Pâques,
l’espoir face à la désolation
Je ne suis pas ce qu’on peut appeler « un bon chrétien », même que
selon les cannons de l’Église catholique, je serais probablement qualifié de
délinquant, sinon pire. Je suis loin d’aller à la messe tous les dimanches, je
suis divorcé et le genre de confession que je respecte le plus tient en un
dialogue personnel avec celui que j’appelle Dieu. Et puis quand j’en suis gêné,
je dialogue alors avec celui que j’appelle mon chum… Jésus. Pourtant, cela ne
m’a pas empêché d’assister volontairement à la messe de Pâques hier. J’avais
besoin de faire une pause, de réfléchir et comme toujours, poser des questions.
Je n’y peux rien, c’est ma nature et puis tant pis si Dieu n’aime pas ça. Il
n’a qu’à s’en prendre à lui-même, c’est lui qui m’a créé m’a-t-on enseigné.
C’est que des fois, je me demande s’il dort au
gaz, ce Dieu. Autant je tiens à le remercier de vivre dans un lieu terrestre
bien acceptable malgré les tordus qui nous gouvernent, autant je me demande
pourquoi tant de gens souffrent, apparemment sans raison valable, sinon qu’ils
sont nés au mauvais moment, à la mauvaise place. On dit que le grand Jacques
Brel répondait à ceux qui lui demandaient comment il allait, la réponse
suivante : « Bah! J’ai mal aux
autres! » Au cours de la semaine, je suis vraiment tombé par hasard sur
une vidéo d’une véritable exécution humaine en plein territoire de guerre. J’ai
déjà vu la mort de près et j’ai vu mourir. Dans les deux cas, malgré la
tristesse ou la peur, j’ai éprouvé une certaine paix intérieure difficile à
expliquer. Mais là, devant mon écran, ce fut tout à fait le contraire. On dit
que le mal existe et je le crois, mais comme je suis plutôt visuel qu’auditif,
là je l’ai vraiment vu de mes yeux et oui, le mal existe vraiment. J’ai
vraiment eu « mal aux autres. »
Voilà ce qui m’a amené à l’église hier matin plutôt que la répétition annuelle
de la messe de Pâques. Le monde dans lequel nous vivons est bien beau sous
certains angles. La nature, les couleurs, la vie qui l’anime, ces animaux, ces
forêts, ces mers, ces cieux ensoleillés ou grandioses de nuages, ces montagnes
majestueuses, enfin, tous ces tableaux sont d’une beauté forçant l’admiration,
la méditation, la contemplation. Toutefois, personne ne peut nier que pour que
cette vie existe, il y a la mort. Cette mort qu’on dit que Jésus a vaincue. Le
gros poisson mange le petit, la vache mange l’herbe, les insectes se
nourrissent des forêts et se mangent entre eux, le lion bouffe la gazelle et
ainsi de suite. L’homme, quant à lui, a développé les systèmes les plus
sophistiqués et efficaces pour détruire ses semblables, tant par les
instruments de torture et de destruction qu’il a créés, que par la
justification de quelconques croyances qui proclament la mort comme solution à
tout ce qui ne lui ressemble pas dans sa culture ou ses croyances. Il se croit
maître de l’univers, alors qu’à 12,000 pieds (3650m) d’altitude, il est déjà en
milieu si hostile que sans une réserve d’oxygène à sa portée, il meurt en moins
de deux minutes. Dans les faits, il vit sous une couche si mince de vie que par
comparaison, la fourmi vivant sous une planche pourrie doit voir son univers à
elle bien plus vaste que celui de l’homme. En somme, l’homme n’est rien malgré
toute sa prétention. Et si c’était justement cela que Jésus est venu nous dire.
« Vous n’êtes rien ici-bas, mais suivez mes conseils, la vraie vie qui
commence ici, elle peut se continuer ailleurs. Mais pour cela, il faut croire
en la pérennité de mon message : “Aimez-vous
les uns les autres”… ce qui selon ma compréhension revient à dire, cessez donc de vous entretuer.
Une église en
difficultés
Cette Église universelle que j’ai aimée, qui
m’a aussi fait souffrir, je la vois se désintégrer avec tristesse. Quand on
remet en question quelque chose, il faut avoir l’honnêteté intellectuelle de
tout remettre en question, mais non de tout détruire avant de l’avoir analysé.
Malheureusement, deux courants diamétralement opposés semblent se dessiner au
sein de la chrétienté actuelle et j’ai peur que cette chrétienté soit reléguée
au rang d’une multitude de croyances ou de non-croyances, chapeautées par la
toute-puissance d’une religion préconisant la mort de tout ce qui ne lui
ressemble pas. D’ailleurs, l’Église chrétienne n’a-t-elle pas fait la même
chose par le passé, il y a plus de 6 siècles de cela? Et elle en paye le prix
encore aujourd’hui.
J’aime le Pape François et j’aime son approche.
On dit qu’il est en grave danger. On dit qu’il serait la cible par excellence
de Daesh, que le gouvernement des USA s’en laverait les mains parce qu’il est en
porte-à-faux avec le nouveau président de ce pays. On dit que son discours sur
la redistribution des richesses, sur l’écologie, sur les voleurs de Wall Street,
sur la position des femmes dans l’Église, sur la vente d’armes, sur le célibat
des prêtres, sur les homosexuels, sur les assassinats de milliers de gens,
particulièrement des civils et des enfants dans les pays en guerre, en
indisposerait plus d’un au sein même du Vatican. On dit qu’on craint même pour
sa vie à l’intérieur des murs de Rome. On dit même qu’une rumeur circule à
l’effet qu’en Argentine, il serait le père d’un enfant… et puis après? Comme le
diraient d’autres; “So what?” Un peu
d’humanité dans ce cercle d’hommes en soutanes serait comme une fraîcheur entrant
par les fenêtres un jour de printemps il me semble.
Ce matin, devant les portes de l’église, je me
suis arrêté. Je me suis demandé si j’avais le droit d’y entrer, surtout avec
tous ces interdits qui existent encore au sein de cette institution. Et puis je
me suis dit que Jésus acceptait tout le monde et que dans la culture de son
époque, il est même allé jusqu’à défendre une femme qu’on voulait lapider.
Essayez ça encore aujourd’hui en Iran, au Yémen, en Irak ou en Arabie Saoudite
et vous m’en direz des nouvelles, si toutefois vous vivez assez longtemps pour en
parler. Aussi, je suis allé communier, n’en déplaise à certaines âmes au
jugement sévère et vous savez pourquoi? Parce que Jésus, je ne crois pas qu’il
soit venu pour les ventres pleins, mais pour ceux et celles qui ont faim. Et au
plus profond de ma croyance, je crois bien que c’est aussi ce que le Pape
François pense, même s’il est entouré de trop de gens qui ont plus à cœur leur
statut de dignitaires de l’Église que le sort de l’humanité. J‘espère seulement
que lui au moins, on ne le crucifiera pas!
Voilà! C’est mon cadeau de Pâques à tous mes
amis sur mon blogue et sur FB. Certains ne seront pas contents, mais que
voulez-vous, on ne peut contenter tout le monde. Joyeuses Pâques à tous, tout
au long de l’année quand même. Que l’espérance soit le moteur de votre pensée
au sein d’une humanité qui cherche encore son véritable chemin.
À la prochaine chronique.
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