lundi 27 avril 2015

Dit dans les journaux, nous pouvons maintenant oublier!!!

Par Georges Gaudet

georgesgaudet49@hotmail.com

Nous tournons tous en rond.

Midnight Express

*Ceux qui ont déjà vu le film « Midnight Express » se souviendront certainement de cette scène où tous les prisonniers tournent en cercle dans le même sens autour d’une muraille, alors que le personnage principal décide de tourner en sens contraire, foutant ainsi la pagaille dans la cour des prisonniers. Eh bien, j’ai comme l’impression qu’on en est rendus là en tant que peuple, nous les Québécois.

Des bains au noir à 20. $ dans des CHSLD

Je ne sais si cela se fait aux Îles, mais la nouvelle a eu l’effet d’une bombe au sein du monde politique sur la colline parlementaire à Québec. Les gens de la rue ont eu l’air surpris d’apprendre la nouvelle, moi pas! Ce qui m’a surpris cependant, c’est avec quelle rapidité on est passé sur le manque de moralité et d’éthique de cette pratique pour s’élancer tout de suite vers les enquêtes, promesses de correction de ce genre de pratique…etc. Comme disait l’autre, là où il y a l’homme, il y a de l’hommerie, mais cela n’excuse pas cette pratique pour autant. Qui dit CHSLD dit clientèle fragile, démunie et vulnérable. En un sens, elle se situe au même niveau que l’enfance, l’âge en plus. Alors, faut-il se surprendre que des gens sans scrupules profitent des besoins de cette clientèle pour empocher quelques dollars? – probablement, mais il y a pire que cela. Malheureusement, ce phénomène n’est que la pointe de l’iceberg. Cette pratique n’est que le reflet de l’échec d’un système et la profondeur du malaise qui ronge la société québécoise dans ses bases les plus profondes. L’Église n’étant plus la gardienne de la morale pour diverses raisons historiques et sociales, les enfants de Duplessis et les crimes sexuels dans les orphelinats et pensionnats en étant des exemples frappants; notre société vient de passer à une autre étape dans sa descente aux enfers. L’exemple vient de haut. Il n’est pas une semaine où un nouveau scandale n’éclate et ici, il ne s’agit pas de petites broutilles. Si le marchandage de services essentiels auprès de personnes âgées vulnérables en a scandalisé certains, que dire des accointances révélées au cours des dernières années de certains de nos politiciens? – que dire des révélations des diverses commissions d’enquêtes sur les allégations de corruptions commises à l’endroit des syndicats, des institutions politiques, des puissants ministères gouvernementaux? Que dire de la réaction du public? — Niet. Tout au plus, on trouve le courage d’accuser les journalistes de fouiller un peu trop dans toute cette merde, car personne ne souhaite ou ne veut entendre la vérité. Pourtant, cette réalité est bien là et à la vue de tout le monde.

C’est quoi le Québec?

C’est d’abord un territoire habité par 8 millions de personnes dont une majorité d’origine française, donc différent pour ne pas dire distinct des autres territoires Canadiens. Avec les années, ce peuple « distinct » s’est donné un pacte social ayant l’apparence d’une société plus juste et plus équitable pour la très grande majorité des citoyens. Hélas, en ayant voulu pousser plus loin sa liberté, il s’est heurté aux capitaux économiques et politiques des banques et de la classe dominante du pays dont il fait partie. Quand un peuple est trahi par ceux qui ont prétendu le protéger ou le faire grandir, quand un peuple se fait refuser la liberté d’affirmer son identité, quand un peuple majoritaire sur son territoire, mais terriblement minoritaire sur un continent se fait ramener à l’état de minorité dans les grands pouvoirs décisionnels, quand ce peuple majoritaire sur son territoire se fait traiter en minorité par presque toutes les minorités nouvellement arrivées chez lui, alors il devient moribond. Voilà ce qui arrive au Québec, voilà ce qui crée dans ses rangs, une minorité de morons prêts à tout pour s’emplir les poches avant que le bateau ne coule. Nous sommes devenus un peuple sans idéal, sans direction précise, sans projet de société à long terme. Nous sommes devenus un peuple d’administrés à la petite semaine, bourré de dettes personnelles et collectives, sans grandes ambitions et surtout obsédé par une question fondamentale : comment allons-nous nous en sortir? C’est ainsi que les scandales ne scandalisent plus et que le réflexe de se dire : « si j’étais à leur place, je ferais comme eux » devient la ligne de conduite d’une trop grande minorité, sinon une majorité.

Les résultats

Les résultats sont éloquents. Nos viaducs tombent parce qu’on a triché dans les recettes de ciment, nos routes ont l’air d’un champ de mines parce qu’on a triché dans l’épaisseur et la recette de l’asphalte, nos hôpitaux, nos écoles, nos universités, nos ponts, coûtent 20 % et 30 % plus cher qu’ailleurs parce qu’on a beurré épais sur les contrats alloués. Nos banques ont pignon sur rue dans tous les plus beaux paradis fiscaux de la terre, nos dirigeants syndicaux se sont fait photographier auprès des grands accusés de corruption et de collusion alors que notre premier ministre a déjà posé fièrement auprès de gens accusés de vol ou de fraude à l’échelle internationale. Dans le monde médical, notre lourdeur administrative, notre incapacité d’informatiser les dossiers de tous les patients de la province, même pour un prix trois fois supérieur à ce qui se pratique en d’autres provinces, fait de nous les champions de la dépense. Nous sommes un peuple champion de la désorganisation et extrêmement habile à multiplier les tâches inutiles pour se créer un salaire. Exemple : Au Québec, il y a 100 389 employés non soignants dans le réseau de la santé pour 8 millions d’habitants, alors qu’en Suède, pays hyper socialiste, il y a 36 460 employés non soignants pour 9,4 millions d’habitants. Ça, c’est trois fois moins et pourtant, c’est un modèle de bon fonctionnement là-bas, alors qu’ici….!

Le problème en est un de culture. Nous sommes devenus un peuple qui se dit : « Si nos dirigeants le font, pourquoi pas nous? » Le vieux slogan des radios des années 70 est plus vrai que jamais : « Tout l’monde le fait, fais-le donc » — tant et si bien que personne ne s’offusque de rien, tout le monde ou presque essaie de gagner le gros lot ou de tirer sa pitance en trichant. Les enquêteurs du BS, de l’assurance emploi tout comme ceux de l’impôt sont sur les dents et considèrent à priori que vous êtes coupable avant enquête parce qu’ils ne peuvent imaginer la chose autrement, d’autant plus qu’ils sont récompensés sur rendements fixés à l’avance. Nous sommes devenus une province et sous certains aspects un pays plus croche que deux vilebrequins soudés bout à bouts. Alors, pourquoi s’offusquer que des gens exigent 20. $ sous la table pour laver une personne placée dans un établissement public? Encore une fois, ceci étant dit ne rend pas la chose plus acceptable.

Tout le monde n’est pas d’même

Bien sûr, tout le monde n’est pas comme ça et heureusement d’ailleurs. Il faut voir le personnel des CHSLD dans leur quotidien pour se rendre compte du travail que ces gens accomplissent. Il faut voir le travail de ces bénévoles auprès de diverses associations vouées à contrer les pires maladies qu’on ne souhaite à personne. Il faut voir ces enseignants soudés à leur travail de préparation des jeunes pour un avenir qu’ils souhaitent meilleur que celui qu’on connaît actuellement. Il faut voir ces grands-parents passionnés qui tentent par tous les moyens de transmettre à leurs petits-enfants un minimum de sens des valeurs. Il faut voir tous ces passionnés de la politique qui ont encore le courage d’y croire malgré tout ce que les moyens modernes de communications nous révèlent aujourd’hui sur ce monde autrefois dominé par une élite formée depuis l’enfance. Il faut voir ces journalistes, qui au risque de leur vie, travaillent constamment à témoigner de ce monde pas toujours droit, afin qu’un éveil se fasse quelque part et qu’enfin, un début de paix et de justice règne sur cette planète. Il faut voir tous ces chercheurs scientifiques, qui jour après jour, travaillent et rêvent de la découverte qui va guérir une partie de l’humanité d’un cancer ou d’une maladie rare. Heureusement, il y a ceux et celles-là. Voilà qui permet de garder espoir. Les grandes révolutions ont débuté dans le cœur et la passion d’un seul homme, d’une seule femme, pour faire boule de neige et contribuer à changer un monde qui s’en allait en déroute. Comme le disait un sage : « La paix, tout comme la justice ne sont jamais acquises. Elles se construisent chaque jour.»

Pour les Québécois, il est peut-être grand temps de cesser de tourner toujours dans le même sens, un peu comme ces prisonniers dans le film Midnight Express. Il nous faut trouver celui ou celle qui aura la force et le courage… de tourner dans l’autre sens.

Bonne semaine à toutes et à tous

GG

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire