lundi 21 septembre 2015

De Cap-aux-Meules à Havre-Saint-Pierre.

* Quand je suis parti des Îles de la Madeleine, mardi le 15 septembre dernier à bord du navire de croisière CTMA Vacancier, je ne croyais pas vivre un si beau et émouvant voyage. Havre-Saint-Pierre sur la Basse-Côte-Nord du Québec était une première pour moi… et j’y reviendrai.

Ému jusqu’aux larmes.

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Ils agitent un drapeau, mon drapeau et me voilà avec les larmes aux yeux. Je ne sais pourquoi je pleure, mais je laisse les larmes couler comme si la mémoire de quelque chose oublié m’était soudainement revenu. Pourtant, je n’en sais rien. Je me sens comme une partie de tous ces gens qui agitent le drapeau acadien, là en bas, sur le quai. Ce drapeau de l’Acadie, ce drapeau d’un pays qui n’existe que dans la tête des uns, dans le langage des autres. Un pays sans frontière, où nous nous reconnaissons entre nous sans avoir nécessairement la même histoire.

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 On m’a dit que mes ancêtres, du moins une partie d’entre eux, avaient quitté les Îles de la Madeleine pour venir s’établir ici à Havre-Saint-Pierre. Ils y ont pris racines et plus d’un siècle plus tard, nous voilà tous émus de nous rencontrer sur ce quai, comme si nous n’étions qu’une seule famille séparée depuis longtemps par l’histoire et les épreuves du temps. J’ai l’impression de rencontrer de vieux amis, des frères et sœurs, des gens de mon village, même si nous ne nous sommes jamais rencontrés vraiment. Je leur dis : « Je reviendrai » et je le souhaite vraiment. Je me sens comme quelqu’un qui arrive au paradis et qui revois de vieux amis, des parents, des frères et sœurs, des oncles et tantes, cousins et cousines, disparus depuis longtemps. Peut-être est-ce pour cela que je pleure sur ce drapeau qu’ils agitent tous.

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Peut-être est-ce aussi pour cette autre raison. Il y a des années de cela, mon frère habitait ces lieux. Il volait souvent avec son avion le long de cette longue terre qu’il appelait un pays semblable au nôtre. Un horizon sans fin, des pêcheurs, des chasseurs, des gens sans artifices, fiers et accueillants. Mon frère est décédé en janvier dernier. Hier, en voyant tous ces gens agitant sur le quai en guise d’un au revoir ce drapeau Acadien, j’ai eu l’impression de revoir mon frère amerrir dans le havre, entre l’île d’en face et en amont de la petite Île au marteau. J’ai eu l’impression soudaine qu’il était à mes côtés et qu’il me disait : « Regarde!- La Basse-Côte-Nord, c’est les Îles 40 ans passées dans ce qu’elles avaient de plus beau. Regarde, ce sont eux nos frères. Ils nous ressemblent tellement.» Et dans un regard tourné vers la mer, je l’ai revu s’envoler vers un horizon dont seule mon imagination en créait l’immensité.

Arrivée Donald à Havre St-Pierre

Voilà pourquoi sans doute, je pleurais. Je n’avais pas trouvé uniquement des frères, mais mon frère. Et ce, grâce à la magie de cette rencontre avec ces Saint-Pierrais, ces “Cayens”, ce peuple Acadien en chair et en os, qui désormais existent encore plus que mon drapeau, à la fois dans mon langage, dans ma tête et surtout dans mon cœur.

Georges Gaudet

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