dimanche 13 avril 2014

Histoire d’une passion Partie 2 (suite 6)

 
Les valeurs que l’aviation peut enseigner aux enfants
Raconter l’histoire de l’aviation aux enfants
futurs pilotes

C’est ce qui m’est arrivé un certain 17 juin d’il y a quelques années et quel plaisir ce fut. J’étais en effet l’invité de l’école primaire de Grande-Entrée dans le but d’entretenir les élèves de maternelle, première, deuxième et troisième année sur un de mes sujets préférés : « La belle et jeune histoire de l’aviation. »
À vrai dire, une histoire de quelque 110 années et des poussières n’est pas si jeune que cela pour des enfants nés au début du vingt et unième siècle. Toutefois, à l’ère des ordinateurs, des « Xbox » et autres jeux passifs du genre, il demeure étonnant à quel point tous les yeux s’illuminent quand un adulte leur raconte avec franchise et un langage adapté à leur âge, la façon dont l’homme fit ses premiers pas vers la conquête du ciel.

 

Passer d’autres messages

Et pourquoi ne pas en profiter pour passer d’autres messages véhiculés par certains grands de l’aviation? Ainsi furent-ils étonnés d’apprendre que des femmes célèbres furent des héroïnes à la conquête des nuages et que l’histoire retient surtout les noms de grands pilotes, non pas pour leurs qualités de navigateurs aériens, mais surtout pour ce qu’ils ont écrit, tant sur leur métier que sur le sens des valeurs qu’ils ont puisés dans l’exercice de leur dangereuse passion, celle de voler au-dessus des montagnes. Ainsi prennent tout leur sens les écrits suivants : « Le Petit Prince » de St-Exupéry et « Jonathan Livingston le goéland » de Richard Bach. « Tu es responsable de ta rose » dit le Petit Prince, faisant ainsi naître dans le coeur de son héros et surtout de ses lecteurs et lectrices, le sens des responsabilités envers les plus faibles, les plus démunis et surtout ceux envers qui nous avons engagé notre parole. Quant à Jonathan le goéland, ordinaire oiseau condamné à la survie dans les dépotoirs et les déchets de poisson, il aspire à plus, à mieux et il y parvient à force de ténacité, de volonté et envers et contre tous ceux qui voulaient le convaincre du contraire. Voler très haut était son rêve. Il y parvint au prix de sa vie, mais pour mieux découvrir qu’au-delà du corps, l’esprit règne et rend la matière à son image.
Vous croyez que c’est compliqué tout ça pour un enfant? — pas du tout. Il ne suffit que de regarder leurs yeux tout grands ouverts et les mains tendues pour poser des questions et puis tout à coup, vous réalisez que c’est nous, les adultes... qui n’avons rien compris.
Dans le même ordre d’idée, je termine le récit de cette semaine sur un court texte de l’auteur Richard Bach. Un texte que j’ai eu le bonheur de partager avec ces mêmes enfants dans cette classe d’une école des Îles de la Madeleine. Encore là, ils eurent le don de me surprendre.
Une question fondamentale
*Dans « Stranger to the ground » — (Cassell and C, Londres 1963), Richard Bach auteur de "Johathan Levingston le goéland et de “Illusion” ou le “Messie récalcitrant” publie ce texte alors qu'il est pilote de guerre en Allemagne, au plus fort de la “guerre froide” entre I 'URSS et les USA. La toute puissante Air Force américaine lui fera payer cher cette publication (son premier livre) puisqu'elle le démettra de ses fonctions et l'expulsera de I'armée de l'air, pour avoir osé émettre le genre de réflexion que voici.
Sabre
Plutôt que d’accepter de haïr ou même de demeurer indifférent à mon ennemi qui menace de l’autre côté du rideau de fer, bien malgré moi, j'ai compris qu’il est un homme. En quelques mois d'Europe, j'ai vécu avec des pilotes Allemands, Français, Norvégiens, Canadiens et Anglais. J’ai découvert avec surprise que les Américains ne sont pas les seuls au monde à piloter des avions pour l'amour du vol. J'ai appris que les pilotes de chasse parlent tous le même langage et comprennent toujours ce qui est sous-entendu entre eux. Quel que soit leur pays, ils affrontent les mêmes vents contraires et les mêmes tempêtes du ciel. Au fur et à mesure que les jours passent sans que la guerre éclate, je me demande si un pilote, parce qu’il vit sous un régime politique différent, peut être différent de tous les pilotes sous tous les régimes de la terre. Cet homme mystérieux, ce pilote Russe dont la vie et les pensées me sont inconnues, est dans mon esprit un homme comme moi qui pilote un avion armé de canons et de roquettes, non parce qu'il aime détruire, mais parce qu'il a l'amour de son avion et que hélas, on ne peut dissocier quand il y a la guerre, l’acte de tuer de celui de piloter un pur-sang à réaction. Et petit à petit, je commence à l’aimer, ce pilote de l'ennemi, d'autant plus qu’il m’est inconnu, que l'on me dit que je n'en ai pas le droit et que personne ne témoigne qu'il y a peut-être du bon en lui alors que tant de gens condamnent ses intentions. Si la guerre éclate en Europe, jamais je ne connaîtrai la vérité sur cet homme qui chevauche un avion frappé de l’étoile rouge. Si la guerre éclate, nous serons déchaînés l'un contre l'autre comme des loups affamés. Un ami mien, de mon univers, un ami patenté et non point un de ceux que j'imagine, tombera sous les coups de ce pilote. À cet instant, je serai dévoré par la malfaisance de la guerre et j’aurai perdu tous mes amis potentiels que sont les pilotes Russes. Je me réjouirai de leur mort, je serai fier de détruire leurs beaux avions avec mes roquettes et mes canons. Mais si je glisse dans la haine, je serai inévitablement un homme diminué. Si j'en suis fier, je ne mériterai pas qu'on soit fier de moi, car tuer cet ennemi sera le début de ma propre mort. Et tout cela m'attriste, dans cette nuit trop noire et trop belle pour qu’on puisse distinguer une étoile rouge de l'étoile blanche peinte sur mon avion.     Richard Bach
Mig 15
*La semaine prochaine, je terminerai le dernier texte de cette série «Histoire d’une passion» par le récit d’un premier saut libre en parachute.
Bonne semaine à toutes et à tous.
Georges Gaudet












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