lundi 25 février 2013

Excusez « la montée de lait»

* Je sais ne pas être dans la ligne éditoriale que je me suis imposé lors de la création de ce blogue, mais après avoir été témoin d’une situation qui n’a pas sa raison d’être dans une salle d’urgence hospitalière, je tiens à partager le texte suivant avec vous. Bien sûr cela n’a rien d’exceptionnel et il y a pire, « bien pire » diront certains et avec raison. Voici quand même une partie de la chronique que j’ai publiée dans le journal local la semaine dernière. Pour celles et ceux qui se rendront jusqu’au bout, je vous fais cadeau de quelques photos qui n’ont rien à voir avec le texte. Elles n’ont pour but que d’inciter à l’admiration de cette nature qui a le don de nous inspirer et surtout de nous relaxer… heureusement.

 

Survivre à une salle d’urgence, est-ce possible?

Toute une expérience

Je dois préciser qu’il ne s’agit pas de moi ici et vous comprendrez que je vais taire le malaise ou la maladie en question par respect pour la personne. Il est neuf heures du matin. Depuis 24 heures, la personne en question est assaillie d’une douleur intolérable, ce genre de douleur qui vous rend incapable de fonctionner, incapable de vous concentrer, incapable de dormir, incapable de vous tenir debout, incapable de demeurer assis. Grosso modo, incapable de tout tellement c’est souffrant. Pourtant, il y a hésitation à se rendre à l’urgence, car étant un problème aigu, mais quand même récurrent, le triage va certainement classer l’affaire dans la longue liste d’attente. Alors que faire? Pas de clinique sans rendez-vous, pas de médecin de famille, pas de vie en danger immédiate à moins d’avoir envie d’en finir tellement la douleur est insupportable. Maintenant, j’ai dit douleur, un mot que certaines personnes du corps médical n’aiment pas. Même si cela ne s’est pas passé récemment, j’ai bon souvenir d’un médecin qui m’a dit un jour que la douleur n’était qu’une émotion et que cela n’entrait pas en considération dans l’évaluation de l’état d’urgence, surtout si la vie n’était pas en danger. Je vous assure qu’on oublie jamais une remarque comme celle-là, même bien des années plus tard. Hélas, malgré tout ça, il faut envisager l’urgence, un peu comme choisir entre deux maux, le moindre.

10 h

Arrivée devant la sonnette des rendez-vous. Vers 10 h 30, c’est l’appel pour le triage. Le processus est engagé. C’est à peine si la personne vous regarde ou inspecte le pourquoi de votre souffrance, car ce n’est pas son rôle. Elle vérifie vos systèmes vitaux et comme votre vie n’est pas en danger, elle écrit sur l’ordinateur. Elle semble en écrire autant que je suis en train d’en écrire ici. Quel est votre statut matrimonial? – dites-moi ce que cette question vient faire là s’il vous plait, tout comme la suivante : de quoi souffrez-vous? J’ai toujours trouvé ridicule de demander à une personne souffrante de faire son propre diagnostic afin d’orienter le médecin avant la première rencontre « visuelle ». Docteur Labrie faisait mieux que ça. Disons que son approche était certainement plus humaine. Puis c’est le renvoi sur des chaises qui ont plus l’air d’instruments de torture que de vrais objets pour soutenir les fesses. Une douzaine de patients sont en attente. À midi, il ne reste plus que deux patients, mais il faut croire que c’était l’heure du repas puisqu’à 13 h, de nouveaux patients arrivent et les deux laissés là vers midi le sont toujours. Curieusement, tous les patients récemment arrivés passent devant les deux en attente depuis la matinée. Vers 13 h 30, n’ayant pas mangé depuis le matin, je descends vers la cafétéria pour y apporter quelque chose à la personne toujours en attente et toujours dans les mêmes souffrances. Le lieu est fermé et il faut me rabattre sur une machine distributrice dont les sandwiches sont à la limite de la journée en question. Par mesure de prudence, j’achète deux « muffins » et ce sera tout jusqu’à l’hypothétique sortie. Retour à la salle d’attente pour enfin entendre l’appel vers 14h 30 et là, illusion, il ne s’agit pas de la visite immédiate d’un médecin. Passant devant « le centre de contrôle », plus d’une demi-douzaine de gens, les uniformes neutres ne permettant pas de savoir qui fait quoi dans ce bled, sont rivés sur des écrans d’ordinateur alors que des femmes, sans doute des infirmières, dossiers en mains, courent comme si elles avaient le feu. Je réalise que c’est peut-être « le changement de shift», car il y a de nouveaux visages dans l’enceinte. Enfin, un médecin entre dans le cubicule d’attente. Il est gentil, compréhensif et passe tout de suite à l’examen. Puis c’est le renvoi à la salle remplie de chaises de torture après prélèvements sanguins et attentes des résultats. Il est 16 h 30 au sortir de l’urgence, prescriptions en mains, direction pharmacie.

Ne dites pas ça!

Là, j’en suis presque certain, l’on va s’empresser de me dire que ce n’est rien d’anormal, qu’en dehors, c’est pire, que six heures et demie dans une urgence, c’est bien moins qu’ailleurs, là où l’on risque d’attendre 12 heures, même parfois 24 heures et plus. Vous savez, il y a dans la langue anglaise une expression qui dit tout. « Two wrongs don’t make one right » ce qui peut se résumer ainsi quoique pas aussi exact : « Deux maux ne font pas un bienfait ». Eh non, ce n’est pas normal d’appeler urgence un tel système. Il y a une autre chose qui me questionne, particulièrement aux Îles de la Madeleine. Chaque année, on nous sert des statistiques qui en beurrent épais sur le taux de satisfaction des Madelinots à propos de leur système hospitalier. Quand va-t-on cesser d’avoir peu de dénoncer ce genre de situation comme celle exposée ici? Oui on a peur. On a peur d’être dénoncé, pire on a peur d’être moins bien traités, on a peur d’être « tagués » comme le dit cette expression sur les réseaux sociaux. Tous n’ont pas l’occasion de s’exprimer publiquement, mais ce qui m’agace au plus haut point, ce sont ces personnes en position de pouvoir qui font la sourde oreille et ne disent rien pour toutes sortes de raisons, allant de la peur de manquer d’avancement en passant par des sanctions au travail ou par opportunité politique. Ne rien dire équivaut à accepter, et personnellement, je m’excuse, mais jamais on ne me fera avaler que pareille situation est NORMALE.

Des solutions

Elles existent en d’autres pays. En France par exemple, vous n’allez à l’urgence que si votre vie est en danger, mais il y a des médecins de famille pour tout le monde, des visites à domicile, des cliniques sans rendez-vous le matin et sur rendez-vous en après-midi. Vous pouvez même appeler sur une ligne téléphonique pour vous faire aider à trouver la clinique la moins achalandée et prendre rendez-vous sur internet. Ici, au Québec, c’est le bordel. Une médecine de guerre serait plus efficace. Cela coûte plus cher à certains hôpitaux en agence de sécurité qu’en services d’accessibilité aux patients, mais voilà, cela prend « des couilles » pour changer un système ankylosé dans les fleurs du tapis des bureaucrates.

Si j’étais ministre de la Santé

Je poserais à l’organisme que les médias appellent le tout puissant Collège des médecins, les questions suivantes : Comment se fait-il qu’il soit si difficile de reconnaître un peu plus de droit d’exercice aux pharmaciens? Pourquoi est-ce si difficile de former et reconnaître les compétences de « super infirmières et infirmiers » capables de soulager l’engorgement du système? Je vous souligne que cela existe ailleurs et ça fonctionne. Comment se fait-il qu’au Québec, en matière de santé, tout semble presque immuable? – et j’exigerais les vraies réponses bien entendu. À quand un ministre, soutenu par son/sa première ministre et à qui on donnera l’ordre de faire le ménage dans la baraque médicale québécoise, quitte à froisser certaines institutions, certains domaines universitaires, certaines spécialités et certaines institutions aux pouvoirs peut-être un peu trop vastes? Mais voilà! Pour ça, cela prend un gouvernement capable de mettre ses culottes, capable de contingenter là où il le faut et former plus de généralistes, plus de membres de soins infirmiers spécialisés. Un gouvernement qui ne cèderait pas au chantage et aux menaces de départs vers le Sud de la part de certains cerveaux. Il me semble que ce serait là un début de solution. Des solutions simplistes diront certains. Eh oui!, c’est l’excuse facile. Pourtant un auteur bien connu a déjà écrit : « La vérité, ce n'est point ce qui se démontre, c'est ce qui simplifie. Et il serait aussi sage de comprendre la suivante du même auteur : « La perfection est atteinte, non pas lorsqu'il n'y a plus rien à ajouter, mais lorsqu'il n'y a plus rien à retirer.  »…dixit St-Ex.

* Malgré tout, bonne semaine à toutes et à tous. Tel que promis, voici quelques photos, toujours prises du balcon ou quelque part à partir d’une fenêtre de la maison.

P2230002Premiers signes annonciateurs de printemps

P2230018En voilà un qui à bien hâte d’être mis à l’eau. Disons que c’est surtout son propriétaire qui à hâte de le voir à l’eau…

P2230019

Quand les mâts des bateaux attendent le printemps !

P2230016 …et que le phare en attend tout autant.

GG

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