lundi 7 avril 2014

Histoire d’une passion Partie 2 (suite 5)

Voler pour le plaisir

Après un premier vol en solitaire, j’ai pu louer un monoplace et me promener dans tout le ciel aérien de la Rive-Sud de Québec à l’intérieur des limites exigées par le ministère des Transports du Canada. Ainsi, tout le panorama de la Rive-Sud du fleuve jusqu’en Beauce devint l’objet de mon admiration, je dirais même plus, de mon extase. Les photos qui suivent sont toutes de moi ou de Jeannine, qui en compagnie de mon ancien instructeur (Jacques Gagné) sur un autre appareil biplace, ont pris les clichés que voici.

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J’ai alors souvenir de ce vol au dessus de la rivière Chaudière par un beau matin d’août, un de ces matins où le ciel semble vous appartenir, un de ces matins où ailes dans ailes, comme des outardes, vous volez en formation à côté de ceux qui ont tout fait pour vous apprendre à voler, un de ces matins ou vous êtes convaincu d’être devenu un oiseau.

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J’ai souvenir de ce voyage dans le Maine et d’un vol en planeur au dessus de la région de Bangor. Pas de moteur et à la remorque d’un avion, j’ai mis la main pour une deuxième fois aux commandes d’un planeur après le lâché de l’avion-remorqueur… sous la surveillance d’un instructeur bien sûr. J’avais vécu semblable expérience auparavant au dessus de la région de St-Raymond de Portneuf non loin de Québec et peu à peu, je découvrais la vraie sensation de voler comme un véritable oiseau. Plus tard, j’ai tenté de me familiariser avec le parapente. Ici dans la région de Drummondville, question d’apprendre à tenir une aile flexible au dessus de la tête avant de passer à la chute contrôlée en bas d’un monticule. Une mauvaise température et de courtes vacances m’empêcheront d’en arriver à un premier vol, mais le virus était implanté dans mon cerveau.

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J’ai aussi souvenir d’un vol au dessus de la capitale nationale (Ottawa) à bord d’un vieux biplan datant de 1937 et propriété du musée national de l’aviation. Bien sûr, je n’ai pas piloté cet appareil, mais d’être assis en tandem, visage à découvert et dans les effluves émanant de l’huile chauffée des 9 cylindres de ce vieil avion m’a fait goûter un peu ce que les St-Ex, Mermoz et compagnie ont vécus au cours de leur vie. Pour une fois, j’avais l’impression de toucher leur paradis.

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1989. J’ai aussi souvenir d’un passionné du nom de Paul Pontois qui m’encouragea à acquérir mon propre ultraléger. Pour me démontrer sa passion, il m’envoya une photo de la première sortie extérieure de son propre appareil. Pendant deux années, il l’avait construit dans l’entre-toît de sa maison et avait dû le sortir par une fenêtre avant d’y attacher les ailes. Son épouse avait dû enjamber pendant tout ce temps la queue de l’appareil chaque fois qu’elle devait prendre une douche.

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Tristes souvenirs de quelques échecs ou fin d’un rêve. Mon premier appareil fut acquis en 1991. Il s’agissait d’un kit à monter, lequel fut réalisé en moins de 400 heures, ici aux Îles de la Madeleine. Malheureusement, des problèmes mécaniques constants rendant impossible des essais sans danger excessif, ont forcé la vente de cet appareil qui, une fois vérifié par des spécialistes de ce genre de motorisation à Québec, fit le bonheur de son nouveau propriétaire au dessus de Neuville pendant plusieurs années. Bien sûr, avec l’aide de Paul Pontois, j’ai bâti mon Sky-Pup dans les années qui ont suivi. Hélas en 1996, après sa courte carrière aux Îles et la perte de mon emploi, le voici bien emballé sur sa remorque afin d’être livré à un cultivateur de la région d’Ottawa, via CTMA jusque Montréal.

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Les hauts et les bas de la vie m’ont finalement transporté pendant trois années sur l’Île-du-Prince-Édouard. C’est ainsi qu’entre janvier 1996 et mai 1998,  j’ai terminé avec succès (3e sur 22 élèves) un cours de technicien en réparation de moteurs d’avion turbo propulsés d’une durée de 2500 heures. Alors âgé de 49 ans, malgré la belle réussite de ce cours, aucune compagnie d’aviation n’a voulu m’embaucher. Après plus de 100 curriculum vitae bilingues et quelques milliers de kilomètres parcourus partout dans les maritimes et au Québec, un arrêt chez mes parents pendant la période des Fêtes m’aura ouvert une porte sur le journalisme et j’y suis demeuré jusqu’à aujourd’hui. Vingt ans après une formation intense de trois années dans ce domaine, on me donnait enfin ma chance dans ce métier. Il était tard pour une carrière provinciale, mais enfin, je pouvais à nouveau gagner ma croûte.

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Une courte période de vacances à l’été 1999 m’aura permis de me rendre au véritable pèlerinage à La Mecque de l’aviation civile, précisément à Oshkosh au Wisconsin, soit une distance de 5900 km aller/retour, le tout parcouru avec mon camion dont une boîte de bois de 4pi x 4pi x 6pi fut vite aménagée en « chambre d’hôtel » sur un parcours d’une durée de 78 heures. C’est là que j’ai fêté mes 50 années de vie et me suis gavé de ce site exceptionnel où, chaque année, lors de la dernière semaine de juillet et la première d’août, sont réunis environ 1200 exposants d’avions de toutes sortes et environ 200 démonstrations acrobatiques aériennes. Ce fut ma façon bien à moi de fêter mon demi-siècle d’existence.

Et la vie continue

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En 2000 et 2001, grâce à l’évolution du réseau internet, j’ai eu l’opportunité de vivre aux É.-U. pendant de longues périodes tout en travaillant à distance pour mon employeur. Pour le travail., mon cerveau était Madelinot et pour les loisirs, mon cœur se trouvait au Nevada, précisément à Las Vegas et les alentours. N’étant pas un joueur aux casinos, j’ai consacré beaucoup de temps à flâner sur les différentes pistes d’envol de ce coin des États-Unis. C’est ainsi que j’ai réussi un premier vol libre en parapente à quelque 2200 pieds au dessus d’un lac séché non loin d’une petite ville appelée Jean (comme les culottes). Merveilleuse expérience qui m’a réconcilié avec le parapente, un moyen de voler que je craignais à priori. Plus tard, un vol en planeur au dessus des Rocheuses et aux commandes (surveillées par un instructeur) d’un planeur bi-places m’a convaincu que c’était la discipline de vol la plus exaltante qui soit. Pour une première fois, j’ai maîtrisé totalement ce bijou de planeur à partir de la tractation au décollage et jusqu’au retour/arrêt sur la piste après un vol sublime au dessus de la chaîne des montagnes. Décidément, si j’avais joué plus souvent aux casinos, peut-être aurais-je pu m’acheter un bijou pareil, mais en ne jouant pas, la possibilité de gagner s’en trouva passablement réduite. D’autres diraient que j’aurais pu aussi y laisser ma chemise et plus encore.

Derniers souvenirs

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Je termine l’exposé de cette semaine avec deux photos prises au-dessus des Îles de la Madeleine par un printemps tardif comme celui de cette année. Si ma mémoire ne me trompe pas, c’était en 2008 et j’ai pris ces photos à partir de l’appareil privé de mon ami Raymond Landry, alors en visite aux Îles. Bien qu’ayant à peu près tout essayé en matière de vol aérien, il est curieux que ce ne soit pas l’avion comme tel qui me fascine, mais bien ce qu’il m’a apporté comme valeurs humaines. Malgré les échecs et les quelques succès ici et là, c’est un regard différent sur le monde que le concept de voler apporte à celui qui accepte d’acquérir ses propres ailes. En gros, j’ai toujours eu l’impression depuis les premiers mètres arrachés du sol que c’était ainsi que les anges voyaient la terre et les humains. Suis-je un ange déchu? – je ne le crois pas, mais je sais une chose. Si tous les gens voyaient la terre comme je la vois aujourd’hui, peut-être aurions-nous un peu plus d’intérêts à cesser de nous battre entre nous et à protéger ce beau vaisseau spatial sur lequel nous naviguons dans cet espace interplanétaire.

* Il me reste encore deux chroniques sur ce sujet. La semaine prochaine : « Les valeurs que l’aviation peut enseigner aux enfants » et je terminerai la semaine suivante par le récit de mon premier véritable saut en parachute solo et la guérison qu’il m’a apportée.

À la semaine prochaine.

GG 

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