lundi 5 octobre 2015

Un monde en déconstruction

Les blues de l’automne

Par : Georges Gaudet

automne 2

Habituellement, l’automne est une saison que j’aime beaucoup. La nature parée de ses plus belles couleurs semble reprendre son souffle après cette frénésie estivale alors qu’une température fraîchement clémente s’empare des balcons vidés de leurs « barbe-Q-eux » et que les outardes entament leurs préparatifs pour leur long voyage vers le Sud. Hélas! cette fois-ci, je suis inquiet et pour cause. Alors que récemment, je me suis demandé de nombreuses fois s’il valait la peine de continuer d’écrire, c’est en lisant un extrait des pensées et réflexions de la grande écrivaine Marie-Claire Blais que j’ai compris ne pas être le seul devant ce dilemme. Dans un roman qu’elle vient de publier « Le festin au crépuscule » chez Boréal, elle y transpose par le biais de ses personnages, la difficulté pour tout écrivain un tant soit peu visionnaire, le côté prophétique et le lourd fardeau qu’il porte sur ses épaules dans un monde qui se défait.

Quelques réalités

Et si pendant un instant de lucidité, nous laissions tomber les qualificatifs d’optimisme ou de pessimisme, mais que nous parlions de réalités. Premier constat : les Québécois ne lisent pas. Pire, la moitié d’entre eux peuvent lire un texte, mais ne comprennent pas ce qu’ils lisent. Pas étonnant alors qu’ils mêlent politique et sport, fédéralisme et pouvoirs provinciaux ou municipaux tout autant que la géographie des lieux, mêlant autant les provinces que les États américains quand ce n’est pas les noms et les partis de nos chefs politiques qui, malgré tous les défauts que l’on puisse leur accoler, sont les véritables responsables de décisions qui peuvent faire de nos vies communautaires, sociales ou privées, soit un véritable enfer ou un monde passablement viable. Ainsi, ne faut-il pas s’étonner que lors d’un dernier sondage politique, 28 % des gens ne connaissaient pas le parti politique de Stephen Harper, 39 % ne connaissaient pas le chef du parti libéral du Canada, 41 % ne savaient pas qui était Gilles Duceppe, certains le décrivant comme « un ancien premier ministre du CANADA… avec le PQ. Il faut le faire, vous ne trouvez pas? Pourtant, nous n’avons jamais été si informés et bien sûr, si manipulés. Les grands stratèges du choix électoral le savent très bien. Plus la population dans son ensemble sera gardée dans l’ignorance, blasée ou incapable de jugement personnel, plus elle sera facile à manipuler, à berner et même à “voler”. Pendant ce temps au Québec, notre système d’éducation s’en va comme le dirait ma grand-mère, à la valdrague. Notre système de santé publique encore pire alors que nos pavages de routes, nos systèmes gouvernementaux informatisés et infrastructures font l’objet de coûts faramineux dont un fort pourcentage s’en va directement dans des paradis fiscaux bien à l’abri des impôts qui devraient nous appartenir en tant que société.

Et dans le monde

Or noir

Qui pourrait soutenir que la Troisième Guerre mondiale n’est pas commencée? Un monstre appelé EI (État Islamique) ou DAESH est en train de fomenter une invasion mondiale qui fera passer les hordes de Hitler pour un test préparatoire, tellement leur folie, leur cruauté et leur barbarie ne trouvent pas de noms déjà aujourd’hui. Pendant ce temps, nos deux superpuissances, les États-Unis et la Russie se livrent à une guerre de tranchées par alliés interposés afin de se partager l’or noir de toute la planète. Entre despotes cruels capables de maintenir un semblant de paix au sein de leur population respective et cette croyance naïve d’imposer une démocratie auprès d’un peuple qui n’en connaît même pas le mot, n’y a-t-il pas lieu de croire que tout ceci n’est que manipulation et cache des intérêts à saveur de domination mondiale? Pendant ce temps, des milliers, voire des millions de gens fuyant l’horreur des attaquants, envahissent les frontières de pays dits plus stables alors qu’ils transportent malheureusement dans leurs rangs, une proportion inconnue d’éléments capables de jouer un rôle déstabilisant à l’échelle planétaire s’ils ne sont pas ciblés tout de suite. La faim, l’appropriation de l’eau et de l’énergie seront-elles les trois chevaliers de l’apocalypse? – il y a lieu d’y penser, le tout sur fond de folie religieuse. Notre bonne jeune Terre souffre et s’essouffle. Finira-t-elle un jour par se débarrasser de l’homme? — un peu comme un corps finit par se débarrasser d’une grippe ou d’un virus? Avouons qu’elle ne s’en porterait que mieux et qu’il ne faudrait que quelques trois siècles à sa nature pour faire disparaître toute trace d’humanité sur son sol et dans ses mers. Est-ce ce qui est arrivé sur la planète Mars? — qu’en savons-nous?

Les outardes

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Pas folles les bernaches canadiennes. Elles partent pour le Sud avant l’hiver et savent probablement que tout au long de leur parcours, elles auront à affronter ce grand tueur “sportif” qu’est l’homme. Et si encore, il se nourrissait de leur chair. Mais non! — plombées de grenaille, la plupart des victimes seront trop infestées de plomb pour être comestibles.

Pendant ce temps

Pendant ce temps, un humoriste insulte un handicapé au nom de la libre expression. On ridiculise sur les ondes une ex-policière ayant commis une véritable bavure tout en la glorifiant d’héroïne par la suite. Un véritable cheval de Troie menace ce qui reste de notre civilisation et nos chefs ne comptent que sur le nombre de votes que leur silence pourra leur rapporter. Et dans ce grand tintamarre alors que la ville de Montréal souhaite verser toute sa merde dans notre si beau fleuve pendant sept semaines afin de construire une chute de neige, nous, aux Îles de la Madeleine, nous n’avons même pas le droit de jeter notre neige à la mer, même quand le vent s’en charge.

Pendant ce temps, un père écrit à son fils de 16 ans. Il s’appelle Jean Barbe. Voici un extrait de sa chronique dans le Journal de Montréal du 4 octobre dernier. Salut, fils. Excuse-moi de passer par Le Journal pour te parler. Je sais que ça te gêne. Mais de toute manière, il y a peu de chances que tu lises ceci. Comme la plupart des gens de 16 ans, tu ne lis pas les journaux. … et la finale : Sur le net, on apprend, on apprend à s’indigner, de tout et de rien. À raison ou à tort. Dans les livres, on apprend à aimer. Voilà, c’est ça que je voulais te dire. Je voulais te dire de ne pas oublier d’aimer.

Écrire en vaut-il la peine?

IMG_1249 (superposition) GG

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