dimanche 30 août 2015

Pensées et réflexions du capitaine Ti-Pit LaBarbotte.

 

Par Georges Gaudet

Capt mémoires

*Assis sur une chaloupe inversée, crayon sur l’oreille, il réfléchit sur l’univers qu’il a exploré. Ses navires furent sa demeure, la terre son jardin et la mer, son univers. À travers le temps et l’espace, il a découvert que son navire n’était autre chose qu’un monde en soi. Une copie conforme en plus petit de toute une galaxie. Un monde grand ou infiniment petit, peuplé de tout ce qui vit, s’amuse, travaille, souffre et meurt. Son journal de bord n’est pas que de parallèles et de méridiens, de nordet et de suroît, mais bien d’observations, de réflexions et de souvenirs. Ancré dans un havre, foulant une terre bienveillante, attaché à quai ou chevauchant les mers du globe, les vieilles feuilles de son livre de bord vous racontent au fil du vent et des courants, les images de sa mémoire, la profondeur de sa pensée.

Basse marée 

Un jour où il était ancré dans une lagune, ses bottes butèrent sur une vieille planche. Il y trouva alors matière à ce récit.

Le jour où j’ai soulevé cette planche pourrie enfouie dans le sol, j’ai compris que nous étions tous des fourmis. La reine, ses sujets, ses soldats, ses ouvrières s’agitèrent toutes sous la panique du moment. Je venais de bousculer leur univers. Et puis, après un certain temps, la colonie s’est réorganisée. La reine fut protégée par ses soldats prêts à mourir pour elle et les ouvrières se mirent à transporter des bouts de feuilles qui pour nous, les humains, auraient pu à notre échelle de grandeur, nous sembler comme des pans entiers de maisons.

Fourmis 

En un instant, j’ai compris que je venais d’être leur tremblement de terre, leur catastrophe.

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Et si à notre échelle, nos feux de forêts, nos tremblements de terre, nos tempêtes et nos guerres n’étaient que le dessous de notre planche pourrie soulevée par beaucoup plus puissant que nous? De l’infiniment petit à l’infiniment grand, quelle différence y a-t-il entre ce grand et ce petit, sinon que la valeur d’une mesure si insignifiante créée par nous, les humains?

La lumière d’une étoile qui m’apparaît est déjà vieille d’au moins 400 siècles. Quelle est sa nature véritable au moment où je la perçois? – une bulle de gaz, un soleil, une planète, une terre devenue comme la mienne, une planche pourrie cachant un tout autre univers, ou un monde peut-être semblable au mien. Si petits, si grands nous sommes et si ignorants et si longs à l’admettre! La planche pourrie protégeant tout un univers de fourmis, un lagon protégeant toute une flottille de la tempête, la terre protégeant toute une population d’humains. Et si nous n’étions dans cet univers qu’une colonie de fourmis dans l’immensité d’un simple jardin qui nous apparait comme un univers?

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Texte écrit au large de Rivière-au-Renard, Gaspésie, Québec.

GG

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