT PROVINCE IN CANADA» et en symbole, un bonhomme Carnaval semblant fuir tout joyeux avec une valise pleine de billets verts. La nouvelle eût un impact brutal sur notre égo de bons Québécois bien innocents.

Innocents? – pas tant que ça. Au constat de la réaction des gens devant tant de révélations si graves, il y a tout lieu de penser qu’on aime se faire baiser et ce, quelle qu’en soit la manière.

Bonne semaine à toutes et à tous.

GG

georgesgaudet49@hotmail.com

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire