lundi 16 février 2015

Se taire ne serait pas la solution

 

* Le Musée de la Mer des Îles de la Madeleine demeure à mon avis, depuis le départ de Feu le Père Frédéric Landry, un lieu sans âme et qui, s’il se cherche, ne semble toujours pas trouver sa véritable vocation. Pour ceux et celles qui ne lisent pas le journal local Le Radar, voici la chronique que j’y ai publiée la semaine dernière. Je crois qu’elle entre bien dans la thématique de ce blogue, soit des bateaux, des mots et des pinceaux. À ce jour, j’ai d’ailleurs reçu quelques commentaires extrêmement pertinents et encourageants quant à cet écrit que je souhaite comme un éveil de la population à l’endroit d’un lieu qui nous appartient à tous, nous Madelinots. Bonne lecture et à lundi prochain.

georgesgaudet49@hotmail.com

Que se passe-t-il à Havre-Aubert?

HA 2

La question est posée et je sais que je vais probablement m’attirer les foudres de certaines personnes. Cependant, là n’est pas le but, car s’il est des institutions qui me tiennent à cœur, ce sont bien les deux cas dont je vais tenter de vous entretenir. Mon intervention n’est donc pas envers les personnes qui travaillent dans ces institutions, mais bien, sur le sort qui attend celles-ci (les institutions), en l’occurrence Le Musée de la mer et la fresque historique Mes Îles Mon Pays, si rien n’est fait pour «regaillardir» ces deux importants centres d’attraction de l’Île du Havre-Aubert.

Le Musée de la mer

Dans l’édition du journal Le Radar du 12 au 18 décembre 2014, en page 17, une opinion libre ayant pour titre « Où est passée l’histoire maritime? » rédigée par Robert Montpetit « à Adélina à Fulgence Arseneau » soulève une question qui a mon sens est non seulement toute légitime, mais aussi réaliste qu’il est possible de l’être. En résumé, l’auteur de cette opinion pose la vraie question tout en reconnaissant à juste titre l’effort honnête investi dans ce projet par certaines personnes. Essentiellement, tout tourne peut-être autour de l’identification de la vraie vocation du musée versus le nom qu’il porte.

Petit tour d’horizon

Afin de vérifier les dires de monsieur Montpetit, je suis allé au Musée de la mer il y a quelques semaines de cela. Malheureusement, je suis de l’avis de monsieur Robert Montpetit. Ce « musée de la mer » est tout sauf un musée de la mer. Tout au plus, un musée historique, du moins sur la gauche de l’édifice, mais encore faut-il vraiment s’y attarder. Oui, l’exposition est professionnelle, la qualité et la disposition des matériaux et pièces d’exposition sont bien disposés dans une grande salle, les textes sont explicatifs sur la façon dont les Madelinots vivaient autrefois, mais encore faut-il s’y arrêter longtemps pour en découvrir le contenu. Malheureusement, le beau et coûteux plexiglas qui enveloppe chaque Île de l’ensemble de l’archipel est tellement disposé à l’horizontale qu’il est impossible par exemple de visualiser et lire le contenu au fond de la salle le long des murs. Exemple frustrant en ce qui concerne l’île de Cap-aux-Meules par exemple. Ce qui est frappant dans cette salle, c’est surtout le silence qui y règne, un silence de salon mortuaire alors qu’un véritable musée ne devrait en aucun cas être un endroit tranquille et paisible, mais un endroit bien vivant, avec des bruits de mer dans ce cas-ci, d’oiseaux aquatique, des bruits de moteurs marins de toutes époques, du vent, des claquements de cordages, des rires, des cris d’enfants, des ordres donnés à des équipages. Quant à la salle d’expositions temporaires, la présentation de bien belles maquettes demeurait intéressante, mais non représentative de la véritable histoire du patrimoine maritime des Îles de la Madeleine. L’effort était là, mais encore, pourquoi tenir cette exposition en plein mois de décembre et janvier? – et qu’est-ce qu’on nous réserve pour l’été? En est-on rendu au point où on a honte de notre histoire? – et sinon, l’a-t-on déjà oubliée? Monsieur Montpetit a raison quand il pose les questions suivantes : — où sont les précurseurs du LOVAT, du MANIC, du NORTH GASPÉ… etc. Plus encore, où sont ces Acadiens, fiers pêcheurs avec leurs méthodes de pêche, leurs « tchus pointus », leurs barques à voiles, leurs moteurs Acadia et autres? Où sont les adaptations bien madeliniennes influencées par les bords de mer des provinces maritimes, comme le « canotte à glace et les Cape Islanders? » Où sont ces anciens agrès de pêche expliqués aux « étranges »? En résumé, où sont nos héros de tous les jours, ceux et celles qui ont bâti cet archipel planté en plein golfe?

Là je sais, on va me dire que je ne suis pas un spécialiste pas plus qu’un muséologue et on aura raison. Je sais cependant ce que je souhaiterais voir dans un beau et grand Musée qui me raconte et surtout qui raconte les miens, mes ancêtres et tous ceux et celles qui ont construit cet archipel à coups de rames, de filets, de « bottes construits l’hiver dans des étables », de « trawls », de dragues, de naufrages, de fierté et de larmes. Voilà ce que je souhaiterais « sentir » en entrant dans ce Musée de la mer. Quelque chose comme une odeur de sel, de vagues, de brume, de boucane de hareng et de terre de jardin.

Lunnenburg 

Lunenburg,  Un port, un village, dont le musée est la pierre angulaire de tout l’attrait touristique de cette région.

enfants et chaloupe 

Les enfants font non seulement partie du décor, ils s’amusent et participent à toutes sortes d’activités en relation avec la mer.

Maquette 

Des maquettes

Moteur tocotoc 

Des vieux moteurs marins qui fonctionnent vraiment.

 

Doris-berceau 

Doris berceaux avec plans vendus sur place.

Bateau-musée 

Chalutier servant de musée que l’on peut visiter presque de fond en comble. Sans en souhaiter autant, pourquoi pas aux Îles, quelques bateaux de pêche, quelques voiliers disponibles pour une visite… où la Gaspésienne?

Cabine - capitaine 

Voilà à quoi ressemblait une cabine de capitaine de goélette il y a quelques générations de cela.

Regarder ailleurs

Pas spécialiste, mais des musées maritimes, des musées de la mer, j’en ai visité quelques-uns. Celui de Halifax et celui de Lunenburg en Nouvelle-Écosse, celui de Bar Harbour, de Bath et de Portland dans le Maine, celui de La Rochelle en France. Virtuellement, je suis quotidiennement en contact avec le musée maritime de Terre-Neuve à St-John’s et tous ces musées, sans exception, ont une caractéristique dominante. Ils représentent leur région, son histoire et surtout ils sont « vivants ». En plus d’y visualiser une quantité phénoménale d’agrès de pêche, de vieilles photos, de créations artistiques et surtout de modèles réduits de navires en tous genres, on y enseigne des tas de choses. On y donne des cours en construction artisanale de bateaux en bois, des cours de navigation de plaisance, des cours de weekend ou de quelques semaines. On y fait la démonstration du fonctionnement de ces premiers moteurs primitifs marins, on y enseigne comment sauver le patrimoine du milieu maritime et on y expose avec fierté les créations de tous les artisans passionnés du milieu dans lequel ils vivent. Bien sûr, il faut parler de budget, mais j’ai remarqué que la qualité de ces musées est toujours à la mesure de la fierté de l’histoire des gens qui vivent en ces milieux maritimes, beaucoup plus qu’à l’investissement requis. Souvent, on ne se contente pas d’un édifice, mais le musée se prolonge le long des quais ou sur une rive. À Lunenburg, on peut y visiter une goélette de pêche, un véritable chalutier, la construction de doris par des étudiants, visiter un chargement fictif d’une cale, l’intérieur d’une salle des machines, d’une timonerie. Parfois, même l’économie locale s’en mêle indirectement, comme ces artisans fabriquant des petits doris en berceuse pour enfants, ces doris ouverts pour servir de table de jardin et même, une véritable distillerie artisanale de spiritueux, le tout approuvé par les instances gouvernementales. En d’autres endroits, on y propose des promenades d’une heure et plus sur des antiquités bien rénovées ou l’on vous propose de mettre la main au marteau pour y placer l’étoupe sur une coque en devenir. Pas besoin alors de se payer une croisière de quelques semaines sur la BLUENOSE pour apprécier ces endroits magnifiques, vivants et représentatifs de leur milieu maritime. La Grave dans son ensemble pourrait être un lieu similaire où l’on ressentirait cette communion entre le Musée de la mer et ce superbe endroit d’enseignement et de partage de connaissances maritimes anciennes et nouvelles. Pour l’instant, cela ne semble qu’un beau gros immeuble, bien proche d’une falaise qui se dégrade à vue d’œil sur l’arrière et qui mange tout un paysage qui ne ressemble en rien ou si peu, au fantastique port de mer naturel qu’était Havre-Aubert autrefois. Bien sûr, il y a la marina, les voiliers, les bateaux de plaisance, les boutiques, les restaurants, mais il y manque ce petit quelque chose qui ferait vibrer le cœur et la fibre madelinienne de tous ceux et celles qui portent en leurs gênes, notre fantastique histoire.

Mes Îles, mon pays

Ça, ce sera peut-être pour une autre chronique. Je me suis laissé emporter par un Musée que je souhaiterais encore plus représentatif de gens qui sont nés les deux pieds dans « des bottes de rubber », plantés en très jeune âge dans le sable des platiers de la « djune », le regard sur un « trou de coques », sourire heureux sur les lèvres et en arrière plan, le « tocotoc » du « botte » à Omer à Paulette qui rentre de la pêche.

À la semaine prochaine.

GG

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