dimanche 9 novembre 2014

Regard sur le monde avec

* Pas souvent que j’écris une semaine à l’avance sur un sujet abordé par un grand de ce monde. C’est pourtant ce qui s’est produit cette semaine. Le texte que voici fut écrit lundi le 3 novembre et publié dans le journal LE RADAR aux Îles de la Madeleine vendredi le 7 novembre. Le lendemain, (8 novembre), nul autre que Gorbatchev, ex-président de l’ancienne Union Soviétique, a en quelque sorte confirmé en partie le contenu de cet écrit lors d’un discours prononcé en Allemagne à l’occasion des célébrations de la chute du tristement célèbre mur de Berlin. Je vous jure que je n’ai pas ce genre de connexions avec de tels personnages, même si je souhaiterais bien avoir ce privilège.

 Sourire 

Le pétrole en toile de fond

Pétrole

Croquis: Georges Gaudet

Les récentes baisses des prix du pétrole, incluant les prix à la pompe même aux Îles de la Madeleine, auront eu un effet de soulagement sur le porte-monnaie des consommateurs. Grand bien nous en fasse, même si en tant que Madelinots, nous sommes presque toujours à 10 ¢ le litre plus cher que dans les maritimes ou en régions périphériques des grands centres urbains du Québec.

Pour ceux qui cherchent un peu sur les nouvelles planétaires, la chose s’explique et en fin de compte, même si cela demeure bien agréable à priori, la note finale risque d’être bien plus élevée qu’à l’heure actuelle. Désolé de « péter la balloune » de certains, mais il y a des faits qui ne mentent pas et la réalité demeure d’une triste perspective pour les années à venir, tant au Québec que partout dans le monde. Il suffit de prendre un globe terrestre et d’y accoler les points chauds du globe (les lieux de conflits) pour se rendre compte que la troisième guerre mondiale tant crainte est déjà commencée, le tout avec toile de fond, le pétrole. Certains diront que ce n’est pas nouveau, mais depuis quelques années, il faut reconnaître que la donne s’est grandement modifiée.

Autrefois

Autrefois, les plus grands consommateurs d’or noir dont les États-Unis, le Canada et une grande partie de l’Europe occidentale tiraient une grande part de leur énergie pétrolière des pays arabes. La monnaie d’échange étant le dollar américain, le tout confinait alors les échanges internationaux dans un confort apparemment stable et avec un dessin frontalier bien défini par deux blocs majeurs, soit les pays de l’OTAN et le bloc soviétique. L’ex-URSS étant elle-même grande productrice de pétrole, le phénomène de la guerre froide, tout en demeurant passablement effrayant, conférait un échiquier de rapports de forces passablement équilibré. En d’autres mots, nous vivions tous sur la corde raide, mais les deux antagonistes étaient assez « intelligents » pour ne pas risquer de s’autodétruire l’un l’autre.

Une suite peu glorieuse

Les guerres de tranchées économiques brutalement menées pendant plus d’une quarantaine d’années en sourdines par la CIA et le KGB ont fini par faire s’écrouler le bloc soviétique et par ricochet, modifier tout l’échiquier politique et économique mondial. Libérés de leur joug à la fois politique et économique, un peu comme un château de cartes qui s’écroule, toutes les frontières furent remises en question et avec encore une fois comme toile de fond… le pétrole, richesse par excellence pour qui veut maintenir son indépendance. C’est alors que l’ensemble du monde réalise que la Chine qui, pendant les trois quarts d’un siècle a fait preuve de retenue, est devenue subitement le pays le plus densément peuplé de la terre et aussi le plus grand détenteur de devises réelles échangeables sur les marchés internationaux. Un pays presque sans dette alors que la plupart des autres grandes puissances mondiales vivaient depuis longtemps sur des valeurs fictives bien dessinées sur papier. Puis survint en 2008 l’écroulement jamais reconnu comme tel de la monnaie américaine avec le crash bancaire et tous les voleurs en cravates qui se sont bien servis dans les coffres de l’État. Manœuvre encore plus dégueulasse, ils se sont donné un air de pitié tel qu’une fois leurs avoirs particuliers bien sécurisés en des lieux connus uniquement de cette élite corrompue internationale, ils ont fait emprunter le petit peuple pour renflouer les coffres qu’ils avaient eux-mêmes dévalisés.

Et aujourd’hui

La toute puissante Chine achète avec de l’argent réel tout ce qui est profitable partout dans le monde, ceci incluant les Îles de la Madeleine. Les Chinois risquent de sauver notre industrie du phoque, celle du homard et j’en passe. Hélas, n’oublions pas non plus, peut-être un jour, notre pétrole, car avec plus d’un milliard d’humains coincés sur le cinquième pays le plus grand de la terre, ils risquent d’avoir grand besoin de goudron et de bitume au fur et à mesure que leur milliard et demi de conducteurs de voitures voudront parcourir leur espace apparemment communiste, mais souvent plus capitaliste que les nôtres le sont devenus. Riche elle-même en pétrole, la Chine en demandera encore plus, même si par cela, l’atmosphère terrestre risque d’étouffer tout ce qui respire et qui pourrait les en blâmer, nous avons fait la même chose. Or voilà qu’en plus de tout ça, les États-Unis se découvrent plus riches en gaz naturel et en gaz de schiste qu’ils ne le croyaient. Ils peuvent ainsi voir le jour où ils ne dépendront plus de la péninsule arabique pour leurs besoins en pétrole et peut-être que là, les guerres de religion qu’ils ont eux-mêmes stimulées les laisseront indifférents puisqu’ils n’auront plus besoin de cette énergie pour faire rouler leur économie. Que cette nouvelle donne produise un élément écologique presque assurément destructeur, les économistes s’en foutent carrément. Et puis, que ne ferait-on pas pour la survie de la Nation? – mieux encore, le principal allié de ce pays au Nord, le Canada, a du pétrole bitumineux en quantité incroyable De plus, le Grand Nord, qu’il soit Canadien, États-Unien, Danois ou Norvégien est en train de fondre à vitesse grand V et révèle un potentiel énorme en ce domaine. N’oublions pas non plus les rives du fleuve Saint-Laurent, les profondeurs du Golfe du même nom et les fonds atlantiques au large de Terre-Neuve. À cela, ajoutons cette immense autoroute maritime que représente ce fleuve et vous avez un portrait global pétrolier qui laisse peu de place aux bélugas, aux écologistes et aux superbes beaux rivages de ce majestueux fleuve appartenant à « La belle province ». De l’Alaska en passant par la Colombie Britanique et vers la Chine ou de l’Alberta vers le middle ouest américain et jusqu’à l’Europe en passant par Québec et son fleuve, les États-Unis sont en train de devenir un pays autonome en énergie grâce à ses satellites comme le Canada et par ricochet, toujours maîtres de l’économie mondiale et puis « FUCK » les conséquences chez-nous.

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Pour les sceptiques qui auraient des doutes sur les conséquences d’un déversement, ils n’ont qu’à constater les récents incidents au quai de Cap-aux-Meules.

Attention à l’autre joueur

Hélas, il y a un autre joueur qui n’a pas dit son dernier mot. La Russie actuelle est le deuxième producteur de pétrole au monde, ce qui explique sa main mise sur les pays limitrophes qui ont tenté de se libérer de sa tutelle. Les exemples de la Georgie et l’Ukraine parlent d’eux-mêmes. Quand au Grand Nord Arctique, même si le Canada prétend que ce territoire lui appartient parce qu’il y a abandonné lâchement quelques Inuits non loin du pôle pour y affirmer sa souveraineté il y a de cela trois quarts de siècle, sa force militaire ferait « pitpit » contre l’ours russe qui prétend lui aussi que ce territoire lui appartient. Le pétrole demeure donc encore l’enjeu principal de la domination d’une nation sur les autres. Autrefois, la recherche de l’or ou des pierres précieuses était souvent la justification de toutes les guerres. Aujourd’hui, c’est la source d’énergie qui en est le moteur. Récemment, des rapports militaires stipulaient que les violations de ciel aérien effectuées par des avions militaires russes au dessus de pays de l’OTAN avaient plus que quadruplé depuis le début de l’année seulement. Quand une telle chose se produit, les avions de chasse alliés décollent immédiatement et escortent les intrus en dehors de ces zones bien déterminées par les deux parties. Les avions de l’OTAN le font pour deux raisons majeures. N’ayant pas de plans de vol déclarés au dessus de ces territoires étrangers, ils sont un danger réel pour l’aviation civile. Pour le reste, ils sont des intrus en ciel potentiellement ennemi. Alors, sans coups de feu, ils sont escortés en dehors de la zone étrangère. Alors, pourquoi font-ils cela? – parce que chacune de ces intrusions permet de tester les systèmes de défense de l’ennemi potentiel. Bien sûr, tout ceci transpire bien peu dans la nouvelle populaire, mais avec les médias d’aujourd’hui, elle ne peut être totalement cachée. Ne nous leurrons pas. Les nôtres font exactement la même chose au dessus des territoires de l’autre camp. Nous ne manquons pas d’alliés. Corée du Sud vs Corée du Nord, Japon vs La Chine et la Russie, Europe Occidentale vs la Russie, Israël vs la péninsule arabique et l’Iran… etc.

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*Photos: Georges Gaudet (Oshkosh, WI-1999)

Alors, tant qu’il y aura du pétrole pour faire voler ces petits bijoux remplis de bombes, tant qu’il y aura un système bancaire mondial qui tire les ficelles pour faire rouler l’économie de guerre, tant qu’il y aura des fous religieux pour alimenter le feu de la haine, nous serons loin de la paix mondiale. Cette guerre toujours passablement froide existe toujours, même si elle a changé de température au cours des 75 dernières années, mais si ça éclate quelque part dans la cour d’un grand, cela risque de devenir plus que chaud. Nous risquons de devenir tous cuits.

Malgré tout… Bonne semaine.

Georges Gaudet

georgesgaudet49@hotmail.com

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