Horizon incertain, défis nouveaux.
Quand
j’ai quitté le rôle de chroniqueur au journal hebdomadaire LE RADAR aux Îles de
la Madeleine, précisément le 19 juin 2015, je pensais être facilement capable
de couper les ponts avec ce métier pratiqué depuis les 16 années précédentes.
La décision était mienne, amicale et réfléchie. J’avais toutefois sous-estimé l’emprise
que peut avoir sur l’humain, une habitude. Alors, sans véritablement m’en
rendre compte, la routine d’émettre au fil de mon vécu et de mes découvertes,
des opinions sur les principaux sujets qui me touchaient et risquaient de
toucher mes lecteurs ne s’est jamais démentie. Voilà
peut-être ce qui explique la poursuite de l’écriture d’un blogue hebdomadaire,
réglé comme une horloge, en plus d’une copie adaptée sur le site officiel des
Îles de la Madeleine.
Il faut arrêter
Il
n’y a pas de regrets dans ce constat, mais je réalise aujourd’hui qu’il me faut
passer à autre chose. Je ne publierai plus hebdomadairement une chronique sur
mon blogue. Il deviendra uniquement une page publicitaire élaborée au fil des
activités à venir et toujours selon les nécessités du moment. Aussi se termine
ici ma participation volontaire sur le site officiel des Îles de la Madeleine.
J’en profite d’ailleurs pour remercier les propriétaires de ce site d’avoir
accueilli en leurs pages mes chroniques depuis mon départ du journal Le Radar.
Pour moi, ce geste de leur part m’aura permis de fermer la porte avec douceur
sur une activité qui fut mon pain et mon beurre en plus d’une grande partie de
ma vie pendant plus de 15 ans. Aujourd’hui, m’en allant allègrement vers une 67e
année d’existence, je réalise que le meilleur de ma carrière professionnelle
fut celui d’exercer le métier de journaliste et chroniqueur. Un métier que j’ai
vraiment entrepris à l’âge de 49 ans, bien que j’écris depuis l’âge de 10 ans.
Cette manie d’écrire a commencé par un poème sur l’amour que je portais à mes
parents.
Un
jour, il y a longtemps de cela, ma plus grande amie m’a fait promettre de ne
jamais cesser d’écrire. J’ai promis et je tiendrai promesse. Toutefois,
l’écriture peut prendre plusieurs formes et il m’en reste beaucoup à découvrir.
Tant de choses ont changé depuis les vingt dernières années. Les gens ne lisent
plus, du moins plus de la même façon. Je dirais plutôt qu’ils regardent. Ceux
qui lisent vraiment sont l’exception. Quant à l’écriture, elle se transforme à
la vitesse des médias sociaux. Les barrières tombent, les règles aussi. Il est
heureux que le langage se démocratise et malheureusement, il perd aussi de sa
civilité. L’opinion est accessible à tous ou presque et je crois sincèrement
que c’est une victoire sur l’autoritarisme dément qui mène encore trop de
peuples. Toutefois, chaque médaille ayant son revers, cette grande liberté
montre aussi un portrait peu flatteur de la méchanceté, la vulgarité et l’animosité
d’un trop grand nombre de personnes s’exprimant librement sur la grande toile
mondiale. Les mots deviennent des couteaux, le verbe assassin et la phrase
manipulatrice. Ce phénomène est maintenant devenu le plus grand bar ouvert de l’histoire
de l’humanité, en réunissant autour d’une table grande comme le monde, tous les
humains qui ne boivent pas nécessairement la même bière.

Un dernier verre
Alors,
je vide mon dernier verre. Il reste trop à faire pour demeurer autour de la
table jusqu’au « last call ». Je pourrai toujours y revenir si j’ai
soif. En attendant, il reste des conférences à prononcer, des livres à publier
même si les gens ne lisent pas, tant de toiles à immortaliser et tant
d’aventures à réaliser. Tant de jours de voile, de coups de rames et de pagaies
autour des bords de côtes avant qu’elles nous soient interdites, tant de
voyages en petite moto, scooter ou bicyclette avant que les gouvernements, les
compagnies et les assurances ne les réservent qu’aux mieux nantis, tant de
petits bobos à soigner avant que les compagnies pharmaceutiques et les médecins
ne réservent leur savoir et leurs services qu’aux plus offrants, tant à
continuer d’apprendre avant que des despotes réalisent que le savoir des autres
devient une menace pour eux.
Tant
à réaliser, avant que la mémoire oublie.
GG