lundi 29 juin 2015

Un chemin qui va où?

Chemin de fer

Ces trois drapeaux qui me pèsent.

* Après demain, ce sera la fête du Canada. Dans ce pays qu’on dit le mien, je ne m’y sens toujours pas à l’aise. Certains me diront que c’est ma faute, mais je ne le crois pas vraiment. Il y a dans ce beau pays quelque chose de caché, malsain et mensonger. Sa nature n’en est aucunement responsable, mais les dirigeants qui l’habitent devraient y voir d’un peu plus près. Habité par un peuple aux racines dans chaque arbre de son territoire, deux autres peuples qu’on dit fondateurs, une multitude de cultures si différentes les unes des autres, tant il est difficile de ne pas s’étonner de la paix relative qui y règne, mais encore pour combien de temps? Ajoutons à cela le mensonge de l’existence de deux langues officielles dont l’une n’est que l’épine dans le pied de l’autre depuis quatre siècles, et vous avez géographiquement parlant, probablement le plus beau pays du monde, mais hélas, pas nécessairement les plus belles gens à sa tête politique.

Je suis Acadien, ça, c’est mon identité.

Je suis Québécois, ça, c’est mon choix.

Je suis Canadien, ça, c’est ce qu’on m’a dit d’être.

C’est donc dire que si je le souhaite, je peux me saouler trois fois par année, soit le 24 juin, journée où il pleut presque tout le temps, le 1er juillet, journée où il fait presque toujours beau et je ne sais toujours pas pourquoi et enfin, le 15 août, journée où il vente souvent à écorner les bœufs, un peu comme si l’on voulait chasser quelque chose.

Devant la galerie, j’avoue être fier de ces trois drapeaux. Il y a tant de gens sur cette terre qui n’en ont pas, alors que tous devraient avoir le droit d’en avoir un. Pourtant, lorsqu’on me demande lequel des trois je préfère, je réponds en fonction de celui qui me questionne.

drapeau acadien 

À L’Acadien, bien sûr je lui réponds que nous avons la même identité tricolore et l’étoile, mais de quel pays??? – je n’en sais rien. Sans doute le pays de l’éparpillement, le pays génocidé qu’on a gentiment appelé « le pays de la grande déportation. »

drapeau québécois 

Au Québécois, je lui dis : je ne te comprends pas. On t’a offert un pays tout neuf, sans déportation, sans guerre et en toute démocratie, et tu as dit NON… deux fois.

Au Canadien, je lui dis : je ne t’ai pas choisi, mais à cheval donné, on ne regarde pas la bride. Alors, je t’ai accepté. Après tout, tu n’es pas si mal. Il y a pire, bien pire, même s’il y a mieux aussi. J’ai porté tes couleurs, ton uniforme militaire et quand un jour on m’a dit : « Speak white you fuckin bastard », j’ai compris que pour me sentir chez moi, il fallait que je devienne toi. J’ai alors appris ta langue que j’ai peut-être aimée plus que toi. J’ai aimé ce pays et j’ai souhaité qu’un jour l’on puisse se rencontrer en tout respect de nos différences. Hélas! de plus en plus souvent, tu acceptes les différences de tous, sauf les miennes. Eh oui! J’ai la tête dure, je tiens à mes mots, à mes phrases pour le dire, pour te dire que quelque part, nous sommes des frères ennemis qui auraient tout intérêt à nous comprendre. Et comprendre l’autre, c’est le laisser assumer sa propre identité, sa liberté.

J’attends encore et je refuse de toujours avoir l’air d’un Acadien qui souhaite un Québec indépendant dans un Canada fort. Comprends alors que je n’y comprends rien.

Georges Gaudet

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