lundi 6 juillet 2015

Des larmes dans le sillage d’une croisière

CPT
* Une des choses fascinantes qu’apporte un séjour en croisière sur un navire demeure la rencontre des gens. Les paysages, la mer, les couleurs, les nouvelles perspectives et points de vues demeurent l’attraction principale sur les feuillets publicitaires, mais la chose la plus inattendue demeure encore la rencontre avec des gens. Certains peuvent être carrément désagréables, mais la plupart sont d’un intérêt surprenant. La promiscuité obligée à bord d’un navire, la mer et les paysages marins font souvent tomber les barrières entre les humains. Alors, se révèle l’âme véritable de certaines personnes et souvent de la manière la plus inattendue.

Pas vrai que les hommes ne pleurent pas
Nous sommes assis, ma compagne et moi, en face de lui. Les divans le long du couloir non loin de la cafétéria prêtent à la lecture, à l’admiration du paysage marin à travers les longues fenêtres ou tout simplement, au sommeil pour ceux qui ont passé une nuit un peu mouvementée.
Il lève les yeux de sa page de mots mystère et porte le regard sur nous. Un dialogue s’amorce alors qu’il est le premier à parler.
Je pesais 148 livres et depuis la mort de ma femme, il y a six mois de cela, j’ai descendu à 108 livres.
Il est vrai qu’il est plus que maigre. Dans les faits, il flotte dans un costume trop grand pour lui, une chemise bien propre mais flottant autour de ses bras et un collet et cravate qui semblent flotter autour de son cou. Il tremble un peu et l’on sent qu’il vit une grande solitude. Il commence par nous parler de son voyage aux Îles et surtout de l’ami formidable qui l’a accueilli. C’est un Madelinot qu’il a rencontré sur la grande terre et ils se sont liés d’amitié à travers un mouvement social que je devine et qu’il refuse de nommer. Sans le vouloir, nous apprenons vite qu’il est veuf depuis six mois, qu’il a d’abord été enseignant puis travailleur dans un chantier maritime et ensuite, travailleur dans la construction commerciale. Il a une maison avec 4 chambres en haut et une en bas, mais il ne veut pas louer, même s’il est totalement seul dans la vie. Son épouse a toujours travaillé comme préposée dans le domaine hospitalier. En juin, ils auraient fêté leur 40e anniversaire de mariage et puis là s’arrête le flot de paroles. Une gêne s’installe, il sort un mouchoir et sous ses lunettes, les larmes coulent abondamment. Il s’excuse alors que nous voudrions tellement le consoler. Je me lève et lui pose la main sur l’épaule. Je ne peux que lui exprimer toute notre sympathie et les larmes continuent de couler sur ses maigres joues. À travers les larmes quelques paroles flottent comme des indices douloureux.
- Ma femme venait à peine de prendre sa retraite. On se disait que c’était le temps de nous amuser un peu, mais cette maudite leucémie est venue la chercher comme ça, elle qui n’était jamais allée à l’hôpital. Je la posais ici, sur mon épaule et elle souffrait beaucoup. Elle ne méritait pas ça…et c’était tout ce que je pouvais faire.
Les larmes finirent par sécher et je me suis assis près de lui. Rien à dire, rien à faire en de pareilles rencontres. J’avais envie de pleurer avec lui, mais les sanglots se bloquaient dans ma gorge. Je serrai ses frêles épaules et lui tendit la main. C’est ainsi que nous nous sommes quittés alors qu’il nous dit tout spontanément :
- Merci, cela m’a fait du bien.
DSCN0575 
Et qui a dit que les hommes ne pleuraient pas?


 
Petit à côté :
OLYMPUS DIGITAL CAMERA
* Cette semaine eût lieu la passation de la propriété du journal local LE RADAR, l’hebdomadaire pour lequel j’ai travaillé et/ou collaboré en tant que journaliste, rédacteur en chef et chroniqueur pendant plus de 16 années. Ainsi, lors d’une rencontre entre les employés, l’ancien propriétaire fondateur, monsieur Achille Hubert et le nouveau patron du journal, monsieur Hugo Miousse, (graphiste depuis plus de 18 années à ce même journal), l’ensemble des gens présents à cette rencontre d’adieux eut droit à une description animalesque plutôt amusante. J’avoue que la description qu’on a faite de ma personne m’a plutôt plu. GEORGES (Pigeon voyageur). Il est curieux, chercheur et de nature très agréable. Il manie la plume comme celle de ses ailes afin de parcourir le monde et le faire découvrir aux autres… Merci Lucille (directrice des ressources humaines) pour ces gentilles paroles. Maintenant à la retraite, j’emporte avec moi ces belles paroles comme autant de souvenirs agréables.
 
Bonne semaine à toutes et à tous.
GG























Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire