lundi 30 mars 2015

Un pays en déroute

Par Georges Gaudet

georgesgaudet49@hotmail.com

« Diviser pour régner »

*La recette n’est pas jeune, même qu’elle existe probablement depuis les débuts de l’humanité et pourtant, elle demeure toujours tout aussi efficace. Alors, quand j’ai vu ce policier tirer à bout portant une grenade fumigène en pleine face d’une jeune fille sur un piquet de grève, je me suis dit que les choses n’avaient vraiment pas changé.

Tir Grenade

Si la scène s’était passée quelque part en Afrique ou en Arabie, nous aurions tous condamné ce geste, mais  comme cela s’est passé au Québec, nous entonnons tous en coeur: «elle n’avait qu’à ne pas être là»….sans aucun doute que le policier se sentait menacé.

Au début des années 60, la totalité de notre jeunesse voulait changer le monde. Finie la guerre au Vietnam, abolition des armes atomiques, la promesse d’un monde meilleur. Tiens, nous voulions même un nouveau pays qu’on aurait appelé le Québec. Aujourd’hui, le système a réussi à diviser les jeunes. Il y a ceux qui veulent être formés pour que le système les récompense et il y a ceux qui n’y voient rien de bon. Alors, comme tous les jeunes de toutes les générations, ils ne savent pas comment s’y prendre. Ils ruent dans les brancards, ils chahutent et ils se font ramasser. C’est David contre Goliath.

Condamné par une maladie qu’il appelait « le couloir de la mort », j’ai accompagné mon frère pendant les 6 derniers mois de sa vie. Un jour, il m’a dit : « Tu sais ce qui fait le plus mal quand on arrive à la fin? – c’est ce sentiment de réaliser qu’on nous a menti. On nous a menti sur toute la ligne, on a menti à nos parents, on a menti à nos grands-parents, on a menti à tout le monde. Il y a là un monstre, sans visage et sans forme qui est en train de détruire tout ce qui vit sur cette terre. » Bien sûr j’ai argumenté, mais ce fut peine perdue. Et puis un soir, à la suite de la mésaventure de cette jeune étudiante et alors que je pensais à mon frère, je suis tombé sur le documentaire suivant. J’ai transcrit le texte en français. Il est d’un jeune qui s’appelle Spencer Cathcart

Le mensonge que nous vivons

En ce moment, vous pouvez être n’importe où sur cette terre, en train de faire n’importe quoi. Au lieu d’être seul, assis devant un écran d’ordinateur, qu’est-ce qui vous empêche de faire ce que vous voulez vraiment, être où vous le voulez?

Tous les jours nous nous réveillons dans la même pièce et suivons les mêmes routines, pour vivre le même jour qu’hier. Pourtant, il fut un temps ou chaque journée était une nouvelle aventure. Quelque chose a changé. Avant, nos journées se vivaient plus librement, aujourd’hui, elles sont planifiées. Est-ce cela grandir, vieillir, être libres? – mais sommes-nous réellement libres? La nourriture, l’eau, la terre, tous ces éléments essentiels à notre survie sont la propriété de grandes entreprises. Il n’y a plus de nourriture pour nous dans les arbres, pas d’eau potable dans les sources, pas de terres pour construire nos maisons. Si vous essayez de prendre ce que la Terre vous donne, vous serez arrêté. Donc, nous obéissons aux règles. Nous découvrons le monde par le biais de livres. Pendant des années, nous avons été assis à avaler ce qu’on nous disait. Testés et gradués comme des sujets de laboratoires, élevés, non pas pour faire une différence dans le monde, mais élevés pour ne pas être différents. Assez éduqués pour bien faire notre travail, mais jamais pour savoir pourquoi nous le faisons. Ainsi, nous travaillons et travaillons, en n’ayant pas le temps de vivre la vie pour laquelle nous travaillons et ceci jusqu’au jour où nous sommes trop vieux pour faire notre travail. Et à ce moment, il ne reste plus qu’à mourir.

Nos enfants prennent alors notre place dans le jeu. Pour nous, nous sommes uniques, mais ensemble, nous ne sommes rien d’autre qu’un carburant. Le carburant qui donne le pouvoir à une élite. L’Élite qui se cache derrière les logos des entreprises. C’est leur monde. Et leur ressource la plus importante n’est pas dans le sol. Cette ressource, c’est nous. Nous construisons leurs villes, nous faisons fonctionner leurs machines, nous nous battons dans leurs guerres. Après tout, l’argent n’est pas ce qui les motive. Ce qui les motive, c’est le pouvoir. L’argent est simplement l’outil qu’ils utilisent pour nous contrôler. Un morceau de papier sur lequel on dépend pour se nourrir, se déplacer et se divertir. Ils nous donnent de l’argent et en retour nous leur donnons le monde. Où il y avait des arbres qui purifiaient l’air, il y a maintenant des usines qui l’empoisonnent. Où il y avait de l’eau à boire, il y a maintenant des déchets toxiques puants. Où il y avait des animaux libres de leur mouvement, il y a des usines agricoles où on les fait naître et mourir sans fin pour notre satisfaction. Plus d’un milliard d’humains sont affamés tandis que nous pourrions avoir suffisamment de nourriture pour tout le monde. Où est-ce que tout ça s’en va? — 70 % des céréales que nous produisons est utilisé pour engraisser les animaux que nous mangeons. Pourquoi aider les affamés? Les teneurs du pouvoir ne peuvent profiter d’eux. Ils leur sont inutiles. L’être humain est devenu comme une épidémie qui s’est répandue sur toute la terre, détruisant l’environnement qui lui permet de vivre. Nous voyons tout comme quelque chose à vendre, un objet à posséder. Mais qu’arrivera-t-il quand nous aurons pollué la dernière rivière, empoisonné la dernière bouffée d’air? – quand il n’y aura plus de pétrole pour le camion qui nous livre notre nourriture? – quand nous aurons réalisé que l’argent ne peut se manger et qu’il n’a plus de valeur? Nous ne détruisons pas la planète, nous détruisons toute la vie qu’il y a dessus. Tous les ans, des milliers d’espèces vivantes s’éteignent et le temps nous entraîne vers notre propre extinction. Si vous vivez en Amérique, il y a 41 % de chance que vous aurez un cancer. Les maladies cardiaques tuent un américain sur trois. Nous nous gavons de médicaments pour traiter ces problèmes, mais ces mêmes soins médicaux représentent la 3e cause de mort derrière le cancer et les maladies cardiaques. Nous nous faisons dire que tous les problèmes peuvent être résolus en donnant de l’argent aux scientifiques pour qu’ils découvrent de nouveaux médicaments. Mais les compagnies pharmaceutiques et les sociétés contre le cancer dépendent de notre souffrance pour faire du profit. Nous pensons que nous courrons pour aider la recherche à trouver un remède, mais en fait, nous fuyons la cause. Notre corps est le produit de ce que nous consommons et de la nourriture que nous mangeons, elle-même uniquement produite dans le but de générer des profits. Nous nous gavons de produits chimiques toxiques, la viande est infestée d’antibiotiques et de maladies, mais nous ne le voyons pas. Le petit groupe d’entreprises qui possèdent les grands médias ne le veut pas. Il nous submerge de fiction qu’on nous présente comme la réalité.

C’est drôle de penser qu’un jour, les humains ont cru que la Terre était le centre de l’univers. Mais encore aujourd’hui, nous nous considérons comme le centre de la Planète. Nous regardons notre technologie et disons que nous sommes les plus intelligents. Mais est-ce que construire des ordinateurs, des voitures et des usines illustre bien notre intelligence? – où est-ce que cela nous montre à quel point nous sommes devenus paresseux. Nous portons le masque de gens civilisés, mais quand nous l’enlevons, que sommes-nous? Nous oublions rapidement que c’est seulement au cours des cent dernières années que les femmes ont le droit de vote et que les noirs sont des êtres à part entière. Nous agissons comme si nous étions des êtres qui savent tout, mais il y a bien plus d’échecs et d’inconnus que le contraire. Nous marchons dans la rue en ignorant les petites choses. Les yeux qui fixent, les histoires partagées. Nous considérons tout comme faisant partie du décor. Peut-être nous craignons de ne pas être seuls, de faire partie d’un bien plus grand tableau. Hélas, nous échouons à créer des liens. Nous sommes d’accord pour tuer des cochons, des vaches, des poules et même des étrangers en pays étrangés, mais pas nos voisins, notre chien, notre chat, ceux que nous avons appris à aimer et comprendre. Nous considérons stupides les autres créatures, pourtant nous les prenons aussi en exemple pour justifier nos propres actions. Mais est-ce que tuer seulement parce que nous le pouvons, parce que nous l’avons toujours fait, rend cela bien? Ou est-ce que cela démontre que nous n’avons vraiment rien appris et que nous continuons à agir avec une agression primaire plutôt que de penser avec compassion? Un jour, cette sensation que nous appelons la vie nous quittera. Notre corps pourrira et nos objets de valeur ne seront plus que souvenirs. Par contre, les conséquences de nos actions que nous aurons prises hier resteront. La mort nous entoure constamment, mais elle reste si distante dans notre vie de tous les jours. Nous vivons dans un monde sur le point de s’écrouler. Les guerres de demain n’auront aucun gagnant. La violence ne sera jamais la réponse, elle détruira toute forme de solution. Si nous regardons tous nos désirs les plus profonds, nous verrons que nos rêves ne sont pas si différents. Nous partageons un but commun, le bonheur. Nous taillons en pièce le monde à la recherche de la jouissance, sans jamais regarder au fond de nous. Les humains les plus heureux sont souvent ceux qui possèdent le moins. Mais sommes-nous vraiment heureux avec nos (iPhone), nos grosses maisons, nos voitures de luxe? Nous devenons déconnectés, idéalisant des gens que nous n’avons jamais rencontrés. Nous voyons l’extraordinaire sur nos écrans, mais l’ordinaire partout ailleurs. Nous attendons que quelqu’un amène le changement, sans jamais penser à changer nous-mêmes. Les élections sont comme un jeu de pile ou face dont les deux côtés sont de la même médaille. Nous avons l’illusion d’un choix alors que nous choisissons nos dictateurs pour un nombre X d’années. Enfin, nous réalisons que les politiciens ne nous servent pas. Ils servent ceux qui ont financé leur pouvoir. Nous avons besoin de leaders, pas de politiciens, mais dans ce monde de suiveurs, nous avons oublié de nous diriger nous-mêmes.

Arrêtez d’attendre le changement et soyez le changement que vous voulez. Nous ne sommes pas arrivés à ce point en étant assis sur notre derrière. L’humanité n’a pas survécu grâce à notre rapidité ou à notre force, mais en raison du fait que certains ont appris à travailler ensemble. Nous avons maîtrisé l’art de tuer, maintenant, maîtrisons la joie de vivre.

Ce texte n’est pas à propos de sauver la planète. La Terre restera là, que nous y soyons ou pas. Elle y est là depuis des milliards d’années et nous, en tant qu’humains, sommes chanceux si nous atteignons 80 années. Nous sommes une fraction de seconde dans le temps de la terre, mais notre impact est éternel.

 Spencer Cathcart

Conclusion :

Extrait du commentaire du rédacteur de ce texte accompagné d’un document audiovisuel qui, pour des raisons inconnues, fut retiré d’un des grands réseaux sociaux.

*J’ai souvent rêvé que je vivais avant l’arrivée des ordinateurs, quand nous n’avions pas d’écrans pour nous distraire. Puis j’ai réalisé qu’il y avait une raison pourquoi aujourd’hui, était l’époque où je voulais vraiment vivre. Nous avons enfin une véritable opportunité comme jamais l’humanité n’a eue avant. Internet nous donne le pouvoir de partager un message auprès de millions d’êtres humains tout autour du monde. Pendant qu’il est encore temps, nous devons utiliser nos écrans pour nous rassembler plutôt que de nous isoler. Pour le meilleur ou pour le pire, la génération actuelle déterminera le futur de la vie sur cette planète. Elle pourra continuer de servir ce système de destruction massive jusqu’à ce que plus rien ne reste de notre existence ou elle peut encore se réveiller et réaliser que nous n’évoluons pas dans le bon sens. Nous n’avons que des écrans devant les yeux, donc, nous ne savons pas où nous allons. Ce moment présent est ce vers quoi, chaque pas, chaque respiration, chaque mort nous ont menés. Nous sommes le visage de tous ceux qui sont venus avant nous. Et maintenant, c’est notre tour. Nous pouvons choisir de créer notre propre chemin ou suivre la route que d’innombrables ont déjà pris. La vie n’est pas un film, le scénario n’est pas déjà écrit. Nous en sommes les auteurs, ceci est votre histoire, notre histoire, l’histoire de nous tous et toutes.

Bonne semaine à toutes et à tous.

* La totalité du documentaire de Spencer Cathcart peut être vu sur

https://www.youtube.com/watch?v=ipe6CMvW0Dg&sns=fb

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