lundi 3 novembre 2014

Un appel du coeur

 

Le ciel, la mer et l’oubli

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Plus jeune, alors que j’ai eu le privilège de survoler ce que communément les romanciers ont appelé « le plancher des vaches », j’oubliais tout, enfin presque tout, sauf l’obligation de piloter mon appareil si minime fut-il. Quand j’écris que j’oubliais tout, je veux dire que j’oubliais tous mes soucis, tous mes tracas, toutes mes petites misères. Je me souviens d’une époque où la perte d’un emploi et la perspective de la perte de ma maison occupaient tout mon espace mental. Pourtant, chaque fois que j’étais dans les airs, la terre me semblait immense, le ciel impénétrable, l’horizon infini. Les maisons me paraissaient toutes petites et dans un relativisme forcé par la griserie du vol aérien, mes problèmes rapetissaient tout autant.

Coup d'coeur 2sur l'eau

Ti-Prout

Quelques années plus tard, je découvris la voile et le même phénomène s’est produit et il dure encore aujourd’hui. Pas besoin d’un gros voilier, un immense chalet sur l’eau ou un voyage au bout du monde. Quand je barbote le long d’un rivage ou que je glisse sur l’eau, poussé par le vent dans ma petite coquille de noix, j’oublie encore tout. J’oublie que j’ai atteint l’âge supposé de la retraite, j’oublie les petits problèmes de santé, j’oublie nos gouvernants qui semblent si mal gouverner, j’oublie la politique, l’économie, le pétrole et je plonge en pleine liberté, en plein nirvana, libéré de tout sauf des lois naturelles de la mer, des fonds marins et de la profondeur de ma quille.

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Et puis l’été dernier, je suis tombé en amour, en amour avec un fleuve, un fleuve que l’on risque de perdre sur l’autel du profit, le cœur transpercé par une étrave remplie de brut lourd et la robe presque océane souillée d’huile.

Dans un élan rempli d’émotions, j’ai écrit ce poème.

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Je suis tombé en amour

Avec une rivière

Avec « la grande rivière »

Comme l’appelaient les Indiens d’Amérique.

 

Cette dame appelée fleuve

D’une beauté sans pareille

Aux Îles riches d’oiseaux et de gibiers

Aux Trois-Rivières nées d’une seule

Aux rives escarpées

Aux fjords majestueux

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Le sillon de ses profondeurs

Sans doute créé par la main d’un Dieu

Nourrit poissons et cétacés

Baleines et bélugas

Alors que le bas de sa robe

Honore ses côtes

De milliers de maisons, maisonnettes et chalets

Belle dentelle cousue tout au long de ses rivages.

 

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Je prie pour qu’elle ne soit pas souillée

Par les chemins du goudron et de l’or noir

Pour que ce prince richissime et orgueilleux

Sache respecter sa beauté, sa candeur

Sa force aussi.

 

Je prie pour que les enfants

Continuent de jouer sur ses rives

Pour que les rires et les cris

Soient ceux de la joie et du bonheur

Enfin, pour que le sang de ses eaux

Continue de nourrir ce merveilleux pays

Le Québec.

Rives

GG

À la semaine prochaine

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