lundi 20 octobre 2014

Regard sur le passé, projections dans l’avenir

georgesgaudet49@hotmail.com

 

Nous n’écrivons plus comme ça!

Et c’est dommage.

OLYMPUS DIGITAL CAMERA

Il m’arrive quelques fois de relire de vieux livres, des bouquins qui me furent souvent imposés lors de mon adolescence, des romans qui à priori me semblaient carrément ennuyeux, parfois complexes et surtout lus dans l’obligation d’en faire un résumé en fin de lecture. Toutefois, c’est en les relisant que je m’aperçois de toute la richesse, toute la beauté de ces textes, toute l’intelligence de leurs auteurs. De Félix Leclerc à Antoine de Saint-Exupéry, de Ringuette (de son vrai nom Philippe Panneton) en passant par Jean-Paul Desbiens, Gabrielle Roy et Antonine Maillet, je réalise à quel point notre langue française était belle, riche, forte, musclée, et en même temps, douce, musicale, tendre, et surtout non truffée de tous ces « ça la fait que – genre et (à plus +) d’aujourd’hui. » Ces romanciers avaient le don de créer un portrait qui au fil des mots devenait plus vivant que la réalité. En résumé, ils étaient plus grands que nature et les relire aujourd’hui, c’est plonger dans un univers oublié, un univers où la bataille pour la langue commençait à peine, alors que depuis la dernière décennie, elle semble sur le point de disparaître dans le magma des mots issus de la technologie anglophone et de l’effort de guerre multiculturel pour hâter sa mort avec la généreuse aide verbale de notre bon ministre de l’éducation actuel. « Ben quoi, les enfants ne mourront pas de ça »… même si on diminue le renouvellement des livres en bibliothèques scolaires.

Antoine de Saint-Exupéry

 Dernier vol de ST-EX 

Photo prise lors de son dernier vol le 31 juillet 1944 en mission d’observation le long des côtes de la Méditerranée.

Pilote d’avion au temps de l’aéropostale et jusqu’à sa mort en 1944 alors en mission photographique le long des côtes de la Méditerranée, St-Ex comme l’appelaient ses amis était aussi un romancier célèbre dont les écrits sont encore lus aujourd’hui par des millions de lecteurs. Dans son roman « Pilote de guerre » un bouquin qui peint avec force détails les sentiments qui animent tous les équipages engagés dans des combats mortels au dessus de leur patrie, il illustre ainsi avec des mots, les longues trainées blanches créées dans le ciel par la chaleur des pots d’échappement de son avion au dessus de la ville d’Arras… inaccessibles comme une trop jolie femme, nous poursuivons notre destinée, traînant lentement notre robe à traîne d’étoiles de glace… »

Un ami est mort

OLYMPUS DIGITAL CAMERA

Il fut mon professeur de français, mon voisin quand j’étais tout jeune. Il aimait la langue française, il l’enseignait comme il était lui-même. Une force tranquille, tout comme son père. Un homme d’une belle humilité, terre-à-terre, près du sol qui l’avait nourri, près de la mer qui l’avait bercé et dans la maison qui l’avait vu grandir. Je salue ici Norbert Cyr, Norbert à Omer Cyr et Bernadette Boudreau de Havre-Aubert, conjoint de Monique Gaudet et jeune frère de Marcel, lui aussi autrefois enseignant aux Îles. Par le biais de cette chronique qu’il lisait avec grand intérêt et certainement avec un regard critique, j’offre mes plus sincères sympathies à toute sa famille, sa fille Josiane et son fils Jean-François de même qu’à tous ses petits-enfants. Il est parfois des gens qui passent dans nos vies comme des étoiles filantes et pourtant, nous en gardons une trace lumineuse tout au long de notre propre existence.

Un brin de nostalgie

Tu sais… ma fleur… j’en suis responsable! (Le Petit Prince).

timbre St-Ex

Acadien, fils d’un pays qui n’existe que dans la tête et le folklore de ces descendants d’expatriés, j’ai cru un jour voir naître un autre pays, celui de mes racines de gauche puisque celles de droite sont disparues depuis 1755. Oh! Je n’en veux pas aux ennemis de ce pays en devenir. Ils furent pour si peu dans la défaite. Certains des nôtres leur ont porté main forte et avec une passion peu commune. C’est drôle, mais je n’ai même pas envie de les nommer, car je sais que vous les connaissez tous. Comment alors cultiver un jardin de roses, même en pratiquant autant d’entures d’épines qu’il soit possible d’en pratiquer, si chaque nuit sans lune, les fils du jardinier viennent en piller les sillons? La voie semble sans issue, le verbe inutile et la menace trop grande de l’intérieur pour croire en une possible victoire politique, verbale et monétaire sur l’adversaire. N’allez surtout pas croire que je parle ici de véritable guerre avec canons et fusils. Non! — je parle ici d’un comportement de fierté envers une culture, une langue, une terre qui a vu naître ses premiers autochtones, ses premiers héros français, ses premiers immigrants Irlandais, Italiens et de tout autres origines, une terre bafouée aujourd’hui par ses propres fils et filles de la politique, de la justice, de la santé et de l’éducation. Pire, ils sont là en toute légalité, parce que c’est nous qui les avons placés là où ils sont. On ne peut bâtir un pays quand tant de gens refusent même l’idée d’en envisager la possibilité, pas plus qu’on ne peut bâtir un pays quand depuis plusieurs décennies, nos dirigeants à quelques exceptions près, ont tous pigé dans le râtelier de l’individualisme politique, les caisses électorales occultes et les fautes ou vols graves, quelques fois dénoncés, mais si rarement punis. Quand les véritables coupables ne sont jamais convoqués devant les tribunaux et que l’on envoie en pâture pour la galerie quelques sous-chefs, il ne faut pas s’étonner de la débâcle d’une population passablement homogène qui aurait pu devenir quelque chose comme : « un peuple dans un pays normal ».

Les Bourgeault, Levesque, Garon, Burns, Paillette, Pariseau et cie sont presque tous partis pour un autre ciel politique qui n’appartient pas à cette terre. Malheureusement, les généraux qui les ont remplacés n’étaient pas à la hauteur et ils ne savent que se déchirer entre eux. Tristement, je dis : « Vite, que nos enfants apprennent l’anglais, car autrement, dans une décennie d’ici, peut-être moins, “Les nègres blancs d’Amérique”, ce seront eux. Hélas! ce sera notre faute, car ce sera nous qui, quelque dix années auparavant, avant de mourir, aurons choisi de les abandonner au sort des “Familles sans noms.”… roman historique et caché dans les écoles du Québec. Un roman de Jules Verne. (Disponible gratuitement sur tablette KOBO)

Bonne semaine à toutes et à tous.

GG

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire